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ROUSCAILLER, verbe intrans.
A. − Pop., fam. Protester, manifester de la mauvaise humeur, du dépit et/ou du mécontentement. Synon. pop., fam. râler, rouspéter.La mâtine osait dire que ce n'était pas un suçon! Oui, elle appelait ça un bleu, tout simplement un bleu que Léonie lui avait fait en jouant. Il lui en donnerait des bleus, il l'empêcherait bien de rouscailler, lorsqu'il devrait lui casser les pattes (Zola,Assommoir, 1877, p. 723).Tu rouscailles? Deux heures d'exercice. Tu rouscailles encore? On t'en foutra six. Après ça, les gars sont sur les genoux (Sartre,Sursis, 1945, p. 327).
B. − Argot
1. Empl. trans.
a) Parler. Rouscailler bigorne. Parler argot. Ces coureurs qu'y enseignent le jargon, à rouscailler bigorne (Vidocq,Voleurs, t. 2, 1836, p. 355).
b) Quereller. Si je te tenois maudit barbouilleur de papier, je voudrois te rouscailler à la père Duchêne ([Lemaire],2eLet. bougrement patriotique du véritable père Duchêne,1790,p. 5 ds Quem. DDL t. 32).
2. Vieilli. ,,Faire l'amour`` (Cellard-Rey 1980).
REM.
Rousqui, rouski, subst. masc.,arg. ,,Réclamation bruyante`` (Esn. Poilu 1919). Faire du rousqui. ,,Faire des récriminations`` (Sandry-Carr. 1963).
Prononc.: [ʀuskaje], [-kɑ-], (il) rouscaille [-kaj], [-kɑ:j]. Lar. Lang. fr. [-ɑ-], Martinet-Walter 1973 [-a-], [-ɑ-] (13, 4). Étymol. et Hist. 1. a) 1628 « parler » (Le Jargon de l'arg. réformé ds Sain. Sources Arg. t. 1, p. 227), aussi rouscailler bigorne, p. 221, v. bigorne2; b) 1877 « protester » (Zola, loc. cit.); 2. 1823 « faire l'amour » (d'apr. Esn.). Comp. de rousser « grogner, gronder » (1611, Cotgr.), d'orig. onomat. et d'un *cailler « bavarder », cf. cailleter « id. » et caille1, caillette2« jeune femme bavarde ». Au sens 2, le mot a prob. été infl. par roussiner « id. » (1530, Palsgr., p. 745b), dér. de roussin1* et quailler « id. » (1752 d'apr. FEW t. 2, 2, p. 1386b), dér. de caille1* « femme légère ». Voir FEW t. 10, p. 489a, Esn. et Cellard-Rey.
DÉR. 1.
Rouscailleur, -euse, adj. et subst.a) Pop., fam. (Celui, celle) qui proteste. Synon. pop., fam. râleur, rouspéteur.En appos. Les fistots [« élèves de première année »] rouscailleurs que les Anciens font « culer » (Coindreau,Arg. Baille, 1957, p. 235).b) Arg. (Celui, celle) qui se livre au libertinage. Un vieux rouscailleur. Le teint framboisé (...) beau donneur d'accolades à l'outre, toujours prompt à casser la croûte, siffleur et chanteur d'ariettes, diseur de gaudrioles et de calembredaines usagées, trousseur de filles, gaillard au badinage et au pince-fesses, rouscailleur en diable (Arnoux,Juif Errant, 1931, p. 137). [ʀuskajœ:ʀ], [-kɑ-], fém. [-ø:z]. 1resattest. a) 1859 « débauché » (Larch., p. 93), b) 1899 « râleur » (d'apr. Esn.), de rouscailler, suff. -eur2*.
2.
Rouscaillure, subst. fém.,pop. Faire de la rouscaillure. Protester, se plaindre. Ça m'fait penser à un forestier qu'j'ai vu aussi, dit Volpatte, qui f'sait d'la rouscaillure rapport aux corvées qu'on l'obligeait (Barbusse,Feu, 1916, p. 129). [ʀuskajy:ʀ], [-kɑ-]. 1reattest. 1915 (d'apr. Esn.); de rouscailler, suff. -ure1*.
BBG. − Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 336.