| ROSSER, verbe trans. Vieilli A. − Frapper avec violence. Rosser son cheval, son domestique, sa femme. [Mon père] me sangle à coups de cravache, il me rosse à coups de canne sous le moindre prétexte (Vallès, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 202).J'avais raconté le lynchage affreux d'un très jeune parachutiste allemand au début de la guerre (...). Les paysans indignés l'avaient rossé, roué de coups de pelles et de râteaux jusqu'à ce que mort s'ensuive (Gide, Ainsi soit-il, 1951, p. 1177). − Empl. pronom. réciproque. Pour un petit écu ces gens-là se rosseront les uns les autres (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1810, p. 824). − Faire rosser qqn.Faire donner une correction à quelqu'un. Sors d'ici, ou je te fais rosser par mes gardes (Sartre, Mouches, 1943, II, 2etabl., 5, p. 72).Se faire rosser.La Double Gamelle, pleine d'histoires drôles, en apparence innocentes, mais où l'ennemi se faisait rosser comme le commissaire par Guignol (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 146). B. − [Le compl. d'obj. désigne un adversaire sur un champ de bataille ou en compétition sportive] Battre quelqu'un, remporter une victoire sur quelqu'un. Rosser les ennemis, l'équipe adverse. Il avait canoté, lui aussi (...). Il avait rossé en course plus d'un Anglais, jadis, à Joinville (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Partie camp., 1881, p. 375).Allez, nous ne sommes pas encore battus, c'est nous qui finirons bien par les rosser un jour, les Prussiens! (Zola, Débâcle, 1892, p. 49). REM. 1. Rossable, adj.,vieilli. Qui mérite d'être rossé. Je vous envoie donc, en surplus de la dédicace, une chaleureuse étreinte de mes deux mains qui ne sont pas encore, je vous prie de le croire, sur le point de tomber en pourriture, ainsi que de rossables individus voudraient se le persuader (Bloy, Journal, 1892, p. 60). 2. Rossade, subst. fém.,vieilli, synon. de rossée.Les candidats [aux élections roumaines] se font protéger par une escouade de mercenaires armés de gourdins (...) Il y a des rossades monstres dans les sections de vote (Morand, Bucarest, 1935, p. 266). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɔse], (il) rosse [ʀ
ɔs]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1165 roiscier « frapper, battre violemment » ([Chrétien de Troyes], Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 959); b) 1651 rosser « id. » (Scarron, Le Virgile travesti, VI, 260a ds Richardson); 2. 1772 « battre, vaincre quelqu'un dans une bataille » (Voltaire, Lett. à Catherine II, 14 janv. ds Littré). Du b. lat. *rustiare « battre », dér. de *rustia « gaule », lui-même dér. de rustum « ronce », att. par le corse rustu, le napolitain rusta « ronce » (FEW t. 10, p. 595b; André Bot., p. 277). Rosser est prob. issu de roissier sous l'infl. de rosse*, littéral. « traiter comme une rosse ». Fréq. abs. littér.: 148. Bbg. Thomas (A.) Mél. Etymol.2, pp. 174-175. |