| ROSE1, subst. fém. I. − BOTANIQUE A. − Fleur du rosier, de la famille des Rosacées, généralement odoriférante, dont l'espèce type comporte un calice ovale ou arrondi, une corolle de cinq pétales d'un rouge très pâle à l'origine, de nombreuses étamines, et dont on a tiré d'innombrables variétés quant aux formes et aux coloris. Rose en bouton, fanée, flétrie; rose cultivée, sauvage; rose simple, double; roses grimpantes, en buisson; épine(s), feuille(s), pétale(s) de rose; bouquet, couronne, guirlande de roses; odeur, parfum de roses; porter une rose à la boutonnière, à la main. Il pétrit la fleur dans ses puissantes petites mains, lui arracha des pétales, rebordés et sanguins (...) [ma mère] applaudissait, des yeux et de la voix, au massacre de la rose (Colette, Sido, 1929, p. 46): 1. C'est fini des belles grosses roses bourgeoises, bien portantes, à la façon de la baronne Prévost. Aujourd'hui, l'horticulture cherche la rose alanguie, aux feuilles floches et tombantes. Dans ce genre est exposée une merveille: la rose appelée Madame Cornelissen, une rose à l'enroulement lâche, au tuyautage desserré, au contournement mourant, une rose où il y a dans le dessin comme l'évanouissement d'une syncope, une rose névrosée, la rose décadente des vieux siècles.
Goncourt, Journal, 1887, p. 679. − [Variétés de roses] Rose blanche, jaune, rouge; rose de(s) chien(s) (synon. églantine); rose à cent feuilles; rose de Damas, de Provins, de Syrie. Il y avait deux espèces de roses fourmillantes et odorantes; les roses rouges débordant le mur de la terrasse (...); les autres blanches minuscules poussaient sur un petit arbre (Jouve, Paulina, 1925, p. 214).Ses mains étaient encombrées de roses de Bengale, que nous lui avions offertes une par une, selon l'usage de la famille (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 177). ♦ En compos. Rose-mousse. Synon. de rose mousseuse (v. mousseux1A en partic.).Elle voudrait voir partir son mari sous les fleurs (...)! Vous qui avez de si belles roses-mousse, Madame Colette... − Mes roses-mousse! Quelle horreur! Sur un mort! (Colette, Sido, 1929, p. 45).Rose-thé. Rose d'un ocre pâle. Les lierres, les clématites et les roses-thé qui s'enchevêtraient sur les murs (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 289). ♦ Rose pompon*. − P. métaph. À chaque battement de ton cœur, le mien te verse ses trésors, j'effeuille sur toi toutes les roses de mon âme comme les enfants les sèment devant l'autel au jour de la fête de Dieu (Balzac, Contrat mar., 1835, p. 330).Les roses heureuses de l'adolescence (Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p. 182). B. − [Utilisations de la rose] 1. ALIM. Confiture, conserves de roses, ratafia de roses. Les confitures, qui étaient du sorbet à la rose, n'obtinrent qu'un succès d'estime (About, Roi mont., 1857, p. 86). 2. PARFUMERIE, PHARM. Distillation de pétales de roses; pommade à la rose; huile de rose(s); sirop de roses pâles. Bien des cavaliers vendent leur manteau pour en jouer le prix, moi, je troquerais le mien contre un flacon d'essence de roses (Borel, Champavert, 1833, p. 238). − Eau* de rose. Loc. fig. À l'eau* de rose. − Pot aux roses. Récipient contenant de l'essence de roses. (Ds Littré). Loc. fig. Découvrir* le pot aux roses. C. − [Représentations de la rose] 1. DÉCOR., PEINT. Roses en papier, en satin, en soie. Des roses peintes par Elstir, Proust disait déjà qu'elles étaient une « variété nouvelle dont ce peintre, comme un ingénieux horticulteur, avait enrichi la famille des roses » (Bachelard, Poét. espace, 1957, pp. 15-16). 2. RELIG. Rose d'or. Bijou en or représentant une rose, béni par le pape le 4edimanche de carême et envoyée, en certaines circonstances, à un souverain ou une souveraine catholique. Vous lui avez donné la rose d'or, suprême honneur que le Saint-Siège n'accorde qu'à ses enfants insignes (Montherl., Malatesta, 1946, ii, 4, p. 471). D. − [Symbolisme de la rose] ,,Remarquable par sa beauté, sa forme et son parfum, la rose est la fleur symbolique la plus employée en Occident (...). Elle désigne une perfection achevée, un accomplissement sans défaut (...). Elle symbolise la coupe de vie, l'âme, le cœur, l'amour (...) la renaissance mystique`` (Symboles 1969). L'éternelle aventure de l'Adonis universel, de cette rose du monde qui se flétrit et refleurit sans cesse (A. France, Livre ami, 1885, p. 312): 2. La rose est comme le plaisir, son charme est le délire d'un moment (...). La rose commande le plaisir, elle convient à la joie, elle peut fleurir dans nos jardins. (...). La rose est connue des voluptueux...
Senancour, Rêveries, 1799, p. 101. 1. Spécialement a) HISTOIRE
α) La guerre des Deux-Roses, la guerre de la Rose rouge et de la Rose blanche. Au xves., guerre civile entre la maison de Lancastre (symbolisée par une rose rouge) et la maison d'York (symbolisée par une rose blanche), qui se disputaient la possession de la couronne d'Angleterre. J'ai analysé (...), sur le tableau de l'Angleterre, la fameuse guerre de la Rose rouge et de la Rose blanche (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 371). « ... Qu'est-ce que c'était que la guerre des Deux-Roses! » Pan! collée du premier coup! Je ne sais pas quinze mots sur la guerre des Deux-Roses (Colette, Cl. école, 1900, p. 221).
β) HIST. CONTEMP., POL. La rose (au poing). Emblème, symbole du parti socialiste français. Le bonheur et l'orgueil naturels qui éclatent, depuis dimanche, dans le parti de la rose ne masqueront pas longtemps que cette élection fut, si l'on peut dire, plus perdue par les uns que gagnée par les autres (Le Point, 11 mai 1981, p. 59, col. 1-2). b) LITT. MÉDIÉV. Le Roman de la Rose. Poème allégorique du xiiies., en deux parties, dont la première fut composée par Guillaume de Lorris, et la seconde par Jean de Meung. [Le] roman philosophique, satirique ou allégorique comme le Roman de la Rose ou le Roman de Renart (Civilis. écr., 1939, p. 30-3). c) MUS. Le Chevalier à la Rose.
Œuvre lyrique, en trois actes de Richard Strauss. Le succès du Chevalier à la Rose (der Rosenkavalier) créé à Dresde le 26 janvier 1911 devait dépasser encore celui des deux ouvrages précédents (Dumesnil, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 170). 2. [P. réf. à certaines qualités propres à la rose] a) [P. réf. à la couleur de la rose, traditionnellement d'un rouge pâle et délicat] Les roses du teint; lèvres, visage de rose; bois* de rose (ébénist.). Luce, légère comme un angora blanc, gentille avec ses boucles molles et mobiles, son teint de rose fraîche (Colette, Cl. école, 1900, p. 286). − Loc. métaph. ♦ L'aurore aux doigts de rose(s). V. doigt I A 1. ♦ Teint de lis et de roses. V. lis A 2 en fonction de déterm. ♦ Être frais comme une rose. Avoir une mine reposée, resplendissante. Le jeune seigneur est aussi vivant (...) que vous et moi. Il est frais comme une rose (A. France, Balth., Abeille, 1889, p. 269). ♦ Voir (la vie, les choses...) couleur de rose(s). Voir tout sous un aspect agréable, gai. Vous ne connaissez pas ces pénibles incertitudes, Monsieur. La vie est couleur de rose pour vous (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1836, p. 72). b) [P. réf. à l'odeur suave de la rose] Ne pas sentir la rose. Sentir (très) mauvais. Ah! triste chose que l'humanité. Incarcérée, elle ne sent pas la rose. Dehors, libérée, elle emboucane, elle fouette à vomir (Arnoux, Algorithme, 1948, p. 221). c) [P. réf. à l'agrément, au plaisir que procure la rose] Avec la chère certitude que me donne votre lettre, tous les malheurs de ma vie me semblent des roses, et je puis sourire à bien des martyres (Balzac, Lettres Étr., t. 2, 1842, p. 30). − Loc. métaph. Être (couché) sur des roses, sur un lit* de roses. Être dans une situation confortable, agréable. [Les contemporains de Schiller] ne manquent pas de lui dire à leurs manières, sous toutes les formes: Et moi donc, suis-je sur des roses? (Quinet, All. et Ital., 1836, p. 33). ♦ P. antiphr. Vieilli. Être sur les roses. Être dans une situation inconfortable, déplaisante. (Ds Rey-Chantr. Expr. 1979). Fam. Envoyer (qqn) sur les roses. Envoyer promener, se débarrasser de (quelqu'un). Mon excuse est de n'avoir pas fait de philo, alors ces choses m'amusent, mais je n'ai personne avec qui en parler, on m'envoie vite fait sur les roses (Cavanna, Les Yeux plus grands que le ventre, Paris, P. Belfond, 1983, p. 228). ♦ Jeter des roses sur (qqc.); joncher, semer (qqc.) de roses. Rendre (quelque chose) plus facile, plus supportable. Tous deux ils s'endormirent dans le même rêve, et Charles commença dès lors à jeter quelques roses sur son deuil (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 163).L'existence des musiciens d'orchestre est donc semée d'à peu près autant de roses que celle des artistes des chœurs (Berlioz, Grotesques mus., 1869, p. 12). ♦ Tout n'est pas roses (vieilli). Tout n'est pas plaisant, séduisant. Nous régnerons, va, mon mignon! Mais tout ne sera pas roses pour nous jusqu'au moment où nous ferons nos volontés! il n'y a rien de si difficile pour un roi que de régner! (Balzac, Martyr calv., 1841, p. 131). − Loc. proverbiales ♦ C'est la plus belle rose de son chapeau (vieilli). V. chapeau B 3 a. ♦ Il n'est point de (si belle) rose qui ne devienne gratte-cul* (vieilli). ♦ Il n'y a pas de roses sans épines. V. épine C 1 b. ♦ Le chardon gagne à fréquenter la rose. Un caractère désagréable s'améliore au contact d'une personne aimable. Nous causerons, nous rirons, et ensuite nous irons goûter la bière de mars; cela te convient-il? − Soit, fit David, j'y consens, le chardon gagne toujours à fréquenter la rose (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 141). d) [P. réf. à la floraison, à l'épanouissement, puis à la flétrissure de la rose]
α) [P. allus. au poème de Ronsard: « Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie »] Dans un cont. métaph.Agréments, plaisirs (éphémères) qu'offre la vie. Le temps fane en vain les roses sur nos têtes; Le temps éteint toutes les fêtes (Desb.-Valm., Élégies, 1833, p. 164).
β) [P. allus. au poème de Malherbe: « Et rose elle a vécu ce que vivent les roses... »] La femme dans l'éclat de sa jeunesse, de sa beauté. Couché entre ces jeunes filles, la plénitude de ce que j'éprouvais (...) débordait de mon immobilité et de mon silence, en flots de bonheur dont le clapotis venait mourir aux pieds de ces jeunes roses (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 910). e) [La rose (partic. la rose blanche), symbole de pureté]
α) Fam. Virginité. Cueillir la rose d'une jeune fille; perdre sa rose. On avait surpris dans son pupitre, entre les feuilles de l'atlas, Julie ou comment j'ai sauvé ma rose, le livre licencieux prêté par Édouard (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 200).Voir France 1907.
β) RELIG. CATH. Rose mystique. ,,Un des titres donnés à la Vierge Marie par ses Litanies`` (Foi t. 1 1968). [Raphaël] l'a revêtue [la Madone] de toutes les délicieuses perfections que lui prêtent les litanies: Étoile du matin, Rose mystique, Porte d'ivoire (Gautier, Guide Louvre, 1872, p. 33). II. − P. anal. (d'aspect) A. − BOT. [Sert à désigner diverses fleurs évoquant plus ou moins la rose] Laurier-rose*. Passe-rose*. Rose trémière* ou primerose*. 1. [Rose + subst. indiquant l'aspect, la couleur]Rose rubis. Variété de renonculacée. (Ds Littré). Rose pivoine. Pivoine. (Ds Quillet 1965). 2. [Rose + de + subst. indiquant un lieu] ♦ Rose des Alpes. Variété de rhododendron. (Ds Littré). ♦ Rose de Cayenne. Variété d'hibiscus. Synon. ketmie changeante. (Ds Quillet 1965). ♦ Rose de Chine. Variété d'hibiscus. Pécuchet se procura le lilas des Indes, la rose de Chine et l'eucalyptus (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 33). ♦ Rose de Gueldre. Viorne ou boule de neige. (Ds Baillon t. 3 1891, Littré, Quillet 1965). ♦ Rose d'Inde. Tagète ou œillet d'Inde (d'apr. Gressent, Créat. parcs et jardins, 1891, p. 949). ♦ Rose du Japon. Camélia. Nous avons vu, en simple couronne fixée au bas de la forme d'un chapeau de paille à bords entiers, une mosaïque de roses. On y avait mêlé la rose du Japon, la rose mousse, la rose à cent feuilles (Obs. modes, t. 9, 15sept. 1823, p. 408). ♦ Rose de Jéricho (ou des sables). Genre de Cruciféracée. Synon. anastatique1.C'est là que des moines (...) apportent − pour le commerce des reliques − les morceaux de la vraie croix (...) les roses de Jéricho, arides et ligneuses (A. Daudet, Rois en exil, 1879, p. 71). ♦ Rose de Sibérie. Variété de rhododendron. (Ds Baillon t. 3 1891, Quillet 1965). 3. [Rose + de + subst. indiquant une période de l'année]Rose de Noël, rose d'hiver. Ellébore noir. Avançons lentement dans ce sombre mois de décembre. Il pleut. J'attends les roses de Noël (J. Bousquet, Trad. du sil., 1935, p. 19). B. − Spéc. [Sert à désigner divers objets, produits de la nature ou réalisations humaines, dont l'aspect rappelle plus ou moins celui de la rose] 1. ARTS et INDUSTR. a) ARCHIT., DÉCOR.
α) Petit ornement circulaire placé sous les plafonds des corniches ou sur le tailloir des chapiteaux corinthiens (d'apr. Jossier 1881, Havard 1890).
β) Grand vitrail, ensemble de vitraux de forme circulaire décorant le portail ou le transept d'une église. Synon. usuel rosace.Ces belles roses (fenêtres rondes garnies de brillants vitraux cramoisis, verts, bleus) (...) n'étaient encore, lorsqu'on bâtit Saint-Étienne de Nevers, qu'un petit œil-de-bœuf fort étroit (Stendhal, Mém. touriste, t. 1, 1838, p. 38).C'est dans les provinces de l'Île-de-France et de la Champagne que les roses ont le plus d'étendue et sont composées avec le plus de savoir et de goût. Cependant on ne saurait passer sous silence les belles roses de la cathédrale de Chartres, qui datent de la première moitié du XIIIesiècle, et qui sont si remarquables par leur style et leur exécution (Viollet1875).
γ) Rose de compartiment. ,,Ornement formé au milieu d'un pavé de marbre ou d'un parquet de menuiserie, et entouré d'une figure circulaire`` (Ac. 1835-1935). b) INDUSTR. TEXT.
α) Grande rose. Linge damassé fabriqué en Flandre et en Basse-Normandie (d'apr. Mots rares 1965; ds Lar. 19eet dict. xxes.).
β) Marque ronde qui était laissée par le teinturier à l'extrémité de l'étoffe, pour indiquer les couleurs ayant servi de fond. (Dict. xixeet xxes.). c) JOAILL. En rose. Dont la taille présente une partie supérieure facettée et une partie inférieure plate. P. méton. Le diamant ainsi taillé. Voir Catal. jouets (Louvre), 1936. d) MARINE ♦ Rose du gouvernail. Partie des ferrures du gouvernail. (Ds Lar. 19e-Lar. Lang. fr.). ♦ Rose des vents. Étoile placée sur le compas, sur le cadran d'une boussole, sur une carte marine, et représentant les trente-deux divisions de la circonférence correspondant aux trente-deux aires de vent. La boussole devenait pratiquement utilisable et, équipée d'une rose des vents divisée en 32 rumbs, était transformée en un compas qui allait changer du tout au tout les conditions de la navigation (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p. 139). e) MUS. Ouverture circulaire située au centre de la table d'harmonie de certains instruments à cordes (guitare, luth, mandoline, etc.). Une de ses particularités [d'une viole] était la perce d'une rose dans la table, au centre, entre les deux ouïes (BrenetMus.1926, p. 475).Voir Schaeffner, Orig. instrum. mus., 1936, p. 7. 2. SCIENCES a) ASTRON., GÉOGR. Rose des vents. ,,À une station et pour une période données, diagramme étoilé indiquant les fréquences relatives des diverses directions du vent, en tenant compte, éventuellement, de groupes de vitesses du vent`` (Hydrol. 1978). b) HÉRALD. Fleur stylisée de l'écu, comportant cinq pétales arrondis et un bouton central, et dont l'émail est généralement de gueules. Dès que Morel eut ouvert le cachet: Atavis et armis, chargé d'un léopard accompagné de deux roses de gueules, il se mit à lire (Proust, Sodome, 1922, p. 1066). c) MINÉRALOGIE ♦ Rose de pierres. ,,Concentration superficielle de pierres de quelques décimètres de diamètre, formées de fragments aplatis redressés et disposés concentriquement autour d'un caillou (...) ou d'un petit bloc`` (Géomorphol. 1979). ♦ Rose des sables, du désert. ,,Association de cristaux de gypse lenticulaires disposés comme les pétales d'une rose [qui] se forment par remontée et évaporation d'eaux minéralisées, surtout en Afrique du Nord`` (De Mich. 1972). Le gypse se présente aussi en masses fibreuses, saccharoïdes et concrétionnées (roses des sables) (J. Aubouin, R. Brousse, J.-P. Lehman, Précis de géol., 1 Pétrol., 1975, p. 105). Prononc. et Orth.: [ʀo:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1140 « fleur du rosier » (Pélerinage Charlemagne, éd. G. Favati, 266); 2. 1360 rose d'outremer (Invent. d'Anjou, n o515 ds Gay t. 2); xives. roses sauvages « églantines » (Moamin, éd. H. Tjerneld, IV, 33, 4); 1562 rose de Jericho (A. Du Pinet, Hist. du monde, t. 2, p. 334); 1660 rose d'Inde (Oudin Fr.-Esp.); 1803 rose de Noël (Boiste); 1823 rose du Japon « camélia » (ibid.); 1842 rose d'hiver (Ac. Compl.); 3. 1552 fig. un front de rose (Ronsard, Amours, éd. P. Laumonier, t. 4, p. 21); 1557 teint de rose (O. de Magny, Souspirs, éd. Courbet, p. 24); 1685 l'Aurore aux doigts de rose, cf. le gr. homérique η
̃
μ
ο
ς
δ'η
̓
ρ
ι
γ
ε
́
ν
ε
ι
α
φ
α
́
ν
η
ρ
̔
ο
δ
ο
δ
α
́
κ
τ
υ
λ
ο
ς (La Fontaine, Le Remède ds Contes, éd. G. Couton, p. 368); 4. 1228 eve rose (Jean Renart, Guillaume de Dole, éd. F. Lecoy, 4265); ca 1393 eaue rose (Ménagier, II, 252 ds T.-L.); ca 1480 eau de rose (Mist. Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 40012); 1739 fig. (Voltaire, Lettre au pr. roy. de Pr., 1erjuin ds Littré: c'est une pièce toute d'amour, toute distillée à l'eau rose des dames françaises); 5. 1694 bois de rose (Corneille); 1909 id. adj. « couleur » (La Mode illustrée, 28 nov., p. 576a ds Quem. DDL t. 16). B. 1. 1461 se baigner en roses « éprouver un vif plaisir » (Georges Chastellain, Chroniques ducs de Bourgogne, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 154); 2. 1578 les roses de la vie « ses plaisirs, ses charmes » (Ronsard, Second livre des Sonnets pour Hélène, éd. M. Smith, p. 148); 3. 1626 cueillir la rose « prendre la virginité d'une fille » (Sorel, Francion, éd. E. Roy, t. 3, p. 179); 4. 1611 nulle rose sans épine (Cotgr.); 1651 il n'est point roze sans epine (Scarron, Virgile travesty, l. VI, p. 122); 5. 1640 c'est la plus belle rose de son chapeau « le plus grand honneur, le plus grand avantage » (Oudin Curiositez); 6. 1666 être sur un lit de roses (La Fontaine, Oraison de St Julien ds Contes, p. 82); 1844 être sur des roses (Balzac, Paysans, p. 98); 1961 envoyer qqn sur les roses « éconduire » (J. Cau, Pitié de Dieu, Paris, Gallimard, p. 28); 7. 1801 voir tout couleur de rose « tout considérer avec optimisme » (E. Despréaux, in Les Dîners du Vaudeville, n o47, thermidor an 9, p. 24 ds Quem. DDL t. 19). C. 1. 1380 « ornement en forme de la fleur » (Invent. de Charles V ds Havard 1890); id. rose d'or (ibid. ds Laborde); 2. 1634 rose « étoile à 32 divisions représentée sur une boussole, des cartes marines » (E. Cleirac, Explic. des termes de marine ds Jal); 1678 rose des vents (Guillet, 3epart.); 3. 1689 « marque ronde que le teinturier laisse au bout de l'étoffe » (Règlem. sur les manuf., Teinturiers en laine, art. 34 ds Littré); 4. 1690 « baie circulaire garnie de vitraux dans une église » (Fur.); 5. 1723 grande rose « linge damassé fabriqué en Flandre et en Normandie » (Savary t. 1, p. 546); 6. id. diamant en rose (ibid., p. 1694); 1740 diamant rose (Ac.); 1752 « diamant taillé par dessus en facettes et plat en dessous » (Trév. Suppl.); 7. 1736 rose du gouvernail « femelot des ferrures du gouvernail » (Aubin); 8. 1923 rose des sables (Lar. univ.). Empr. au lat.rosa « rose (fleur), rosier ». Bbg. Archit. 1972, p. 78. − Lommatzsch (E.). Blumen und Früchte im altfranzösischen Wörterbuch. In: [Mél. Wilhelm (J.)]. Z. fr. Spr. Lit. 1966, t. 76, pp. 314-320. − Quem. DDL t. 19. − Spitzer (L.). Fleur et rose, synon. par position hiérarchique. In: [Mél. Menendez Pidal]. Madrid, 1950, pp. 135-155. |