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ROSACE, subst. fém.
A. − Figure symétrique, formée de courbes inscrites dans un cercle à partir d'un point ou bouton central, ayant plus ou moins la forme d'une rose ou d'une étoile stylisée, et utilisée comme motif de décoration. Rosace à cinq branches; dessiner, tracer une rosace. On n'entendait dans la salle que le couteau de Prosper, très appliqué à orner de losanges et de rosaces le manche de cornouiller (Zola, Débâcle, 1892, p. 516).C'était cette délectation, étant enfant, de déployer et de couper pour la première fois les grandes feuilles vives, jaunes, vertes et rouges qui servaient à faire les petites rosaces qu'on appelait des « travaux manuels » (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1907, p. 127).
− P. métaph. Nous vivons au milieu d'une rosace de circonstances dont l'infirmité humaine nous empêche d'embrasser d'un coup d'œil le dessin total (Cocteau, Crit. indir., 1932, p. 117).
B. − P. anal. (d'aspect). Une ronde toile d'araignée (...) inscrivait avec goût sa rosace délicate dans l'ogive de la lucarne, et au centre de laquelle l'insecte architecte se tenait immobile comme le moyeu de cette roue de dentelle (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 307).
1. ARCHIT., DÉCOR.
a) Ornement, moulure affectant cette forme, et que l'on utilise principalement en architecture pour décorer les caissons de plafond, les voûtes, et en menuiserie pour orner un meuble. Synon. rose1.Quand elles [ces tables] sont faites par un ébéniste, il fait tout autour du plateau un encadrement et au centre une rosace en placage (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 75).
b) Grand vitrail, ensemble de vitraux de forme circulaire décorant une église. Synon. rose1.Ma fenêtre se trouvait au niveau et fort près de ces grandes rosaces gothiques qui sont à mi-hauteur des tours de la cathédrale (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 209).
c) Rondelle de métal décorée, utilisée pour dissimuler la tête d'un clou apparent supportant un cadre, un miroir, etc. (d'apr. Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 2, 1928, p. 132). Ces clous, qui devinrent extrêmement luxueux, reposaient souvent sur des rosaces plus ou moins richement travaillées (Fillon, Serrurier, 1942, p. 12).
2. COUT. Motif de broderie, de dentelle. (Ds Rob., Lar. Lang. fr.).
3. INFORMAT., MÉCANOGR. Rosace (d'impression). ,,Roue plane [d'une machine à écrire, d'une imprimante] comportant une partie centrale d'où partent des pétales dont les extrémités portent un caractère en relief`` (Virg. Micro-informat. 1984). Synon. marguerite.
4. MÉD. Corps en rosace. ,,Stade évolutif de l'hématozoaire du paludisme, précédant l'éclatement du globule rouge parasité`` (Lar. Méd. t. 3 1972). Voir Brumpt, Parasitol., 1910, p. 47.
5. MUS. Ouverture circulaire, généralement ornementée, située au centre de la table d'harmonie du clavecin, du luth, de la guitare, de la viole, etc. Synon. rose1, rosette.Les grandes violes anciennes ont avec les ouïes une rosace découpée à jour vers l'extrémité de la touche (BrenetMus.1926, p. 476).
6. TÉLÉCOMM. ,,Commutateur en usage dans les bureaux centraux télégraphiques peu importants, et qui se compose, généralement, d'un plateau en bois dur, évidé au centre, sur lequel les bornes d'attache correspondant aux divers appareils du bureau central sont disposées en cercle`` (Lar. encyclop.). L'appareil téléphonique se compose d'une rosace en bois sur laquelle est fixé un bouton de sonnerie ordinaire (A. Leclerc, Télégr. et téléph., 1924, p. 268).
Prononc. et Orth.: [ʀozas]. Ac. 1762: rosasse ou roson; 1798: rosace ou roson; dep. 1835: rosace. Étymol. et Hist. 1. 1546 « ornement d'architecture en forme de rose » (J. Martin, trad. F. Colonna, Discours du songe de Poliphile, f o71 r ods Quem. DDL t. 12); 1832 « ensemble de vitraux disposés en forme de grande rose dans une église » (Hugo, N.-D. Paris, p. 126); 2. 1820 « motif de broderie ou de dentelle » (Obs. modes, t. 6, p. 160); 3. 1904 « sorte d'agrafe ornée décorant le clou apparent auquel on suspend un tableau » (Nouv. Lar. ill.); 4. 1926 « ouverture circulaire au centre de la table d'harmonie de certains instruments » (Bouasse, Cordes et membranes, p. 348). Dér. de rose1*; suff. -ace*, d'apr. le lat. rosaceus « de rose ». Fréq. abs. littér.: 184.