| ROGUE1, adj. [En parlant d'une pers.] Qui manifeste envers autrui de la morgue, du dédain, du mépris. Synon. dédaigneux, hautain, méprisant.À l'Académie de France, dans ce beau salon aux tapisseries de De Troy, dans ce milieu charmant d'un palais italien à la Fragonard, on voit messieurs les élèves de Rome, tristes, rogues, boutonnés dans leur habit noir, cachant leur gêne du monde sous une dignité endimanchée (Goncourt, Journal, 1867, p. 338).Christophe était surpris de cette inertie: ces êtres rogues et engourdis ressemblaient si peu aux Français qu'il imaginait! (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 644).− [P. méton.] Qui témoigne de cette attitude. Air, ton, voix rogue. L'institutrice était d'un caractère si rogue, fantasque et brutal, elle malmenait tellement l'enfant qu'on la remercie; elle s'en va (Flaub., Corresp., 1853, p. 265).Familier, oui, blagueur à l'occasion; mais plus encore que ses rogues manières, on redoutait la bonhomie pateline et froide dont il s'accoutrait quelquefois (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 24). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɔg]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1180 rogre « agressif, ragaillardi » (Hue de Rotelande, Ypomedon, éd. A. J. Holden, 6177); 2. 1269-78 « hautain » (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 11600); 3. 1567 [éd.] maintien rogue (J. A. de Baïf, Le Brave, IV, 2, Paris, R. Estienne, f oIiiii r o). Du subst. a. nord. hrokr « excès, insolence »; le passage du subst. à l'adj. s'est peut-être fait au moment où le mot est entré en fr. La forme rogue est issue de rogre p. dissim. (v. Hue de Rotelande, op. cit., p. 552, note), v. FEW t. 16, p. 249b. Fréq. abs. littér.: 125. DÉR. Roguerie, subst. fém.,littér. Façon d'être, attitude, comportement d'une personne rogue. À moins d'un mois de là, Julien se promenait pensif dans le jardin de l'hôtel de La Mole; mais sa figure n'avait plus la dureté et la roguerie philosophique qu'y imprimait le sentiment continu de son infériorité (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 304).− [ʀ
ɔgʀi]. − 1reattest. 1740-55 (Saint-Simon, Mém., éd. A. de Boislisle, t. 4, p. 56); de rogue1, suff. -erie*. |