| * Dans l'article "RIVER,, verbe trans." RIVER, verbe trans. A. − 1. Aplatir la pointe d'un clou en la rabattant sur la surface qu'elle traverse. On ne peut arracher ce clou, il est rivé (Ac.1935).L'habileté des ouvriers de cette époque qui arrivaient à enfoncer des clous et à les river sans abîmer leurs délicates ciselures (Fillon,Serrurier, 1942, p. 13).Empl. pronom. à sens passif. De courtes pointes en fil d'acier bleu, minces et aiguës comme des épines (...). On les emploie parce qu'elles se rivent aisément (Pesquidoux,Chez nous, 1921, p. 212). − Loc. verb. ♦ River en goutte de suif. ,,Façonner avec le marteau appelé rivoir, l'extrémité d'une cheville en tête de champignon`` (Chabat t. 2 1876). ♦ Au fig. River le clou* à qqn. 2. Assembler deux ou plusieurs éléments par écrasement d'une partie de l'un dans une partie appropriée de l'autre. River les anneaux d'une chaîne. Enfin, à la dernière scène, il était dans la cour de Bicêtre, parmi soixante forçats, et attendait son tour pour aller faire river ses fers (Balzac,Melmoth, 1835, p. 347). − [P. méton. de l'obj.] Les chaînes, ces bras pendants, et les carcans, ces mains ouvertes, prenaient ces misérables [condamnés aux galères] par le cou. On les rivait, et on les laissait là (Hugo,Misér., t. 2, 1862, p. 202). − Au fig., littér. River les fers de qqn. Rendre son esclavage plus assuré, plus durable. (Ds Ac.). Et vous rivez les fers, quand l'homme est asservi (Péguy,Ève, 1913, p. 740). 3. Assujettir par des rivets ou des pièces de métal. Synon. riveter.Les tôles ne sont pas rivées, mais soudées (Chapelain,Techn. automob., 1956, p. 290). − P. ext. Fixer à demeure. Il lui passa autour des reins une large et épaisse ceinture de fer, fixée par une chaîne à trois immenses anneaux rivés dans le mur (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 795). ♦ P. anal., surtout au part. passé. Appuyé sur un coude, sa pipe blanche rivée au coin de sa grande bouche mobile (Martin du G.,Souv. autobiogr., 1955, p. LXVII). B. − 1. Au fig., surtout au passif. Fixer, attacher étroitement quelqu'un à quelqu'un ou à quelque chose. Synon. enchaîner.Être rivé à son travail, sur place. L'absurde dépend autant de l'homme que du monde. Il est pour le moment leur seul lien. Il les scelle l'un à l'autre comme la haine seule peut river les êtres (Camus,Sisyphe, 1942, p. 37).Je trouvais gênant que des époux fussent rivés l'un à l'autre par des contraintes matérielles: le seul lien entre des gens qui s'aiment aurait dû être l'amour (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p. 325). 2. Au part. passé. Rivé à, sur.Fixé à, sur. Je suis resté dix minutes les pieds sur le bord du trottoir, les yeux rivés à cette croisée (Courteline,Boubouroche, 1893, II, 2, p. 61). Prononc. et Orth.: [ʀive], (il) rive [ʀi:v]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1165 « attacher solidement (une personne) au moyen de chaînes, de fers » (Benoît de Ste-Maure, Troie, 29914 ds T.-L.: Là fu si fort emprisonez E en si forz buies rivez); 1269-78 (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 19243: sera pris e mis en fer, Rivez en aneaus pardurables); 2. ca 1200 « aplatir la pointe d'un clou de manière à la rabattre sur le bord de l'élément où il est fiché » (Raimbert de Paris, Ogier le Danois, 8555 ds T.-L.: Si li leva tres tos les quatre piés [de son destrier] Là où n'ot clau, li bers li a fichié, Si l'a defors rivé et reploié); fin xves. fig. river le clou (à qqn) « lui répliquer vertement » (Commynes, Mém., éd. J. Calmette, t. 2, p. 80); 3. 1433, août-nov. « fixer, assujettir par des clous que l'on rive » (doc. Arch. Tournai ds Gdf. Compl.: avoir rivé et tempré .xviii. paires d'estenelles); 4. river une chaîne, v. empl. fig. infra B 3. B. Fig. 1. Ca 1270 « maintenir fermement, maîtriser (?) » (Rutebeuf, Ste Marie l'Égyptienne, 578 ds
Œuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 2, p. 38: Zozimas, moult as estrivé Et moult as ton cuer fors [lire: fort?] rivé; v. la note de l'éd.); 2. 1721 « attacher fermement (une personne) » (Montesquieu, Lettres persanes, XXXIV ds
Œuvres, éd. R. Caillois, t. 1, p. 181: [l'eunuque] rivé [...] à la porte où il est attaché); 3. 1751 river les chaînes (de qqn) « le rendre dépendant » (Abbé Prévost, Lettres angloises, t. 3, p. 136). Dér. de rive* pris au sens de « bord », le clou étant rabattu au marteau sur les bords de l'élément qu'il traverse; dés. -er; à rapprocher du terme dial. river « replier sous le matelas les couvertures d'un lit » (Normandie, Centre, FEW t. 10, p. 412a et 414a, note 28), dér. de rive au sens de « bord d'un lit ». Fréq. abs. littér.: 379. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 252, b) 681; xxes.: a) 642, b) 641. DÉR. 1. Riveur, -euse, subst.a) Subst. masc. Ouvrier qui pose des rivets, qui fait des assemblages par rivetage. Synon. riveteur (dér. s.v. riveter).Riveur de charpente en fer, de chaudières, de coques de navires. Une équipe (...) comprenant un riveur, un ou deux frappeurs (...) peut poser à la main 200 rivets de 16 [mm] (...) en dix heures de travail (Champly,Nouv. encyclop. prat., t. 1, 1927, p. 192).En partic. Riveur en maroquinerie. ,,Ouvrier spécialisé dans le montage des fermoirs sur des sacs et la pose des clapets, (...) initiales, etc.`` (Mét. 1955). b) Subst. fém. Machine à river. Synon. riveteuse (dér. s.v. riveter).En principe, la riveuse hydraulique se compose d'une mâchoire dont les deux parties se rapprochent par le jeu d'un piston hydraulique (Croneau,Constr. nav. guerre, t. 1, 1892, p. 75).− [ʀivœ:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1resattest. a) 1507-11 [date de l'impression] masc. « ouvrier qui rive » (Digulleville, Trois pelerin., fol. 39a, impr. Institut ds Gdf. [texte qui modifie les vers 4040-42 de l'éd. J. J. Stüzinger]), 1877 fém. (Gaz. des trib., 8-9 oct., p. 977, 2ecol. ds Littré Suppl. Add.); b) 1890 fém. « machine servant à river » (F. Laur, Les Mines et usines en 1889, p. 346); de river, suff. -eur2*. 2. Rivoir, subst. masc.a) Rivoir (ou rivois). Marteau dont on se sert pour river. En appos. On peut river entièrement à la main: les outils employés dans ce cas sont: le tas (...), le marteau rivoir pour forger la deuxième tête (Gorgeu,Machines-outils, 1928, p. 51).b) Rivoir, subst. masc., rivoire, subst. fém. Machine à river. (Ds Lar. Lang. fr., Hachette 1980, Rob. 1985). − [ʀivwa:ʀ]. − 1resattest. a) 1769 rivois « petit marteau servant à river » (Encyclop., Pl., t. 7, pl. 6, fig. 3), 1923 rivoir (Boiste), b) 1904 id. « machine à river » (Nouv. Lar. ill.); de river, suff. -oir* altéré en -ois pour [-oi], le -r étant autrefois muet dans qq. subst. polysyllabiques en -oir (Nyrop t. 1, § 364, 5 o). |