| RIPAILLE, subst. fém. Fam., vieilli A. − 1. Repas où l'on mange et où l'on boit avec excès. Synon. bamboche (fam.), bombance (fam.), bombe1(fam.), bringue (pop.), godaille (pop.), ribote (pop., vieilli).C'était une ripaille (...) des bouteilles entonnées par le goulot, des paris de goinfrerie et de saoûlerie (Goncourt,Man. Salomon, 1867, p. 33).Les galas brutaux de la cour de Dijon, entassement de nourriture (...), ripailles, beuveries (Faure,Hist. art, 1914, p. 459).V. entripaillement rem. s.v. entripaillé ex. de Faure. − Locutions ♦ (Être) en ripaille. (Être) en état d'ivresse. Synon. (être) en ribote.Un régiment campait le long, en ripaille, fusils en faisceaux, bidons de vin sur les bancs du quai (Goncourt,Journal, 1851, p. 40). ♦ Faire ripaille. Boire et manger avec excès; p. ext., mener une vie de plaisirs. Synon. faire bombance, faire la bombe (v. bombe2), faire la bringue, faire ribote.Tant que j'ai eu de l'argent, j'ai fait ripaille, folie et vie joyeuse (Hugo,N.-D. Paris, 1832, p. 453). 2. En partic. Repas de fête. Synon. gueuleton (fam.).[Des enfants] dévoraient avec (...) des yeux qui en disaient long. C'était naïf et charmant, cette joie de la ripaille qui se prodiguait (...) dans la personne des tout petits (Moselly,Terres lorr., 1907, p. 191).Les jeunes gens quêtent les gâteaux, restes des ripailles dans chaque maison (Beauce) (Menon, Lecotté,Vill. Fr., 1, 1954, p. 106). B. − P. méton., gén. péj. [Précédé de l'art. déf.] Plaisirs de la table. Heine a ricané jusque dans le cercueil, jusque dans le cercueil il regrette les joies de la luxure et de la ripaille (Veuillot,Odeurs de Paris, 1866, p. 250).Les générations contemporaines ne s'insurrectionnent que pour la satisfaction d'intérêts matériels tout bruts (...) la ripaille et la gogaille ont seules, aujourd'hui, la puissance de leur faire donner héroïquement leur sang (Goncourt,Journal, 1871, p. 755). Prononc. et Orth.: [ʀipɑ:j], [-paj]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1578 faire la ripaille chez qqn « aller manger, s'approvisionner chez quelqu'un (en parlant de soldats) » (Le Loyer, Nephelococugie ds
Œuvres et meslanges poét., Paris, J. Poupy, 1579, p. 226); 2. 1585 « repas où l'on mange et où l'on boit avec excès » (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 2, p. 157). Dér. de riper* « gratter »; suff. -aille*. Fréq. abs. littér.: 67. DÉR. 1. Ripailler, verbe intrans.,fam., vieilli. Faire ripaille. Synon. bambocher (fam.), bombancer (vieilli, rare), bomber (arg.), bringuer (fam. ou pop.), festoyer, godailler1(pop.), riboter (vieilli, pop., rare).Entre les danses, tout le monde ripaille à l'ombre des tentes. On boit sec (T'Serstevens,Itinér. esp., 1963, p. 324).− [ʀipaje]. − 1reattest. 1821 (Desgranges, Pt dict. du peuple à l'usage des 4/5 de la France, Paris, p. 79); de ripaille, dés. -er. 2. Ripailleur, -euse, subst. et adj.,fam., vieilli. (Personne) qui aime faire ripaille. La face rubiconde que Breughel donne à ses paysans joyeux, ripailleurs et gelés (Proust,Guermantes 2, 1921, p. 98).Une marée de ripailleurs et de combinards (...) envahit l'appartement (Colette,Jumelle, 1938, p. 108).− [ʀipajœ:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1reattest. 1803 « personne qui ripaille » (Boiste); de ripaille, suff. -eur2*. BBG. − Camproux (C.). Notes étymol. et lex. Fr. mod. 1947, t. 15, pp. 294-295. |