| RIMER, verbe A. − Empl. intrans. 1. [Le suj. désigne une pers.] Trouver des rimes; faire des vers, faire de la poésie. Alors, ne pouvant pas rimer, ne voulant pas sortir, il se mit à écrire à Jacques (A. Daudet, Pt Chose, 1868, p. 265): Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur!
Rimbaud, Poés., 1871, p. 81. 2. [Le suj. désigne une chose] a) Rimer avec qqc.Constituer une rime, être homophone. Vous entendez-vous aux vers? (...) Feriez-vous rimer trône et couronne? L'oreille (...) n'est pas très satisfaite de cette rime (A. France, Servien, 1882, p. 163). b) Au fig. Rimer à/avec qqc.Aller de pair avec quelque chose, correspondre à quelque chose. Telle n'est pas l'opinion de M. Huyghe, pour qui « complet » rime avec « normal » (Lhote, Peint. d'abord, 1942, p. 108). − Familier ♦ À quoi ça rime? Qu'est-ce que cela veut dire? Qu'est-ce que cela signifie? À quoi ça rime tout ça, hein? Je te le demande? (Céline, Voyage, 1932, p. 561). ♦ Ça, cela ne rime à rien. Ça n'a pas de sens; cela ne veut rien dire. Mais non, je t'en prie; ça ne rime à rien (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 380). B. − Empl. trans. Mettre en vers, versifier. Rimer une chanson, une histoire. Molière avait dressé le plan, Quinault rimé les couplets, Lulli composé la musique (Brasillach, Corneille, 1938, p. 450). Prononc. et Orth.: [ʀime], (il) rime [ʀim]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Intrans. a) 1119 « faire des vers » (Philippe de Thaon, Comput, éd. I. Short, 113); b) 1530 « constituer une rime » (Palsgr., p. 691); c) 1780 ne rimer à rien (Genlis, La Lingère, I, 7 ds Théâtre à l'usage des jeunes pers, Paris, M. Lambert et F. J. Baudouin, t. 4, p. 189); 2. trans. a) ca 1170 « mettre en vers » (Marie de France, Lais, éd. J. Rychner, Prol., 41); b) 1269-78 part. passé « pourvu de rimes » (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 7073). Dér. de rime*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 254. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 342, b) 332; xxes.: a) 367, b) 386. DÉR. Rimaille, subst. fém.Mauvais vers, vers de mirliton. Le soir, quand il était couché, sa mère portait en cachette ces rimailles à M. Mazerelles (Martin du G., Devenir, 1909, p. 7).− [ʀimɑ:j], [-maj]. − 1reattest. 1518-19 (Marot, Petite Epistre au Roy, 7 ds Les Epitres, éd. C. A. Mayer, p. 97); de rimer, suff. -aille*. BBG. − Doppagne (A.). Enquêtes et rech. collectives. Les Dial. belgo-rom. 1947, t. 6, n o1, pp. 162-163 (s.v. rimaille). |