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RIGOLER1, verbe
A. − Empl. intrans.
1. Vieilli, pop. Prendre du bon temps, faire la fête, la noce; en partic., faire l'amour. Synon. rire (v. rire1I A 3 a).Aujourd'hui, je vais (...) rigoler avec les gothons (Ansiaume, Arg. bagne Brest, 1821, f. 10, r o, § 219).[La fille] dit qu'on se la [lire l'a] trompée, que [les hommes] c'est des cochons qui pensent rien que rigoler (Musette, Mariage Cagayous, 1905-06, p. 54).
2. Fam. Rire généralement bruyamment; s'amuser beaucoup. Synon. pop. se bidonner (v. bidonner1), se gondoler, se marrer.Rigoler à s'en fendre la bouche jusqu'aux oreilles, les mâchoires; faire rigoler qqn; rigoler de qqn/de qqc.; on a bien rigolé. On venait de Fécamp et de Montvilliers pour le voir et pour rigoler en l'écoutant, car il aurait fait rire une pierre de tombe, ce gros homme. Il avait une manière de blaguer les gens sans les fâcher (...) qui vous tirait le rire du ventre malgré vous, à tous les coups (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Toine, 1885, p. 177).Les reportages sur la décentralisation me font doucement rigoler et lorsqu'on dit que la vie est chère à Paris, cela est tout à fait inexact (L'Express, 3 oct. 1966, p. 18, col. 2).
Loc. fam. fig. Comme qui rigole. Très facilement. Et alors, tu t'imaginais que, de tourner à la femme honnête, on fait ça comme qui rigole (Toulet, Demois. La Mortagne, 1920, p. 130).
3. Fam. Ne pas parler sérieusement, plaisanter. Synon. badiner, blaguer (fam.), se moquer, rire (v. rire1I A 3 c).Vous voulez rigoler? À l'examen, il semblerait qu'on lui ait injecté un barbiturique (...) il a toute chance de demeurer complètement abruti. − Vous rigolez pas, docteur? − J'en ai pas envie (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 163).Edwina: (...) En tous cas, je considère que ce gâteau n'est nullement un échec. Joan: Non, Maman, là, vous rigolez (Aymé, Mouche, 1957, p. 139).
Loc. fam. Pour rigoler. Pour plaisanter. Vous savez, ce que je disais, c'était pour rigoler (Arland, Ordre, 1929, p. 475).
B. − Empl. pronom., vx. [Parfois repris comme arch.] S'amuser, se donner du bon temps, faire la noce. Les petits enfants se rigolaient, les vieilles femmes parlaient en riant: tout avait une voix, et le plaisir enjolivait même les habits et les tables dressées (Balzac, Peau chagr., 1831, p. 289).Ah, je te vois te rigoler, et tu t'en vas à penser que pour un fils de là-haut je t'en raconte tout seul depuis une heure (Giono, Baumugnes, 1929, p. 26).P. métaph. Un vieux fauteuil qui se rigolait seul, près de la cheminée, riant par toutes ses crevasses, tirant, comme pour les narguer, ses langues de crin noir par toutes les fentes de ses gueules de velours (Huysmans, Marthe, 1976, p. 29).
Prononc. et Orth.: [ʀigɔle], (il) rigole [-gɔl]. Homon. rigoler2. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. a) Fin du xiiies. intrans. « s'amuser beaucoup, plaisanter » (Isopet de Chartres, éd. J. Bastin, XXIV, 3); b) fin du xiiies. trans. « divertir, amuser » (Jean de Meun, Testament, 1770 ds Roman de la Rose, éd. Méon, t. 4, p. 91); c) 1306 pronom. « s'amuser beaucoup, s'ébattre » (Guillaume Guiart, Royaux lignages, éd. N. de Wailly et L. Delisle, 13143); 2. a) 1306 trans. « se moquer de quelqu'un, railler quelqu'un » (Id., ibid., 14065); b) 1376 pronom. « se moquer de quelqu'un, railler quelqu'un » (doc. [Archives nationales], JJ 109, p. 36 ds La Curne); 3. 1655 intrans. « manger et se réjouir entre amis, faire une petite débauche » (Borel, Tresor de recherches et antiquitez gauloises et fr., p. 539); 4. a) 1821 intrans. « rire, s'amuser beaucoup » (Ansiaume, Arg. bagne Brest, f. 14 v o, § 415); b) 1875 « plaisanter, ne pas parler sérieusement » (Lar. 19e). Prob. issu d'un croisement de riolle* (dér. s.v. rire2) et de gale « réjouissance, plaisir », galer intrans. « s'amuser, mener joyeuse vie » (v. galant). FEW t. 10, pp. 399-400. Bbg. Quem. DDL t. 17, 32. − Wartburg (W. von). Glanures étymol. R. Ling. rom. 1960, t. 24, p. 288.