| REVIVISCENCE, RÉVIVISCENCE, subst. fém. A. − 1. Fait de reprendre vie, retour à la vie. Synon. résurrection.Si l'univers arrivé, dans des milliards de siècles, à sa pleine maturité, se prend à vouloir être juste pour les innombrables êtres qui auront vécu, c'est par un tour analogue que nous imaginons la reviviscence des individus (Renan, Hist. peuple Isr., t. 4, 1892, p. 331). 2. Spécialement a) BIOL. Aptitude de certains organismes inférieurs, animaux ou végétaux, à reprendre une vie active par réhydratation après une période plus ou moins longue de dessication. Tels sont les cas de réviviscence des rotifères, des tardigrades, des anguillules du blé niellé (Cl. Bernard, Introd. ét. méd. exp., 1865, p. 188).[Les lichens] présentent le phénomène de réviviscence, c'est-à-dire qu'après avoir vu leurs fonctions complètement suspendues par la sécheresse, ils les récupèrent complètement au retour des conditions favorables (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 185). b) MÉD. Propriété de certains microorganismes pathogènes de redevenir actifs après une période plus ou moins longue de latence. Il semble bien que l'enfant avait conservé des bacilles (...) et que ceux-ci aient trouvé un terrain favorable à leur reviviscence (Teissierds Nouv. Traité Méd.fasc. 2 1928, p. 186). 3. P. anal. Fait pour une chose de renaître, de réapparaître. Rudolf von Tobel, dans un livre substantiel (...) y voit une reviviscence du genre des sérénades, qui employait volontiers la marche, comme premier et dernier numéro (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 123).En Allemagne fédérale, une telle réforme électorale achèverait sans doute l'évolution vers le bipartisme, déjà très avancée: surtout, elle empêcherait une réaction en sens contraire, en opposant un barrage à une scission éventuelle de la démocratie chrétienne ou à une reviviscence des petits partis (Traité sociol., 1968, p. 42). B. − Au fig. 1. Fait pour un phénomène émotionnel, moral, intellectuel de réapparaître, de se reproduire. Ce maudit esprit dont il s'effrayait de sentir, à de certains jours, les brusques reviviscences et qu'il croyait mort à jamais (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 193).Le passé est son seul avenir, ce qui est ne l'attire que par la reviviscence de ce qui fut (Durry, Nerval, 1956, p. 128). 2. Spécialement a) PSYCHOL. Réapparition après un oubli, une mise en sommeil momentanée d'un état psychique déjà éprouvé. Quelle que soit l'attitude que les psychologues prendront ensuite, ils accepteront toujours implicitement l'idée que l'image est une réviviscence (Sartre, Imagination, 1936, p. 28).Cette mémoire (...) consiste dans une reviviscence d'anciens états de conscience non provoquée par de pures sensations (Benda, Fr. byz., 1945, p. 192). b) THÉOL. Réapparition, renouvellement dans l'âme de certains phénomènes de la vie spirituelle. Reviviscence des sacrements. Cet élément stable et permanent peut expliquer la reviviscence de la grâce dans ces deux sacrements [l'extrême-onction et le mariage] (Théol. cath.t. 14, 11939, p. 633). Prononc. et Orth.: [ʀ
əvivisɑ
̃:s], [ʀe-]. Ac. 1935: re-, ré- (id. ds Rob., Lar. Lang. fr.); Littré: ré-. Hésitation entre re- et ré-, v. re- et réviser. Étymol. et Hist. 1. 1586 « réapparition à la conscience, existence dans la mémoire » (La Pomme de Grenade mystique, 207, v od'apr. Vaganay ds R. Philol. fr. t. 45, p. 148); 2. 1684 « renaissance » spéc. « réincarnation » (F. Bernier, Abr. de la philos. de Gassendi, p. 466); 3. 1865 physiol. (Cl. Bernard, loc. cit.). Empr. au lat. chrét.reviviscentia, ae (ives. ds Blaise Lat. chrét.), dér. de reviviscere « revivre, renaître » empl. notamment à propos de la doctrine pythagoricienne de la métempsychose (v. R. Braun, Deus christianorum, Recherches sur le vocabulaire doctrinal de Tertullien, 1977, p. 543). Fréq. abs. littér.: 23. |