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REVIVIFIER, verbe trans.
A. −
1. Donner une nouvelle vie, ramener quelqu'un à la vie en lui redonnant force et santé. Elle était presque toujours dans la chambre de son mari, parce que le médecin lui avait expliqué qu'elle pouvait prolonger la vie de Mathéus de quelques jours en restant près de lui, qui était revivifié par sa présence (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 350).MmeGanderax parle de la ténacité à vivre de MmeDumas, qu'un flux de sang qui aurait tué tout autre, a revivifiée (Goncourt, Journal, 1894, p. 672).Empl. pronom. réfl. Puis, quand je veux me revivifier au soleil de la terre, il me fond − il me montre la profonde désagrégation de mon être physique, et je sens mon épuisement complet (Mallarmé, Corresp., 1867, p. 247).
BIOL., MÉD., empl. pronom. [En parlant d'un microorganisme] Reprendre vie, retrouver son activité après une période de latence. Il est également des circonstances dans lesquelles le virus morbilleux desséché (...) a pu se revivifier (Teissierds Nouv. Traité Méd.fasc. 2 1928, p. 205).
2. P. anal. Redonner de la vitalité, de la productivité à quelque chose. À peine le soleil, à l'équateur, y fait sentir ses influences, que les vents et les torrents qui en descendent entraînent de longues chaînes de glaces flottantes, qui vont renouveler les mers et revivifier les fleuves et les continents (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 255).Ils prétendent (...) qu'après un incendie des pampas les graminées y poussent mieux. Ce serait alors un moyen de revivifier le sol par l'action des cendres (Verne, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 156).
3. Redonner des forces morales, de l'énergie, du courage à quelqu'un. Ces mots s'adaptaient si bien à ma situation actuelle que je les lus et relus en me les répétant tout haut, comme revivifié par la suggestion de cet appel (Goncourt, Actes suivent, 1926, p. 22).
THÉOL. Ramener quelqu'un à la vie spirituelle. (Dict. xixeet xxes.).
B. − Au fig., littér. Ranimer quelque chose, donner à quelque chose un nouvel essor, une nouvelle force. Cette mesure [l'extinction de la race des janissaires] , qui pouvait seule rajeunir et revivifier l'empire, n'a rien produit qu'une des scènes les plus sanglantes et les plus lugubres qu'aucun empire ait dans ses annales (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 372).Le souffle de la poésie « vitaliste » de S.-K. Neumann et de ses amis va revivifier la prose naturaliste tchèque en la pénétrant du lyrisme et de la sensualité qui lui manquaient (Arts et litt., 1936, p. 50-6).Empl. pronom. Ce potentiel [de développement des sciences] se revivifie à chaque génération car le développement social pose toujours de nouveaux problèmes techniques qui suscitent toujours de nouvelles recherches scientifiques (Gds cour. pensée math., 1948, p. 517).
C. − CHIMIE
1. Vx. Tirer d'un métal une combinaison et le ramener à l'état métallique. (Dict. xixeet xxes.).
2. Redonner à un corps, à une substance son aspect et ses propriétés primitives. Le charbon qui avait servi à opérer la décoloration pouvait être employé à d'autres opérations semblables, si on le calcinait dans un creuset fermé, la chaleur détruisant la matière organique colorante, qui avait été fixée par le charbon. Il revivifiait le noir animal, selon l'expression aujourd'hui en usage (Rouberty, Sucr., 1922, p. 54).
REM. 1.
Revivifiable, adj.,biol., méd. Qui peut être revivifié, à qui l'on peut redonner vie. Les ganglions trachéo-bronchiques se montraient assez souvent infectés ou contenant des germes revivifiables (Calmette, Infection bacill. et tubercul., 1920, p. 140).
2.
Revivifiant, -ante, part. prés. en empl. adj.a) Qui revivifie, qui redonne de la santé, de la vigueur. J'ai compris les trois moments de la boue: 1. Les premières dix minutes: quiétude et béatitude, l'embrassement maternel de la terre. 2. Le quart d'heure qui suit: absorption profonde; elle vous pénètre de ses esprits revivifiants (Michelet, Journal, 1854, p. 274).b) Au fig. Qui redonne de la force morale, de l'énergie, du courage. Au fond, c'est vraiment dur, au bout de cette guerre de trente ans, lorsque j'ai maintenant soixante-trois ans, de n'avoir jamais pu conquérir, une seule fois, la satisfaction reposante et revivifiante d'un sincère et incontestable succès (Goncourt, Journal, 1885, p. 444).
Prononc. et Orth.: [ʀ əvivifje], (il) revivifie [-fi]. Ac. 1694-1762: re-; 1798, 1835: ré- (id. ds Littré); dep. 1878: re- (id. ds Rob., Lar. Lang. fr.). V. réviser. Étymol. et Hist. A. Intrans. ca 1280 « revenir à la vie » (Willame de Wadington, Manuel des péchés, éd. F. J. Furnivall, 1933, p. 31); 1555 (E. Pasquier, Le Monophile, 52a d'apr. Vaganay ds R. Ét. rab. t. 9, p. 317), attest. isolées. B. Trans. 1. a) déb. xvies. « redonner de la vie, de la vigueur à » revifier (Fossetier, Chron. Marg., ms. Bruxelles, 10512, VIII, IV, 21 ds Gdf. Compl.); 1568 revivifier (A. Paré, Œuvres, éd. J.-F. Malgaigne, XXIV, 23, t. 3, p. 402b); b) 1690 spéc. théol. (Fur.); 2. 1675 chim. (N. Lémery, Cours de Chymie, lexique, p. 29); 3. 1854 part. prés. adj. (Michelet, loc. cit.). Dér. de vivifier* (préf. re-*) ou, pour le sens A, empr. au lat. chrét. revivificare « ressusciter » (Blaise 1954). Fréq. abs. littér.: 34.