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REVERS, subst. masc.
A. −
1. Côté opposé à celui qui est présenté comme principal ou à celui qui se présente en premier. Synon. dos, envers, verso.Revers d'une colline, du fossé, d'une maison; revers d'une étoffe, d'une feuille, d'une page, d'une tapisserie. Je m'occupai aussitôt de lire le revers intérieur de la feuille (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 31).Au-delà de cette tour commençaient les pentes rapides du revers de la montagne qui plongeait vers une seconde vallée (Gracq, Argol, 1938, p. 24).
Revers (de la main). Côté de la main opposé à la paume. Synon. dos.C'est une bonne petite main, noircie, dont la peau devient assez large à présent autour des phalanges et au revers de la paume (Colette, Naiss. jour, 1928, p. 20).
P. méton. Revers de main. Geste opéré avec le revers de la main. Écarter qqn, qqc. d'un revers de main; s'essuyer le front, les yeux d'un revers de main; caresser une joue d'un revers de main. Lentement, Bonnemort s'essuyait la bouche d'un revers de main (Zola, Germinal, 1885, p. 1139).Au fig. D'un revers de main. Sans effort. Faire qqc. d'un revers de main. Le temps (...) suscita (...) un champion intrépide, spirituel, éloquent et arrogant, qui s'empara de la cause perdue comme d'une gageure, qui la prétendit gagner d'un revers de main, qui réussit certainement à la rajeunir, et qu'il nous faut entendre (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 160).
Au revers de, loc. prép. Derrière, de l'autre côté de. Être au revers d'une colline, d'une montagne. Modèle qui se trouve représenté au revers de cette feuille (Mallarmé, Dern. mode, 1874, p. 766).Le vent a ramené la neige en si grande abondance au revers des talus que, dans le chemin qui les borde, on a dû creuser des tranchées (Gide, Journal, 1917, p. 617).
P. métaph. Le revers de la liberté; le revers des qualités de qqn. Il y a des hommes qui semblent nés pour être le verso, l'envers, le revers. Ils sont Pollux, Patrocle, Nisus, (...). Ils ne vivent qu'à la condition d'être adossés à un autre (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 785).
2. En partic.
a) Côté d'une médaille, d'une monnaie qui porte le motif secondaire ou l'inscription. Synon. envers; anton. avers, face.Léon XIII fait frapper son image avec Marianne au revers en bonnet phrygien promenant la croix sur le monde (Clemenceau, Iniquité, 1899, p. 261).V. avers ex. 1, écussonné ex. de Ponson du Terrail.
Au fig. Le revers de la médaille. Le côté désagréable, les inconvénients d'une chose qui apparaît d'abord sous un jour favorable. Voilà le bon côté de la médaille; en voici le revers. Je comptais visiter trois amis de plus, (...) et cette partie du programme a manqué (Amiel, Journal, 1866, p. 368).Ces défauts-là, c'est le revers de notre médaille; notre nature d'homme a ses côtés médiocres (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 168).
Proverbe. Toute médaille a son revers. Toute chose a son mauvais côté, son aspect désagréable. Synon. c'est l'envers de la médaille (v. envers2I B 3).Toute médaille a son revers, et il est bien rare qu'une vertu ne soit pas doublée d'un vice. Chez les Grecs, l'amour de la liberté est doublé du mépris des lois et de toute autorité régulière (About, Grèce, 1854, p. 65).
b) Partie ornementale d'un vêtement repliée pour laisser voir l'envers du tissu ou recouvrant l'envers. Revers étroit, large; revers d'un bonnet, d'une manche, d'une paire de chaussettes, d'un pantalon; pantalon à revers, sans revers. V. mousquetaire B ex. 11.
Revers d'une botte. Partie supérieure de la botte dont la tige est repliée ou partie supérieure rapportée, d'une autre couleur et formant un pli. De hautes bottes à revers jaunes, garnies d'éperons (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 54).
En partic. Chacune des deux parties de tissu symétriquement rabattues sur la poitrine et se croisant dans le prolongement du col ou de l'encolure. Revers étroits, larges; revers d'un habit, d'un uniforme, d'une veste; revers de soie d'un smoking; veston sans revers. Le noir costume aux revers rouges d'un membre du conseil des Dix, à Venise (Ponson du Terr., Rocambole, t. 4, 1859, p. 281).
c) Revers de pavé. Autrefois, partie inclinée du pavé, depuis les maisons jusqu'au ruisseau. (Dict. xixes.).
d) DÉFENSE. Revers de la tranchée. Côté de la tranchée tournée vers la campagne, par opposition à celui qui est tourné vers la place. (Dict. xixeet xxes.). Revers du fossé. Bord extérieur du fossé opposé à celui de l'enceinte (Dict. xixeet xxes.).
Loc. adj. ou adv. À revers, de revers. Par derrière ou de côté. [Les éclairs] éclairent de revers et dénoncent soudain de compliquées superpositions de nuages (Gide, Voy. Congo, 1927, p. 758).Il combinait les attaques frontales avec des attaques à revers, en faisait tomber ainsi la résistance rencontrée aux deux ailes (Foch, Mém., t. 2, 1929, p. 91).Prendre à revers (une troupe, un ouvrage de fortification). Les attaquer sur le flanc, sur leurs arrières. Masséna pouvait être pris à revers par une armée venant d'Italie (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 535).Au fig. Cette offensive commerciale prenait l'Europe à revers, s'adressant d'abord, grâce à des crédits à long terme, aux pays les plus dénués (Morand, Champions du monde, 1930, p. 82).
e) MAR., vieilli. (Manœuvres) de revers. (Manœuvres) qui ne se trouvent pas du côté du vent. Boulines, écoutes de revers. (Dict. xixes.).
B. − Coup donné avec le revers de la main; coup donné avec une arme ou un instrument tenu à la main droite, par un mouvement effectué de gauche à droite pour un droitier. Donner un revers; flanquer un revers (fam.); un revers de main. Quasimodo vint à lui, le jeta à quatre pas sur le pavé d'un revers de la main, et s'enfonça rapidement dans l'ombre (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 88).Ce diable de capitaine Fracasse (...) a paré avec une vitesse éblouissante et d'un revers si ferme qu'il ne m'a laissé au poing qu'un tronçon d'épée (Gautier, Fracasse, 1863, p. 351).D'un revers de matraque, il fit sauter en éclats la bouteille et les verres (Tharaud, Fête arabe, 1912, p. 267).
TENNIS, TENNIS DE TABLE, JEUX DE BALLE. Coup donné de gauche à droite pour reprendre une balle à sa gauche en la frappant du revers de la raquette. Anton. coup droit (v. droit2I B 3 b).Volée de revers; jouer en revers. Notre jeune sujet apprendra donc tout d'abord le coup droit, le revers, le mouvement simplifié du service et la volée haute (H. Cochet, Le Tennis, 1978, p. 50).
C. − Au fig. Revers (de fortune). Événement malheureux, accident survenant après une série de succès qui retourne une situation et la change en mal. Synon. défaite, disgrâce, échec, infortune; anton. fortune, réussite, succès.Cruels, grands, terribles revers; avoir des revers. C'étoit un homme simple et craignant Dieu pendant la prospérité, mais les revers le décourageoient aisément, et il étoit à craindre qu'il perdît la foi dans le malheur (Chateaubr., Martyrs, t. 2, 1810, p. 13).
En partic.
♦ Dans le domaine fin.Revers d'un commerçant, d'un industriel. Depuis quelques années, les ressources du ménage avaient bien diminué, par suite de revers de fortune (Rolland, J.-Chr., Aube, 1904, p. 31).Il venait d'avoir des revers à la Bourse. Aussi, dès maintenant, il commençait de faire des économies (Montherl., Célibataires, 1934, p. 858).
♦ Dans le domaine milit.Revers militaires. Régulus entra dans Carthage, mais captif; et les nouveaux revers qu'essuyèrent les Romains fixèrent la guerre en Sicile (Michelet, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 193).Avec ou sans secours, nous continuons la bataille. Et nous ne craignons ni revers, ni défaite (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 469).
Prononc. et Orth.: [ʀ əvε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1185 adj. « pervers » (Hue de Rotelande, Protheselaus, 9678 d'apr. FEW t. 10, p. 356b; nous n'avons pas réussi à retrouver le mot dans l'ouvrage); b) α) 1306 subst. « le contraire » (Guillaume Guiart, Royaux lignages, I, 6158 ds T.-L.); β) 1406-1409 « le côté opposé à celui qui se présente d'abord ou est considéré comme le principal » (Le Livre des Fais de Bouciquaut, éd. D. Lalande, p. 25); 2. a) ca 1480 « coup donné avec le dos de la main » (Sermon ds Rec. de poésies fr., éd. A. de Montaiglon, t. 2, p. 10); au fém. en 1306 (Guillaume Guiart, op. cit., éd. Wailly et Delisle, 9513); b) α) 1583-90 jeu de paume (Brantôme, M. de Nemours ds Œuvres, éd. L. Lalanne, t. 4, p. 165: il jouoit très bien à la paume, aussi disoit-on les revers de M. de Nemours); β) 1903 tennis (L'Auto, 1erjuill. ds Petiot); c) 1583-90 revers de fortune (Brantôme, Grand roy. fr. ds Œuvres, t. 3, p. 152); 3. a) α) 1556 « côté d'une médaille, d'une monnaie) qui est opposé à la face principale » (Thévet, Cosmographie du Levant, p. 136 d'apr. FEW t. 10, p. 357a); β) 1640 fig., v. médaille; 4. a) 1564 bonnets à revers (Rabelais, Cinquiesme Livre, éd. Ch. Marty-Laveaux, chap. XI, p. 45); b) 1797 « les deux parties d'un habit qui, se croisant sur la poitrine, sont repliées » (Gattel d'apr. FEW, loc. cit.); c) 1832 bottes à revers (Raymond); 5. 1718 le revers de la tranchée (Ac.). Du lat. reversus, part. passé de revertere « retourner sur ses pas, revenir » (de re-, fr. re-* et de vertere « tourner, faire tourner »). Fréq. abs. littér.: 1 182. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 078, b) 1 778; xxes.: a) 1 349, b) 1 489. Bbg. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1975, t. 39, p. 210. − Quem. DDL t. 10, 27.