| * Dans l'article "RETROUSSER,, verbe trans." RETROUSSER, verbe trans. A. − 1. Ramener et replier l'extrémité d'un vêtement vers le haut et vers l'extérieur pour dégager une partie du corps. Retrousser sa robe, ses jupes, ses jupons, ses cottes; retrousser le bas de son pantalon, sa soutane. Tandis que, sa voilette retroussée sur le nez, elle mordait aux croissants d'or, il l'entraînait dans les ruelles désertes, loin des becs de gaz (A. France,Lys rouge,1894, p. 35).Une fois, elle retroussa le bord de sa robe, baissa son bas sur son tibia, montrant une meurtrissure violette, la peau presque fendue (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 207). ♦ P. métaph. Quel calme! J'entends toutes mes pensées. À chaque instant il faut que je retrousse mon âme qui traîne (Renard,Journal,1898, p. 482). − Retrousser ses manches. Remonter ou rouler le bas de ses manches pour dégager les bras. Lecouvreur avait noué un tablier bleu sur son ventre, retroussé ses manches de chemise, enfoncé sa casquette sur les yeux pour en imposer davantage (Dabit, Hôtel Nord,1929, p. 29).P. méton., fam. Se préparer à travailler avec ardeur, à entreprendre une tâche. Et pourtant, provoquer la fatalité, il y a là quelque chose d'impie. Gillou: Impie, retrousser ses manches pour que son pays soit nettoyé! (Montherl.,Demain,1949, II, 4, p. 731). ♦ [P. méton. de l'obj.] Je vois des hommes rouges qui apportent des charbons, avec des couteaux, et qui retroussent leurs bras! (Flaub.,Tentation,1856, p. 624). − Empl. pronom. Relever le bas de son vêtement. Elle arpente le trottoir, hésite un instant à un angle, se retrousse comme pour prendre son élan pour traverser la rue (Lorrain,Âmes automne,1898, p. 14).Corinne voulut grimper jusqu'au faîte de la flèche, malgré ses talons hauts et sa robe trop longue, qui balayait les marches et finit par se prendre à un angle de l'escalier; elle ne s'en émut pas, tira bravement sur l'étoffe qui craqua, et continua de grimper, en se retroussant gaillardement (Rolland,J.-Chr.,Révolte, 1907, p. 474). ♦ Empl. pronom. à sens passif. Être relevé, redressé vers l'extérieur. De cette vieille dame, je ne voyais que son chapeau noir, ridiculement emplumé, sa rotonde noire, dont la doublure se retroussait dans le bas en fourrure grise (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p. 309). 2. P. méton. Retrousser des jupons. Courir (le jupon, les filles). Tu examineras la composition du Conseil [judiciaire], on a l'air d'avoir choisi exprès ceux qui ont le plus retroussé de jupons (Proust,Sodome,1922, p. 692). 3. P. anal. Relever le bord d'une étoffe tombante. Le lit, couvert d'une superbe courte-pointe et drapé de rideaux retroussés par des embrasses, était embarrassé de livres, d'une corbeille à ouvrage (Balzac,Initié,1848, p. 404).Certes, Madame Lerat le jouait [le bésigue], et à la perfection. Il était inutile de déranger Zoé, qui avait disparu; un coin de la table suffirait; et l'on retroussa la nappe, par-dessus les assiettes sales (Zola,Nana,1880, p. 1130). − P. méton., empl. subst. masc. Retrousser de rideau. Petite pièce que l'on joue dans un théâtre avant le spectacle principal. Synon. usuel lever de rideau (v. lever2).Il s'agissait de placer, comme retrousser de rideau, Le Pain de Ménage au Théâtre Guitry (Renard,Corresp.,1902, p. 263). B. − [Le compl. d'obj. désigne une partie du corps] Relever, redresser vers le haut d'un mouvement volontaire ou inconscient. Retrousser ses cheveux au-dessus de la tête; retrousser les narines, les paupières. Les muguets et les raffinés s'informèrent de la beauté des actrices, en retroussant le bout de leur moustache avec un air de gloire et de fatuité parfaitement ridicule (Gautier,Fracasse,1863, p. 184).Un léger tic retroussait fréquemment le coin gauche de sa bouche (Arland,Ordre,1929, p. 282).Empl. pronom. Sa lèvre se retroussa sur un pli gourmand (Abellio,Pacifiques,1946, p. 166).Les doigts de l'homme ne bougeaient pas mais son œil, sous le buisson des sourcils brillait plus intensément qu'à l'ordinaire, d'un feu fixe et noir, ses narines se retroussaient (Arnoux,Roy. ombres,1954, p. 187). C. − Arg. Recevoir, toucher de l'argent, le plus souvent en parlant d'une prostituée. [Le journaliste relatant cette arrestation sensationnelle] allait retrousser un peu d'oseille dans l'histoire (Le Breton, Razzia,1954, p. 91).C'est peut-être une nana qui retrousse ses vingt-cinq sacs certains jours (Pt Simonin ill.,1957, p. 63). D. − GRAV. ,,Essuyer plus ou moins une planche en taille-douce après l'avoir encrée de manière à donner plus de vigueur à certaines parties ou plus d'enveloppe à l'ensemble`` (Dacier 1944). Je pourrais aussi essuyer assez fortement à la mousseline douce et retrousser, avec une mousseline douce plus propre, certains travaux de la planche (M. Lalanne, Grav. eau-forte,1866, p. 87). REM. 1. Retrousse-jupe, subst. masc.,vieilli. Agrafe ou pince servant à relever le bas de la jupe pour ne pas le salir. Sa mère n'avait pas quitté son retrousse-jupe, une singulière agrafe portée par un cordon noir et dont les deux disques caoutchoutés mordaient l'étoffe, pour la maintenir au-dessus des bottines (La Varende,Goût esp.,1946, p. 154). 2. Retroussette, subst. fém.,fam. Nez à la retroussette. Nez retroussé, relevé au bout. Une tête (...) avec des yeux émerillonnés et un fort nez à la retroussette (Verlaine,
Œuvres posth.,t. 2, Souv. et fantais., 1896, p. 269). Prononc. et Orth.: [ʀ
ətʀuse], (il) retrousse [-tʀus]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 « charger à nouveau, recharger un fardeau en croupe » (Jean Renart, Escoufle, éd. F. Sweetser, 4463, 4465); id. (1reContinuation de Perceval, éd. W. Roach, mss TVD, 11834); 2. a) α) 1530 retroussez vostre robbe (Palsgr., p. 763b); 1552 se retrousser en parlant d'un vêtement (Du Bellay, trad. Eneide, 1. IV[I, 347] ds Hug., s.v. purpurin); 1636 id. « relever le bas de son vêtement » (Monet, p. 767a); 1671 robe retroussée (Pomey); id. retroussé « qui a relevé le bas de son habit » (id.);
β) 1666 barbe bien retroussée (Furetière, Roman bourgeois, éd. Colombey, p. 29); b) 1558 ventre retroussé (Du Bellay, Divers jeux rustiques, éd. V. L. Saulnier, XXX, 49-50, p. 105); 1636 nez retroussé (Voiture, lettre 93 ds
Œuvres, éd. A. Ubicini, t. 1, pp. 281-282); c) 1561 vén. chiens retroussez « dont la partie arrière est plus haute que le quartier de devant » (Du Fouilloux, Vénerie, VI, éd. Paris, Cl. Cramoisy, 1628, p. 6); 1762 flancs retroussés (d'un cheval) (Ac.); d) 1866 grav. retrousser la planche (M. Lalanne, loc. cit.). Dér. de trousser*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 247. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 143, b) 563; xxes.: a) 465, b) 344. DÉR. 1. Retroussage, subst. masc.a) Agric. Quatrième labour donné à une vigne. (Dict. xixeet xxes.). b) Grav. ,,Procédé d'impression des planches gravées à l'eau-forte qui consiste à effleurer légèrement le cuivre, après l'encrage, à l'aide d'une mousseline roulée en chiffon, et qui, faisant sortir l'encre des tailles profondément mordues, produit sous le rouleau de la presse ces larges teintes veloutées qui relient harmonieusement les hachures accentuant les parties vigoureuses`` (Adeline, Lex. termes art, 1884). c) Rare. Synon. de retroussement.Il a rendu (...) le roulis des hanches dans la marche, le retroussage ballonnant de la jupe (Goncourt,Journal,1895, p.778).− [ʀ
ətʀusa:ʒ]. Att. ds Ac. 1935. − 1reattest. a) 1845 vitic. (Besch.), b) 1866 grav. (Lalanne, loc. cit.); c) 1895 (Goncourt, loc. cit.); de retrousser, suff. -age*. 2. Retroussement, subst. masc.Action de retrousser, de se retrousser; résultat de cette action. Elle avait, enfin, sur toute sa personne et jusque dans le retroussement de son chignon, quelque chose d'inexprimable qui ressemblait à un défi (Flaub.,Éduc. sent.,t. 1, 1869, p. 190).Mais elle, déjà, avait repris son grand corps libre, riant très fort, fumant sa cigarette, avec un retroussement cavalier des lèvres (Zola,E. Rougon,1876, p. 66).Rare. Le fait pour une chose d'être relevée, redressée. C'est cette tour solitaire. Ses pointes étagées, les retroussements cornus de ses cinq toitures, tout son style d'un autre monde, me donnent une de ces impressions intenses de dépaysement et d'inconnu (Loti,Japoneries,1889, p. 298).− [ʀ
ətʀusmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1798. − 1reattest. 1546 « ce qui se retrousse, se relève » (J. Martin, trad. F. Colonna, Songe de Poliphile, 50 r ods Quem. DDL t. 7); de retrousser, suff. -(e)ment1*. 3. Retrousseur, subst. masc.a) Arg. ,,Souteneur`` (Esn. 1966). b) Retrousseur de jupons. Homme qui accumule les conquêtes féminines, coureur de jupons. Synon. trousseur (de jupons) (v. trousseur dér. s.v. trousser).Un garçon de Combray qui avait fait un peu tous les métiers, mais surtout celui de retrousseur de jupons (Proust,Prisonn.,1922, p. 306).− [ʀ
ətʀusœ:ʀ] − 1resattest. a) 1883 arg. « souteneur » (Larch. Suppl., p. 136), b) 1922 (Proust, loc. cit.); de retrousser, suff. -eur2*. BBG. − Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 429. − Quem. DDL t. 15 (et s.v. retroussage). |