| RESTE, subst. masc. I. − Neutre collectif A. − Le reste de + subst.; ou p. ell., le reste. Ce qui reste, ce qui subsiste d'un ensemble auquel on a retranché une partie. 1. [Le compl. désigne un inanimé concr.] Synon. le restant.Le reste d'une somme, d'une fortune, des dettes, des biens; le reste des marchandises, des livres, des vêtements. Il prélevait sur sa fortune une somme de dix mille francs, avec laquelle il constituait une dot à sa petite-fille (...). Le reste allait par tiers à chacun de ses garçons (Aymé, Jument, 1933, p. 33). − [Le compl. désigne un lieu, un local] La grande salle du harem, au moyen de quelques changements qu'on y fit, devint le lieu des séances, et le reste du palais servit d'habitation aux savants (Gourgaud, 1815-21ds Rec. textes hist., p. 104).Certaines parties [de la chaussée] s'usent plus que les autres, il se produit alors des (...) ornières lorsque certaines pistes sont fréquentées par les voitures à l'exclusion du reste de la chaussée (Bourde, Trav. publ., 1929, p. 142). a) Loc. verb. − Demander son reste (vieilli). Demander la monnaie qui vous revient. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Au fig. Ne pas attendre, ne pas demander son reste. S'en tenir là, ne pas insister lorsque l'on se trouve dans une situation délicate ou périlleuse et préférer se retirer rapidement. Partir, fuir sans demander son reste. Décampez, Monsieur (...) et ne remettez plus les pieds chez moi. Le coiffeur s'enfuit sans demander son reste (Theuriet, Mariage Gérard, 1875, p. 178). − Jouer de son reste (vieilli). Hasarder, utiliser ses dernières ressources. Je vous trouve l'air d'un joueur qui joue de son reste (Picard, Théâtre, t. 8, Charlatans, 1821, p. 319). b) Spécialement − ARITHMÉTIQUE ♦ Reste d'une soustraction. Résultat d'une soustraction. S'il s'agit de l'ascendant et du milieu du ciel, on note alors le temps sidéral pour la situation au point de départ et pour la position au point d'arrivée. On soustrait l'un de l'autre, puis on calcule la valeur du reste en tenant compte qu'une heure vaut quinze ans (Divin.1964, p. 242). ♦ Reste d'une division. Somme ou chiffre qui demeure lorsque le dividende n'est pas divisé exactement par le diviseur. Puisque A' est moindre que 0, on peut diviser 0 par A'; soit P le quotient et A'' le reste (Legendre, Théorie nombres, t. 1, 1830, p. 3). ♦ Reste d'une série. ,,Somme de la série restante, après suppression de tous les termes qui précèdent un terme déterminé`` (Lar. encyclop.). Le reste de la série (...) est le développement d'une fonction algébrique ou intégrale (Laplace, Théorie analyt. probabil., 1812, p. 174). − SC. POL. ,,Nombre de suffrages exprimés qui, dans un scrutin à la représentation proportionnelle, n'ont pas été utilisés pour répartir les sièges`` (Graw. 1981). Les sièges non encore attribués sont donnés aux listes auxquelles il demeure les plus forts restes dans l'ordre décroissant de ces restes (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 151). 2. [Le compl. désigne un inanimé abstr.] Chacun d'ailleurs retournait à ses occupations, et le reste des événements se fût accompli sans dommage et sans bruit, très probablement, si Madame de Matefelon, (...) n'y eût mis la main (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p. 140): 1. ... la vieille théorie de Spencer (...) « expliquait » l'évolution, c'est-à-dire l'apparition des structures, en couplant... etc. Cette « solution » repose sur des erreurs et des confusions multiples. La seule thèse juste qu'elle contienne (...), est précisément ce qui détruit tout le reste de l'argumentation.
Ruyer, Cybern., 1954, p. 144. − [Le compl. désigne un espace de temps] ♦ Le reste de la journée, de la soirée, de la nuit. Son travail [de bûcheron] prend fin aux premières neiges d'avril et il vit le reste de l'année d'un certain nombre de métiers divers (Bernanos, Crime, 1935, p. 746). ♦ Le reste de mes jours, de ma vie, de mon existence. Synon. le restant* de mes jours.Mon père (...) vous mettra à l'abri du besoin pour le reste de votre vie (L. Blanc, Organ. trav., 1845, p. 3).Le Survenant ne repartira pas. À la première nouvelle, il épousera Angélina Desmarais. À son tour il prendra racine au chenal du Moine pour le reste de ses jours (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 196). ♦ Le reste du temps (loc. adv.). Aux autres moments. À la Corogne, mon père ne sort pas, dit Picasso, si ce n'est pour aller à l'école des arts et métiers. À son retour, il peint. Mais sans plus. Le reste du temps, il regarde par la fenêtre tomber la pluie (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 36). ♦ Jouir de son reste (loc. verb., vieilli). Jouir du peu de temps qu'il reste à vivre; jouir d'une situation agréable qui va se terminer. Il faut (...) jouir de notre reste en faisant toutes les folies possibles (Mérimée, Théâtre Cl. Gazul, 1825, p. 314).En allant chez la princesse, (...) je me disais: « Jouis de ton reste, ce sera peut-être ta dernière soirée dans ce salon où tu as l'habitude de venir depuis vingt-quatre ans » (Goncourt, Journal, 1888, p. 779). 3. [Le compl. désigne des pers.] a) [Le compl. est un subst. au plur.] Le reste des enfants, des soldats. Dans tous les partis de masse, les dirigeants forment un groupe assez nettement distinct du reste des adhérents et des militants (Traité sociol., 1968, p. 31).P. ell. L'ennemi a perdu, ma chère amie, dix-huit mille hommes prisonniers; le reste est tué ou blessé (Napoléon Ier, Lettres Joséph., 1796, p. 56). − Le reste des hommes. Synon. le reste de l'humanité (infra b).L'étonnante transformation psychologique et technique qui, en peu de siècles, a si profondément distingué les européens du reste des hommes, et les temps modernes des époques antérieures (Valéry, Variété III, 1936, p. 246). b) [Le compl. est un coll.] Le reste de l'humanité, de l'armée, de la foule, du peuple. Quelques minutes plus tard les grelots de l'attelage commencèrent à tinter et le reste de la famille se groupa derrière la petite fenêtre carrée pour regarder s'éloigner les voyageurs (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 154).Le rassemblement politique de chaque république ne peut pas être coupé de ses rapports avec le reste du monde (Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 163). Rem. Le reste de suivi d'un subst. au plur. entraîne le plus souvent le verbe qui suit au sing. Cependant, on trouve certains cas où le verbe est au plur.: Quoi qu'il en soit, l'état dictatorial se résume en une division simple de l'organisation d'un peuple. Un homme, d'une part, assume toutes les fonctions supérieures de l'esprit. Il se charge du « bonheur », de l'« ordre », de l'« avenir », de la « puissance », du « prestige » du corps national (...). D'autre part, le reste des individus seront réduits à la condition d'instruments ou de matière de cette action, quelle que soit leur valeur et leur compétence personnelle (Valéry, Regards sur le monde actuel et autres essais, 1951 [1931], p. 93). B. − Absol. Le reste; tout le reste. Tout ce que l'on estime sans importance par opposition à un élément que l'on désire mettre en valeur. Fermer les yeux sur le reste. À voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse, Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse (Vigny, Destinées, 1863, p. 129).Le sentiment seul est réalité. Tout le reste n'est que mirage tant de la vie temporelle que du songe (Milosz, Amour. init., 1910, p. 145).V. littérature II B 1 a β ex. de Verlaine. − Expr. Et le reste, et tout le reste (s'emploie en fin d'énumération). Synon. et caetera, et ce qui s'ensuit; (pop.) et tout le bataclan, et tout le saint frusquin, et tout le tremblement.Des églises où on a approuvé les trente mille arrestations, les tortures et le reste, qu'elles brûlent, c'est bien. Sauf pour les œuvres d'art, faut les garder pour le peuple: la cathédrale ne brûle pas (Malraux, Espoir, 1937, p. 460).Cette satanée cure de Kim (...), cure absurde qui prenait si mauvaise tournure pour moi que je risquais d'y laisser la peau, la vie et tout le reste, honneur, joie et santé (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 138). − Loc. verb. Faire le reste. Compléter l'action de quelque chose pour atteindre le résultat espéré. Je réponds du blessé (...), j'ai opéré à l'instant une saignée abondante; (...) et maintenant, du repos et de la tranquillité feront le reste (Dumas père, Antony, 1831, i, 5, p. 169). C. − Expr. ou loc. 1. Expressions a) Pour le reste; quant au reste. En ce qui concerne ce dont il n'a pas été fait mention. Faire œuvre durable, c'est là mon ambition; et quant au reste: succès, honneurs, acclamations, j'en fais moins cas que de la moindre parcelle de vraie gloire: apporter réconfort et joie aux jeunes hommes de demain (Gide, Journal, 1943, p. 223).La « charte des journalistes » est un code d'honneur sans sanctions garanties. Pour le reste, il est difficile d'imaginer par quels moyens la discipline morale de la presse pourrait être mieux assurée sans risque d'attenter aux libertés (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 144). b) Comme le reste (souvent à valeur péj.). Comme beaucoup d'autres choses. Je dois tout supporter, dit le curé de Fenouille d'une voix douce. Je supporterai cela comme le reste, seul ou non (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1467). 2. Loc. adv. a)
α) De reste. Plus qu'il n'en faut. Avoir de l'argent de reste. Ils avaient donc des habits en double, de la toile et du drap de reste! (Vallès, Réfract., 1865, p. 51). − [En parlant d'une qualité hum.] Avoir de l'amour, de la générosité de reste. En avoir énormément et les dispenser avec prodigalité. Le Roi, le relevant: Père Ubu, vous estes-vous fait mal? Père Ubu: Oui certes, et je vais sûrement crever. Que deviendra la mère Ubu? Le Roi: Nous pourvoirons à son entretien. Père Ubu: Vous avez bien de la bonté de reste (Jarry, Ubu, 1895, i, 6, p. 43).
β) Du reste. D'ailleurs, en outre. « ... La mère aussi avait l'air d'être bien ». − « Oh, la mère... », interrompit M. Thibault. « Des gens impossibles, malgré leurs airs dignes! » − « On sait du reste », insinua l'abbé, « ce que cache la rigidité des protestants! » (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 585). b) En reste. [Placé à l'intérieur de loc.] Être en reste (vieilli). Devoir encore quelque chose sur une somme. Il est encore en reste de tant (Ac.1835-1935). − Ne pas (vouloir) être en reste (avec qqn). Ne pas (vouloir) être débiteur (de quelqu'un). Je ne voulus pas être en reste avec elle. (...) Je fis à Marguerite l'abandon de la rente qui me venait de ma mère (Dumas fils, Dame Camélias, 1848, p. 208). ♦ Au fig. Ne pas être (demeurer) en reste (avec qqn). Ne pas être redevable (envers quelqu'un), être avec lui sur un pied d'égalité; avoir toujours quelque chose à répondre, ne pas être pris au dépourvu. Adieu donc, mes chers camarades; écrivez-moi souvent. Quelque bêtes que vous puissiez être, je vous promets de n'être jamais en reste avec vous (Sand, Corresp., t. 1, 1830, p. 120).Et Schwauthaler (...), ne voulant pas être en reste, cita deux vers de Schiller, dont la moitié resta dans sa barbe de fleuve (A. Daudet, Tartarin Alpes, 1885, p. 77).D'Alembert dut se considérer comme bien honoré d'avoir été choisi pour adversaire. Il ne demeura pas en reste (Guéhenno, Jean-Jacques, 1952, p. 16).[Suivi d'un compl.] Ne pas être en reste de générosité. − Mais cette cheminée fume, cela est fort incommode. − Que ne m'en avez-vous prévenu? J'aurais fait appeler le fumiste, dit le propriétaire qui ne voulait pas être en reste de procédés (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 241). c) Du reste. [Placé en tête de phrase ou intercalé dans la phrase] D'ailleurs, en outre. Je n'ai du reste rien de spécial à vous dire (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 388).Léon trouve Phiphi flanchard et, pour le remonter à bloc, il affecte un certain mépris pour sa préalable couardise et feint de le bouder (...). Du reste Léon juge imprudent de risquer une nouvelle expérience trop voisine de la première (Gide, Faux-monn., 1925, p. 1146). d) Au reste (littér.) [Placé en tête de phrase ou intercalé dans la phrase] Synon. du reste.Je trouvais en eux [chez les noirs] une aptitude suffisante à comprendre et à retenir, mais non point la force d'esprit, rare au reste en toute race (Alain, Propos, 1921, p. 296).− « Au reste », reprit-il, « si je n'ai pas la foi, il serait impropre de dire que je l'ai perdue: je crois plutôt que je ne l'ai jamais eue » (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1382). II. − Au sing. et au plur. Élément subsistant d'un ensemble dont l'intégrité ou la totalité n'a pu être conservée. A. − [Le compl. désigne un inanimé concr.] Les restes d'une fortune, d'un patrimoine. Je suis à Naples. Comment j'y parvins avec quelques restes informes et mutilés de mes bagages, je ne puis le dire, pour la raison que je ne le sais pas moi-même (A. France, Bonnard, 1881, p. 302). 1. En partic. a) Les restes d'un édifice, d'un monument. Synon. ruines, vestiges.En 1816, la poste aux chevaux de Calais, dirigée par M. Meurice, s'installa dans les restes du couvent des Feuillants et s'y maintint jusqu'en 1830 (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 202). b) [En parlant de statues, objets divers découverts au cours de fouilles] Il avait vendu ses chevaux anglais pour continuer des fouilles à Misène, où il avait trouvé un buste de Tibère, jeune encore, qui avait pris rang parmi les plus beaux restes de l'antiquité (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 124).Aucune industrie n'est associée aux restes du pithécanthrope, mais celui-ci a été trouvé dans de telles conditions géologiques (...) qu'on ne devait guère espérer y découvrir des restes d'outillage (Hist. sc., 1957, p. 1482). c) Partie des aliments d'un repas qui n'ont pas été consommés. Les restes d'un repas, d'un plat; manger un reste de fromage, de poulet. Synon. reliefs.Dans la salle à manger, l'homme qui l'attendait s'était fait servir les restes du dîner et boulottait voracement (Queneau, Pierrot, 1942, p. 189).Trois petits fauteuils restent vides, auprès de la table basse où des restes de purée voisinent avec des épluchures d'orange (Butor, Passage Milan, 1954, p. 41). − Absol., toujours au plur. Manger les restes; utiliser les restes pour le repas du lendemain; l'art d'accommoder les restes. Le dîner, un dîner de restes où rien ne rappelait l'ancienne largeur du ménage de garçon de Coriolis, fut servi par deux filles (Goncourt, Man. Salomon, 1867, p. 396).Leur déjeuner venait de se terminer. Les restes étaient copieux. Nous ne refusâmes pas le petit gâteau, mais non! Et le porto pour aller avec (Céline, Voyage, 1932, p. 494). ♦ Péj. Synon. rogatons (fam.).C'étaient (...) des restes qui dataient de huit jours, le fond de corbeille de quelque restaurant voisin (Vallès, Réfract., 1865, p. 49). 2. [Le compl. désigne la matière dont provient l'élément restant] Un (les) reste(s) de charbon, de minerai, de tissu; un reste d'eau, de chaleur, de clarté, de jour, de lumière, de verdure. L'odeur aigrelette du petit baril, calé dans un coin de la chambre, flottait à travers la pièce, avec un reste de fumée (R. Bazin, Blé, 1907, p. 41).Les femmes derrière eux râtellent les restes de foin échappés (Pesquidoux, Chez nous, 1923, p. 80). B. − [Le compl. désigne un inanimé abstr.] Un reste de précautions, de préjugés. Il existe encore des médecins d'un grand mérite qui perdent leur temps à discuter le vitalisme, l'animisme, l'organicisme, etc.... ce sont là les restes historiques d'une autre époque (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 190). − [Le compl. désigne un sentiment] Un reste de froideur, de bon-sens, de tristesse; des restes de gaieté. Dans sa dépravation morale, Zidore avait gardé un reste de tendresse et de pitié pour sa mère (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 184). − PSYCHANAL., au plur. Restes diurnes. ,,Éléments de l'état vigile du jour précédent retrouvés dans le récit du rêve et les associations libres du rêveur`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Dans les rêves qui émanent de restes diurnes non liquidés et qui, dans le sommeil, n'ont subi qu'un renforcement inconscient, il est particulièrement malaisé de déceler la force pulsionnelle inconsciente (Freud, Abr. psychanal., trad. par A. Bermann, 1949, p. 35). C. − [Le compl. désigne un animé, un végétal] 1. [Le compl. désigne un défunt] Toujours au plur. Les restes (d'une personne). Le cadavre, et plus particulièrement, le corps d'une personne décédée, enterrée depuis longtemps. Trouver, recueillir, inhumer les restes de qqn. Les obsèques du laboureur sont plus simples; environnés de quelques amis, ses restes sont portés sans appareil au cimetière du village (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 19).Après la violation des tombes de Port-Royal en 1709, les restes de Jean Racine (...) furent transportés dans l'église Saint-Étienne-du-Mont, où ils reposent encore (A. France, Génie lat., 1909, p. 164). − ARCHÉOL. Ossements anciens (humains ou animaux), fossiles humains, animaux ou végétaux, retrouvés au cours de fouilles. Restes humains, osseux; prouver l'authenticité de restes. Vers la fin de l'aurignacien apparaissent dans divers districts de l'Europe occidentale, (...) des représentants d'un groupe probablement nomade dit hommes du lœss (...). On admet généralement que les restes squelettiques trouvés à Brünn, Brüx et Predmost, appartiennent à ce peuple (Haddon, Races hum., trad. par A. Van Gennep, 1930, p. 105): 2. L'étude de l'évolution des faunes et des flores au cours des temps géologiques (...) ne prend d'ailleurs tout son sens que si l'on essaye de comprendre les causes de la répartition actuelle par (...) l'examen des restes fossiles des animaux et des végétaux...
Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 505. 2. [Le compl. désigne un collectif] Dans un domaine milit.,au plur. Survivants (après le combat). Les restes d'une armée, d'une troupe. Cinq jours et cinq nuits le terrible combat a fait rage sans interruption à l'intérieur du fort de Vaux, jusqu'au moment où les restes de l'intrépide garnison, privés de leurs derniers moyens de résistance, se sont rendus au vainqueur (Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p. 275). 3. Au plur. [Le compl. désigne le plus souvent une femme] Les beaux restes d'une femme. Traits agréables qui subsistent de la beauté passée d'une femme. Sa femme était fort aimable. Je ne l'ai connue que déjà passée, avec de jolis restes et un goût de faste et de représentation qui lui allaient bien (A. France, Bonnard, 1900 [1881], p. 130).Ce soir-là, si Xavier avait eu des yeux pour voir, il aurait pris en pitié (...) cette mère tragique, ces yeux de jais, cette figure bilieuse, ravinée, où des restes de beauté résistaient encore à l'amaigrissement et aux rides (Mauriac, Myst. Frontenac, 1933, p. 17). − Loc. verb. Avoir de beaux restes; garder des restes de beauté. La nouvelle crémière, était une personne d'une cinquantaine d'années, débordante d'embonpoint et gardant encore quelques restes de beauté (Goncourt, G. Lacerteux, 1864, p. 61).Madame Kolouri n'est d'ailleurs pas vilaine du tout: elle a mieux que de beaux restes, et, vue ainsi à contre-jour, je lui donnerais tout au plus trente-neuf ans (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 52). − Rare. [En parlant d'un homme] Au physique, Clément des Lupeaulx était le reste d'un joli homme (Balzac, Employés, 1837, p. 40). 4. Littér., vieilli a) Au plur. Manières d'être, attitudes qui subsistent chez une personne et qui indiquent ses origines. C'était un original que ce chevalier pénitent [le chevalier de Sévigné], avec des restes de gentilhomme hautain et de militaire impérieux (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 14, 1858, p. 159). b) Survivants, descendants. Vous êtes, m'écriai-je du ton inspiré d'un prédicateur puritain, vous êtes les derniers restes d'une corporation qui jadis couvrait toute la France (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 156). 5. Péj. Les restes de qqn. [En parlant d'une femme qui a été celle d'un autre homme] :
3. ... − Elle s'entend à enjôler les hommes et elle n'est pas à son coup d'essai, pour sûr. Faut pas être fier tout de même, pour se contenter des restes des chemineaux et des camps volants, qui roulent le long du canal. Épouse-la, si le cœur t'en dit, mon pauvre Pierre: trompé avant, trompé après...
Moselly, Terres lorr., 1907, p. 263. − Rare, p. anal. [En parlant d'un homme] C'est mon reste, reprit-elle [Nana], un joli coco que Rose s'est payé là!... Comme c'est malin d'attirer chez soi un homme que j'ai flanqué dehors! (Zola, Nana, 1880, p. 1292). Prononc. et Orth.: [ʀ
εst]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1230 subst. fém. « ce qui demeure, subsiste » (La petite philosophie, éd. W. H. Trethewey, p. 9, 248); 2. a) 1324 « partie d'une somme qu'il faut encore payer » (Mém. Sté hist. de Paris, t. 2, p. 335); b) 1382 estre en reste de paier (Runk.); c) 1382 demeurer de reste de qqc. « devoir encore quelque chose » (ibid.); 1414-16 demeurer en reste « id. » (Compte de J. Martin, Commune, Deniers a recouvrer, A. Orléans ds Gdf. Compl.); d) 1538 être en reste (Est., s.v. reliquator); 1604 jouer de son reste « employer ses dernières ressources » (Le Loyer, Spectres, I, 4 ds Hug.); 1673 donner son reste à qqn (Molière, Malade imaginaire, II, 7); 1694 ne pas demander son reste (Ac.); 1798 ne pas attendre son reste (ibid.); 1835 n'être jamais en reste (ibid.); 3. 1445 subst. fém. « temps qui doit encore s'écouler » (Farce joyeuse des galans et du monde ds Rec. gén. des sotties, éd. E. Picot, t. 1, p. 44); 1567 subst. masc. « id. » (Amyot, P. Aem., 62 ds Littré); 4. 1754 math. « ce qui est en excès du dividende » (Encyclop. t. 4, s.v. division); 1765 « résultat d'une soustraction » (Encyclop. t. 14). B. 1. 1532 « ce qui est encore à dire, à faire » (Rabelais, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, p. 177); 2. 1656-57 Et le reste « etc... » (Pascal, Provinciales, éd. Brunschvicg, Boutroux, Gazier, I, IV, p. 135); 1943 quant au reste « en ce qui concerne ce dont il n'a pas été question » (Gide, Journal, p. 223); 3. 1546 au reste « en plus de ce qui a été dit, à part cela » (Rabelais, Tiers-Livre, éd. M. A. Screech, p. 202); 4. 1669 de reste « bien suffisamment » (Molière, Tartuffe, V, 4). C. 1. 1548 subst. sing. « ce qui n'a pas été consommé dans un repas » (Noël Du Fail, Baliverneries, éd. J. Assézat, 188); 1669 plur. « id. » (Widerhold Fr.-all.); 2. 1642 les restes (de qqn) « (en rivalité amoureuse) en parlant d'une femme qui a appartenu à un autre homme » (Corneille, Polyeucte, V, 1); 1660 « ce que quelqu'un a abandonné, rebut » (Th. Corneille, Le Galant doublé, I, 1 ds Littré); 3. 1640 un reste de gibet (Oudin Curiositez); 1842 un reste de potence (Ac.); 4. 1670 voici le reste de notre écu « voici une personne importune » (Molière, Bourgeois gentilhomme, V, 1); 1757 voici le reste de nos écus « id. » (Vadé, Trois compliments, p. 42). D. 1. 1567 « ce qui reste d'une famille, d'une troupe » (Amyot, P. Aem., 37 ds Littré); 1667 « personne qui demeure la seule survivante d'une race, d'un sang » (Racine, Andromaque, IV, 1); 2. 1580 « ce qui subsiste d'un sentiment » (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 354); 1651 de beaux restes (du visage d'une femme) (Scarron, Roman comique, éd. E. Magne, p. 151); 1660 avoir de beaux restes (Corneille, Examen d'Andromède ds Littré); 3. 1616 subst. fém. plur. « cadavre d'un être humain » (d'Aubigné, Tragiques, IV, 292 ds Hug.); 4. 1651 subst. masc. plur. « ce qui subsiste d'une chose que le temps a dégradé » (Scarron, op. cit., p. 10: Ces pauvres restes d'une troupe délabrée). Déverbal de rester*. Fréq. abs. littér.: 17 943. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 25 928, b) 26 165; xxes.: a) 23 119, b) 26 266. |