| RESTAURATION, subst. fém. A. − 1. [Gén. à propos d'une chose concr.; corresp. à restaurer A 1] Action de remettre en bon état une chose dégradée; résultat de cette action. a) Vieilli. Synon. de réparation.Restauration d'un mur. Ma femme, dit-il, quand les commis furent descendus, voilà certes une des plus importantes journées de notre vie! (...) la restauration de l'appartement décidée, notre appartement augmenté (Balzac,C. Birotteau, 1837, p. 146). b) Mod., ARTS. Remise en état d'une œuvre artistique, d'un monument ancien, en essayant de respecter l'état primitif, le style; activité, métier de restaurateur. Synon. réfection.Restauration d'un monument antique, d'un tableau, d'une reliure ancienne, d'un temple grec; atelier, règle de restauration; art de la restauration; être à la restauration. Un nombre infime d'artisans pratique encore les techniques traditionnelles; leur savoir-faire est d'ailleurs surtout utilisé pour la restauration des meubles anciens (Viaux,Meuble Fr., 1962, p. 29).Depuis la loi de 1913, un système subtil protège les monuments historiques; il s'est heureusement ajouté des restaurations nombreuses (grâce à bien des initiatives privées) (Belorgey,Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 389). − ARCHIT. Restauration foncière. ,,Opération d'urbanisme ponctuel consistant à sauvegarder et à mettre en valeur des immeubles ou groupe d'immeubles anciens dont on a décidé la conservation`` (Envir. Écol. 1982). c) Spécialement − ARBORIC. ,,Réparation et conservation des arbres d'ornement`` (Forest. 1946). − BIOL., MÉD., vieilli. Restauration de qqn.Retour de l'organisme à l'état qui précédait une maladie, une blessure, une grande fatigue ou des privations de nourriture; rétablissement de la force physique, de la santé d'une personne. Synon. guérison, régénération.Restauration d'un convalescent. Le baron Hulot, mis à un régime substantiel qu'il ignorait depuis bientôt trois ans, reprit de la force, et il se ressembla presque à lui-même. Cette restauration rendit Adeline heureuse (Balzac,Cous. Bette, 1846, p. 416). − CHIR. Réparation chirurgicale d'un élément du corps, en particulier des os. [La chirurgie] s'est faite réparatrice et plastique. L'orthopédie, la réfection ou la restauration des os et des articulations, lui a ouvert un large champ (Bariéty, Coury,Hist. méd., 1963, p. 785). − ÉCOL., PÉDOL., SYLVIC. Restauration (des sols, des terrains en montagne). ,,Technique de conservation des sols, généralement mise en œuvre par des services publics, avec souvent des moyens lourds, sur des pentes érodables ou sur des zones mouvantes (glissement de terrain, dune...) avec pour objectif de recréer un couvert végétal`` (Agric. 1977). Dans certains territoires, comme par exemple la grande île de Madagascar, la dégradation, opérée depuis des temps immémoriaux, est déjà telle qu'il ne paraît pas possible d'entreprendre des travaux de restauration à une échelle en rapport avec la tâche à accomplir (Forêt fr., 1955, p. 5).L'administration forestière veille à la restauration des terrains de montagne attaqués, en particulier, par l'érosion. Les travaux de restauration des sols et de reboisement permettent la protection des zones basses, la sauvegarde des terrains d'alpage, la discipline des cours d'eau (Belorgey,Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 387). − INFORMAT. ,,Opération qui consiste à rétablir le contexte d'une instruction ou d'une séquence de programme`` (Morvan Informat. 1981). 2. Au fig. [Corresp. à restaurer A 2] a) [À propos d'une notion gén. abstr.] Action de restaurer, de remettre en activité, en vigueur; résultat de cette action. Synon. renaissance, rétablissement.Restauration du catholicisme, de la religion. Tous ceux qui croient que le suffrage universel peut s'accommoder des libertés nécessaires doivent (...) poursuivre sans équivoque la restauration du parlementarisme (Gambetta, 1869ds Fondateurs 3eRépubl., p. 72).La restauration de la langue française en Alsace-Lorraine n'a pas encore eu le temps de produire des effets littéraires (Arts et litt., 1936, p. 38-3). − Rare. [À propos d'une pers.] Régénération. La restauration de l'homme suivant les règles de sa nature. (...) il s'agit de tirer l'individu de l'état de diminution intellectuelle, morale et physiologique amené par les conditions modernes de la vie. De développer en lui toutes ses activités virtuelles. De lui donner la santé. De lui rendre, d'une part, son unité, et d'autre part, sa personnalité (Carrel,L'Homme, 1935, p. 355). b) POL., HIST.
α) Action de rétablir au pouvoir une dynastie qui en avait été écartée. Restauration de la monarchie; restauration des Bourbons, de Charles II, des Stuarts. On sent, dans les rangs mêmes des anciens partisans de la monarchie, que toute œuvre de restauration serait le prélude d'une révolution (Gambetta, 1872ds Fondateurs 3eRépubl., p. 117).[Le comte de Chambord] entendra remonter sur le trône en vertu d'un droit propre et non de la volonté nationale. Cette exigence suffira pour empêcher la Restauration, encore que les monarchistes soient en majorité à l'Assemblée Nationale (Vedel,Dr. constit., 1949, p. 82).
β) Absol. [Le plus souvent avec une majuscule] La Restauration − [En Angleterre] Rétablissement au pouvoir des Stuarts en 1660; période correspondant aux règnes de Charles II et Jacques II (1660-1688). En Angleterre, Monk fut un des principaux auteurs de la Restauration (Ac.1878). − [En France] Rétablissement au pouvoir des Bourbons. Pendant, sous la Restauration. Deux grands faits historiques peuvent se comparer, à quelques égards, à la Restauration en France: le retour des Stuarts en Angleterre, et l'avénement de Henri IV (Staël,Consid. Révol. fr., t. 2, 1807, p. 169). ♦ En partic. Première Restauration. ,,Période pendant laquelle la monarchie française fut rétablie en faveur des Bourbons (Louis XVIII) à la suite de l'effondrement du Premier Empire (16-24 avr. 1814-20 mars 1815)`` (Debb.-Daudet Pol. 1981). Deuxième, Seconde Restauration. ,,Régime qui fut celui de la France sous Louis XVIII après les Cent-Jours et sous Charles X (22 juin 1815-7 août 1830)`` (Debb.-Daudet Pol. 1981). ♦ BEAUX-ARTS. Style situé entre le style Empire et le style Louis-Philippe. La Restauration emprunte au Directoire les chaises à dossier ajouré, mais fait preuve de moins d'originalité et de fantaisie (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 149).En appos. avec valeur d'adj. inv. [Qualifie un style, un élément de décor.; avec ou sans majuscule] Qui appartient au style Restauration française, qui en a les caractéristiques. Meuble Restauration. Une chambre meublée d'acajou restauration et de damas bleu barbeau (Gyp,Docteurs, 1892, p. 196). B. − [Corresp. à restaurer B] 1. Branche d'activité qui consiste dans la fabrication et/ou le service des repas et boissons; métier de restaurateur. La restauration et l'hôtellerie; travailler dans la restauration. Tout le quai [à Amsterdam] est bordé de buffets de restauration, − où l'on peut consommer debout des concombres au vinaigre, des salades de betterave, des poissons salés arrosés de thé et de café (Nerval,Fêtes Hollande, 1852, p. 291).La mauvaise adaptation de l'hôtel moyen français − dont la partie « restauration » est relativement plus « soignée » que la partie « chambres » (Jocard,Tour. et action État, 1966, p. 114). 2. Région. (Suisse) ou vieilli a) Auberge, restaurant. C'est, paraît-il, la première cuisine de la ville, la restauration où se réunissent les gourmets de l'endroit en mal de dîner fin (Lorrain,Sens. et souv., 1895, p. 289).Quand je reviendrai, les marronniers des restaurations verseront sur les tables une ombre vigoureuse (Larbaud,Barnabooth, 1913, p. 103). b) Mets servi dans un restaurant. On nous a servi une restauration (Pierreh.1926). Prononc. et Orth.: [ʀ
εstɔ
ʀasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. 2emoit. xiiies. « action de remettre en bon état » (Introd. d'astron., B.N. 1353, f o61a ds Gdf. Compl.: si aporte moult grant restauration de bien); 1314 méd. (Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, § 702); 1560 archit. (Antoine Rebul, Bible, Esdr. 3, 1 d'apr. FEW t. 10, p. 321b); 1690 (Fur.); spéc. 1799 « réparation d'une œuvre d'art » (ds Articles et monuments de la Renaissance, I, 346); 2. a) ca 1355 restauracion « action de rétablir, remettre en activité (les jeux dédiés à Jupiter) » (Bersuire, Tite Live, B.N. fr. 20312 ter, f o40 v o); 1553 fig. restauration « action de redonner une place » (Jean Gerard, Bible, Actes, 3, 21); b) 1677 « rétablissement d'une dynastie » (Miege). II. 1. 1890 (Lar. 19eSuppl.: Restauration. Restaurant, dans les villes d'eaux des bords du Rhin); 2. 1961 (Zumthor ds FEW t. 10, p. 322b, note 18: Frm. Suisse la restauration, l'activité professionnelle qui consiste à tenir, gérer un restaurant); 1964 (Rob.). I empr. au b. lat. restauratio, -onis « renouvellement » déb. iiies. ds OLD, également att. en lat. chrét. aux sens de « rétablissement dans son état primitif » fin vies. ds Blaise Lat. chrét. et « réparation (d'édifice) » viies., ibid., formé sur le supin restauratum de restaurare, v. restaurer. Cf. l'a. fr. restaurement « rétablissement, réparation » ca 1145 (Wace, Conception N.D., éd. W. R. Ashford, 1110: restoremenz) − 1662 ds Gdf., répertorié par Guérin comme ,,anc.``, restorage « id. » au xiiies. (Chevalier au cygne, 257 ds T.-L.), répertorié comme terme en usage aux Pays-Bas par Trév. 1771 (restaurage [...] action de raccommoder à l'aiguille les trous d'une toile), restaurance « id. » fin xiiie- déb. xives. (Athis, Richel. 375, f o64 ds Gdf.) − 1498, Sottie, VII, 486, éd. E. Picot, t. 1, p. 227, répertorié par Ac. Compl. 1842 comme ,,V. lang.``, restor « id. » 1348 (Recepte de P. de Panthegnies, Arch. mun. Valenciennes, CC3, f o9 r ods Gdf.) − 1355, ibid. et restoreson « rétablissement de santé » xives. (Moamin, III, 10, 9 ds T.-L.). II empl. spéc. de I d'apr. restaurant*. Fréq. abs. littér.: 866. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 142, b) 1 579; xxes.: a) 558, b) 672. Bbg. Archit. 1972, p. 21. − Dossiers de mots: tourisme. Néol. Marche. 1979, n o12, p. 179. − Dub. Pol. 1962, p. 406. − Sculpt. 1978, p. 666. − Vardar Soc. pol. 1973 [1970] p. 302. |