| REPOSOIR, subst. masc. A. − Vx ou littér. Endroit où l'on se repose, où l'on peut faire halte. Nous suivîmes notre guide [aux chutes du Niagara], et à l'aide des échelles, nous descendîmes de reposoirs en reposoirs jusqu'au dernier terme où il soit possible de parvenir sans manquer à la prudence (Crèvecœur,Voyage, t. 2, 1801, p. 183).Les étapes avaient lieu aux mêmes endroits, les forçats mangeaient en dehors des villes; il y a soixante ans, ces reposoirs étaient encore connus (La Varende,Heur. humbles, Phoebé, 1942, p. 115). − Au fig. L'éclat de ses blancs glacés de soleil, qui semblent dans ses tableaux [de Chardin] les reposoirs de la lumière! (Bourget,Nouv. Essais psychol., 1885, p. 144). − ARCHIT. ,,Petit édifice qu'on élevait autrefois sur le bord des grandes routes pour offrir un abri aux voyageurs`` (Noël 1968). B. − LITURG. CATH. 1. Autel orné de fleurs et de feuillages, dressé sur le parcours d'une procession et sur lequel le prêtre expose le Saint Sacrement au cours d'une halte. Synon. (vieilli) paradis.Reposoir bien paré, bien orné; reposoir de la Fête-Dieu; dresser un reposoir. Barbezieux était plein de jeunes filles: des grandes (...), de toutes petites en robe de broderie qui jetaient des pétales de roses sur les marches du reposoir, quand la ville drapée de blanc pour la procession sentait le seringa (Chardonne,Bonheur Barbezieux, 1938, p. 45). − P. métaph. Les immenses reposoirs blancs des arbres fruitiers en fleurs (Proust,Guermantes 1, 1920, p. 155). 2. Autel sur lequel est exposé le Saint Sacrement dans l'église, après la messe du Jeudi saint. Le jeudi saint. − J'arrive tout embaumée de la chapelle de mousse où repose le saint ciboire à l'église (...). Nous avons mis tous nos soins, Mimi, moi et Rose la marguillière, à faire ce reposoir (E. de Guérin,Journal, 1835, p. 61). 3. Table recouverte d'un linge blanc, installée dans la chambre d'un malade qui reçoit les sacrements. (Dict. xixeet xxes.). C. − Objet sur lequel on fait reposer quelque chose. − (...) Ah ! il n'y a plus de place?... − Ça ne fait rien, dit Alexandre, car j'ai ma canne à reposoir. Et dépliant son instrument, il attendit (Gide,Paludes, 1895, p. 113). − INDUSTR. DES TEINT. ,,Cuve dans laquelle l'indigo repose`` (Chesn. t. 2 1858). D. − Arg., gén. au plur. Pieds. − Ben quoi, vas-tu avancer? On va être coupés! − J'peux pas décoller mes reposoirs! répond une voix piteuse. L'enlisé arrive enfin à se dégager (Barbusse,Feu, 1916, p. 182). Prononc. et Orth.: [ʀ
əpozwa:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1373 reposouer « lieu préparé pour qu'on s'y repose » (Reg. du chap. de S. Jean de Jérus., A.N. MM 29, f o104 r ods Gdf. Compl.); 1549 reposoir « id. » (Est.); 2. a) 1660 reposoir sur le chemin avec une croix (Oudin Fr.-Esp.); b) 1680 (Rich.: Reposoir. Autel qu'on fait dans les rues durant la procession de la Fête-Dieu); 3. 1752 « cuve dans laquelle repose l'indigo » (Trév.). Dér. de reposer2*; suff. -oir*. Fréq. abs. littér.: 130. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 42. |