| REPENTIR1(SE), verbe pronom. A. − 1. RELIG. Ressentir le regret d'un péché avec le désir de le réparer et de ne plus y retomber. Se repentir dans son cœur; mourir sans se repentir. Je lui demandai (...) de me choisir les points où j'étais coupable, afin que (...) j'eusse à les rappeler en confession et à m'en repentir pour mériter une absolution générale (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 194).L'enfant prodigue s'est repenti. Il revient, le cœur agité par les remords et l'espérance (Monod, Sermons, 1911, p. 259).V. péché ex. 1. 2. P. ext. Regretter vivement une faute, une faiblesse. Pauvre Racine! s'il relut plus tard cette bonne lettre, qu'il dut se repentir et pleurer! car elle éclaire le tort qu'il eut envers la mémoire de M. Le Maître (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 442).Je me traitais de sans-cœur, et durant plus de huit jours je me repentis de ce que j'avais fait (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 485). B. − P. ext. [Sans connotation mor.] Regretter d'avoir fait ou de ne pas avoir fait une chose. Se repentir d'une chose, d'une décision, de son étourderie, de ses paroles. [Napoléon] s'est souvent aussi repenti de n'avoir pas fait fusiller Fouché et Talleyrand (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 611): Le temps qu'il avait devant lui, l'envie qu'il éprouvait de marcher un peu, lui firent lâcher son fiacre. Il s'en repentit presque tout de suite, car il n'était pas au boulevard, qu'une nouvelle averse, (...) le força de nouveau à se réfugier sous une porte.
Zola, Argent, 1891, p. 110. − [Dans un avertissement ou une menace] Le mot le plus raisonnable et le plus mesuré qui ait été dit sur la question du célibat et du mariage est celui-ci: « quelque parti que tu prennes, tu t'en repentiras. » Fontenelle se repentit, dans ses dernières années, de ne s'être pas marié (Chamfort, Max. et pens., 1794, p. 64).Elle ne m'a pas écouté et a eu à s'en repentir, puisque dix-neuf ans après, son mari l'a délaissée (Billy, Introïbo, 1939, p. 163). ♦ Faire repentir qqn de qqc.Faire subir à quelqu'un les conséquences fâcheuses de son attitude; punir. C'est dans cet endroit charmant, que vers l'année 1730, on envoya un fort détachement pour faire repentir les sauvages de leurs insultes continuelles (Baudry Des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p. 22).Je l'en ferai bien repentir (Ac.). ,,Je lui ferai payer cher`` (Ac.). Prononc. et Orth.: [ʀ
əpɑ
̃ti:ʀ], (il se) repent [-pɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 soi repentir de + inf. « renoncer à, cesser de » (Roland, éd. J. Bédier, 3011), seulement en a. et m. fr.; 2. id. « manifester le regret d'avoir commis une faute » (ibid., 3590: Carles.... Si pren cunseill que vers mei te repentes! Mort as mun filz); ca 1120-50 part. prés. adj. cont. relig. (Grant mal fist Adam, I, 4 ds T.-L.); 1119 même cont. (Philippe de Thaon, Comput, 1599, ibid.: Cum la gent vunt pechant... Mais quant il se repentent); ca 1155 soi repentir de ses pechiez (Wace, Brut, 14461, ibid.); 1318 part. passé fém. subst. les Repentïes « ordre religieux accueillant les femmes qui ont rompu avec une vie dissolue » (Requeste des Frères Mineurs, 98 ds Rutebeuf,
Œuvres, éd. A. Jubinal2, t. 3, 1875, p. 158); 3. ca 1140 « regretter amèrement un acte accompli, une décision prise » (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 31); 1160-74 (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 1541: ... il ont a seignor retenu Loeÿs, Mez puis s'en repentirent quer trop lor fu eschis); ca 1200 part. prés. adj. estre repentans « regretter » (Chanson ds Chansons du Chastelain de Couci, éd. A. Lerond, XXVIII, 24); 1280 [ms.] part. passé subst. « celui qui regrette » (Tenson anonyme ds Chansonnier d'Arras reprod. phot., introd. A. Jeanroy, fol. 137 r o); fin xives. clers repentiz « renégat »; repentie subst. « nonne qui a rompu ses vœux » (Eustache Deschamps,
Œuvres, VII, 74, 10; VII, 52, 2 ds T.-L.). Issu, avec chang. de conjug., du b. lat. repoenitere (ca 860 repoenitens, Vita S. Basilii ds Migne, Patrol. lat., t. 73, 1879, col. 303), dér., à l'aide du préf. re-, de poenitere (Blaise Lat. chrét.), altér. sous l'infl. de poena (peine*), du class. paenitet, paenitere (v. pénitence), verbe intrans. devenu réfl. (déb. iiies. Sortes Sangallenses, 2, 10 ds E. Löfstedt, Syntactica, t. 2, 1933, p. 389; viies. Formules rythmées, éd. Zeumer, d'apr. J. Pirson ds Mél. Wilmotte, p. 513: unde se postea penetivit, cette dernière forme attestant le chang. de conjug.); cf. a. lomb. repentirse, a. esp. rependirse. Du verbe lat. simple, le verbe a. fr. impers. sis penteiet [ind. imp.] de... « ils se repentaient de » (937-52 Jonas, éd. G. de Poerck, 195) [cf. mil. xives. Entrée d'Espagne, 3099 ds T.-L.: tard pentir torne a duel] et l'a. prov. pentir (xiiies. [Pietro Guglielmo di Luserna] En aquest ds Rayn. t. 4, p. 488b; v. B. de Ventadorn, éd. C. Appel, p. 341). Fréq. abs. littér.: 1 562. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 617, b) 2 929; xxes.: a) 1 448, b) 1 114. Bbg. Lanly (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp. 310-311. |