| REPEINDRE, verbe trans. A. − Peindre de nouveau une surface, un objet pour le décorer ou le protéger et, en partic., remettre à neuf les peintures intérieures ou extérieures d'un bâtiment. Repeindre un appartement; repeindre des chaises, un escalier; repeindre en rouge, en jaune, avec du bleu, du blanc. À l'automne, Lecouvreur fit repeindre sa boutique par Cerutti, le marchand de couleurs de la rue de la Grange-aux-Belles (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 130).Au bout de huit mois de séjour à la mer, un navire en fer peut perdre le tiers de sa vitesse. Il doit donc passer en cale sèche tous les huit mois pour être gratté et repeint (M. Benoist, Pettier, Transp. mar., 1961, p. 82). − P. métaph. Je ne vois partout que formules vieillies, replâtrages, compromis sans bonne foi, mythes périmés et repeints à la hâte (Sartre, Sit. II, 1948, p. 310). B. − BEAUX-ARTS. Retoucher une toile, restaurer les parties dégradées d'un tableau. Pour finir les clairs, repeindre légèrement avec des demi-pâtes pour lier le rehaut de blanc avec la masse générale (Delacroix, Journal, 1851, p. 430).Sous l'action des rayons ultra-violets obtenus avec une lampe à vapeur de mercure (...) le tableau prend un aspect fluorescent, sauf dans les parties repeintes récemment qui constituent des îlots opaques (Musées Fr., 1950, p. 13). − P. anal., fam. Remaquiller, remettre du fard sur un visage, une partie du visage. Tant d'autres jeunes-premiers encore, un peu bien avancés pour leur âge, mais repeints, d'ailleurs, recrépits, dentés de frais (Toulet, Almanach, 1920, p. 161).Ce bourgeois craintif et hargneux, tout pareil au chien obèse de la concierge, cette négociante au regard atroce en train de repeindre ses vieilles lèvres, c'est nos frères et ce sont nos sœurs, Jésus-Christ est mort pour eux (Claudel, Poète regarde Croix, 1938, p. 278). ♦ Empl. pronom. réfl. indir. Toutes s'étaient repeint les yeux et s'étaient fardées d'une façon pompeuse (Loti, Vertige mond., 1917, p. 108). − Au fig. Retracer, recréer par l'imagination. Le XVIIIesiècle revu et repeint par eux [les Goncourt] prend un aspect tout neuf et bien vivant; ils en adorent surtout les peintres (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 10, 1866, p. 398).Il y a des endroits [du passé] qu'on trouve si beaux qu'on les repeint tous les ans, des fois d'une couleur, des fois d'une autre, et ça finit par ne plus ressembler du tout à ce que c'était (Queneau, Pierrot, 1942, p. 97). REM. Repeint, subst. masc.,beaux-arts. Partie repeinte, restaurée d'un tableau. Il y a évidemment une juste mesure à garder. Mieux vaut encore ne pas toucher à la poussière des chefs-d'œuvre que les altérer à tout jamais par des repeints: mais ce n'est pas là le dernier mot de l'hygiène des tableaux dont on peut quelquefois prolonger par des soins appropriés la vie éphémère (Réau, Archives, bibl., musées, 1909, p. 29). Prononc. et Orth.: [ʀ
əpε
̃:dʀ
̥], (il) repeint [-pε
̃]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1290 « peindre de nouveau » (A. 128 ds Richard, Une petite-nièce de S. Louis, Mahaut, p. 329). Dér. de peindre*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 44. |