| RENGORGER (SE), verbe pronom. A. − [Le suj. désigne un oiseau] Avancer, gonfler la gorge en ramenant la tête en arrière. Une petite fille qui passa, courant derrière un cerceau, effraya les ramiers. Ils s'envolèrent (...) roucoulant et se rengorgeant d'une façon plus douce (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 870).Un matin, comme il s'en retournait par la courtine, il vit sur la crête du rempart un gros pigeon qui se rengorgeait au soleil (Flaub., St Julien l'Hospitalier, 1877, p. 87). B. − [Le suj. désigne une pers.] Même sens (vieilli); p. méton., prendre une attitude avantageuse, faire l'important. La bourgeoisie femelle se rengorgeait, portait la tête haute, avait la figure gonflée d'orgueil et l'œil brillant d'enthousiasme (Champfl., Bourgeois Molinch., 1855, p. 105).Il porte beau, se rengorge, est familier avec les autorités du pays, obséquieux avec les étrangers, hautain avec les inférieurs, fort de tout l'argent des touristes qu'il accompagne (Gide, Journal, 1914, p. 405). − Au part. passé. Roulant la taille, elles s'en allaient à petits pas, elles ralentissaient encore leur marche, lorsqu'elles traversaient le coup de lumière crue d'un grand café. Rengorgées, le rire haut, avec des regards en arrière sur les hommes qui se retournaient, elles étaient chez elles (Zola, Nana, 1880, p. 1312). − Se rengorger de + subst. ou verbe à l'inf.Kugelhopf se rengorgeait de pouvoir me donner ces détails [sur la révolution russe]. Lui, il avait pu s'échapper à temps par la Finlande (Cendrars, Dan Yack, Confess. Dan Yack, 1929, p. 293).Nous avons encore des gens graves, qui se prennent au sérieux, qui se rengorgent de leurs travaux et de leurs mérites (Léautaud, Passe-temps, 1929, p. 185). C. − Empl. trans., rare. [L'obj. désigne une partie du référent du suj.] Pour imiter l'aboiement du chien, Pati-Pati gonfle ses joues de poisson-lune, pousse ses yeux hors des orbites, élargit son poitrail en bouclier, et profère à demi-voix quelque chose comme: − Gou-gou-gou... Puis elle rengorge son cou de lutteur, sourit, attend les applaudissements, et ajoute, modeste: − Oa (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 216). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɑ
̃gɔ
ʀ
ʒe], (il se) rengorge [-gɔ
ʀ
ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. Prend e devant a et o: rengorgeai(s), rengorgeons. Étymol. et Hist. 1482 « faire l'important » (Guillaume Flamang, Vie et passion de St Didier, éd. J. Carnandet, p. 289). Dér. de engorger*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 125. DÉR. Rengorgement, subst. masc.,vx. Action de se rengorger; résultat de cette action. Rien au monde dans leur physionomie qui trahît le moindre souci, le plus petit trouble, le plus faible remords; au contraire, on devinait, au léger rengorgement de leur cou, ce légitime orgueil qui procède du contentement d'esprit (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 9).− [ʀ
ɑ
̃gɔ
ʀ
ʒ
əmɑ
̃]. − 1reattest. 1688 (La Bruyère, Caractères, V ds Littré); de rengorger, suff. -ment1*. |