| RENGAGER, RÉENGAGER, verbe trans. A. − [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose] 1. Mettre de nouveau en gage. Il sera obligé de rengager son domaine pour faire face à ses affaires (Littré). − Empl. abs. Tout le saint-frusquin y passait, le linge, les habits, jusqu'aux outils et aux meubles. Dans les commencements, elle profitait des bonnes semaines, pour dégager, quitte à rengager la semaine suivante (Zola, Assommoir, 1877, p. 645). 2. Reprendre le cours, le déroulement d'une action, d'un propos. Ce fut Griollet qui rengagea la conversation: − Je ne voudrais pas, mon lieutenant, que vous me preniez pour un homme qui se monte la tête (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 124). − Empl. pronom. passif. Comme un général mort, mais dont le nom promet des victoires, on l'a attaché sur son cheval, et la bataille se rengage autour de lui [Voltaire], comme autour du plus guerroyant (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 13, 1856, p. 9). B. − [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] 1. Entraîner de nouveau et plus fortement quelqu'un vers ou dans. Mais il faudra que ces chapitres soient isolés pour qu'ils ne me rengagent pas dans les discussions dans lesquelles je me perds (Constant, Journaux, 1805, p. 237).Si la chute grossière me rengageait vers la duplicité riante et perfide, celle-ci à son tour me renvoyait sans défense aux plus indistincts entraînements (Sainte-Beuve, Volupté, t. 2, 1834, p. 45). 2. Renouveler l'engagement de quelqu'un au service de quelqu'un, de l'armée. M. Bocage, homme économe et prudent (...), se garda bien de rengager Rouvière, et ici commence l'abominable épopée du comédien errant (Baudel., Art romant., Ph. Rouvière, 1855, p. 429). − Empl. pronom. ou intrans. Reprendre volontairement du service dans l'armée. Synon. pop. rempiler.Saqueville: (...) Danet, sais-tu ce que tu devrais faire? Danet: Quoi, mon colonel? Saqueville: Te réengager au deuxième spahis (Mérimée, Deux hérit., 1853, p. 111).On espérait toujours qu'il allait passer brigadier, mais il lui fallut rengager pour obtenir les galons (Aymé, Jument, 1933, p. 13). 3. Empl. pronom. S'attacher à quelqu'un par de nouveaux liens sentimentaux. D'estrigaud: Elle a de trop bonnes raisons de ne pas se remarier!... Lucien: Note bien que je ne tiens pas autrement à la voir se rengager. Je dirai même que je ferais une guerre acharnée à tout prétendant qui ne serait pas toi (Augier, Contagion, 1866, p. 415). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɑ
̃gaʒe], [ʀeɑ
̃-], (il) rengage/réengage [-ga:ʒ]. Ac. dep. 1694: rengager. Littré, Lar. Lang. fr.: réen-, ren-; Rob. 1985: ren- ou réen-. Conjug., v. engager. Étymol. et Hist. 1. a) 1471 « lier à nouveau par une promesse, un engagement » (Jean de Waurin, Rec. des chroniques, éd. W. Hardy, vol. V, p. 514); b) 1718 « mettre en gage à nouveau » (Ac.); 2. 1583 « engager à nouveau » (Jodelle,
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 2, p. 142); 3. 1779 spéc. subst. rengagé « celui qui a repris du service dans l'armée » (Réglement... ds Rec. gén. des anc. lois fr., t. 26, p. 31 ds Quem. DDL t. 15). Dér. de engager*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 21. DÉR. Rengagement, réengagement, subst. masc.Fait de rengager ou de se rengager. Odile empêchera votre réengagement au gymnase (Goncourt, Ch. Demailly, 1860, p. 348).Domaine milit.Nouvel engagement dans l'armée; p. méton. , durée de cet engagement. Parvenu à son grade à coups de rengagements, de larmoiements et de platitudes, il promenait à travers la vie l'âpre conscience de sa non-valeur (Courteline, Train 8 h 47, 1888, 1repart., 2, p. 16).− [ʀ
ɑ
̃gaʒmɑ
̃], [ʀeɑ
̃-]. Ac. dep. 1718: ren-; Littré, Lar. Lang. fr.: réen-, ren-; Rob. 1985: ren-, réen-. − 1reattest. 1718 rengagement dans un parti (Ac.); de rengager, suff. -ment1*. |