| RENFLOUER, verbe trans. A. − MAR. [L'obj. désigne un navire] Remettre à flot. Synon. vieilli afflouer.La tempête avait jeté si loin ce bâtiment, écrivait l'armateur, qu'il avait été impossible de le renflouer et qu'on avait dû enlever au plus vite tout ce qui pouvait en être détaché (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Épave, 1886, p. 718).Un certain nombre de bâtiments coulés dans les ports européens ou en eau peu profonde ont été renfloués et remis en service (Le Masson, Mar., 1951, p. 98). − P. métaph. Elle était avec cela mariée et séparée d'un époux qui la foulait à coups de poings, et cependant quand elle y songeait elle avait de grosses larmes dans les yeux, pleurant sur son sort, répétant qu'elle eût aimé à vivre près de lui et à avoir des enfants. Elle eût été insupportable si elle n'avait servi au poète de havre où il renfloua sa barque en détresse (Huysmans, Marthe, 1876, p. 118). B. − Au fig. Rétablir par un apport de fonds la situation financière compromise (d'une entreprise, d'une personne). On connaît des affaires qui sont si mauvaises qu'on ne songe même pas à emprunter de l'argent pour les renflouer (Céline, Voyage, 1932, p. 310).Non, mon vieux, je te demande bien pardon, ils n'ont pas déposé leur bilan; il avait été question qu'ils le déposent mais la banque de France les a renfloués (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 236). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɑ
̃flue], (il) renfloue [-flu]. Att. ds Ac. dep. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1529 « remettre à flot (un bâtiment échoué) » (J. et R. Parmentier, Voyages, p. 15 ds Gdf. Compl.), attest. isolée; de nouv. 1825 « id. » (Will. d'apr. Littré); 2. fig. a) 1924 (Levinson, Danse, p. 57: le deuxième tableau [du Sacre du printemps] renfloue la pièce); b) α) 1932 « sauver de difficultés financières en fournissant des fonds » (Céline, loc. cit.);
β) 1939 renflouer qqn (Drieu la Roch., Rêv. bourg., p. 92). Formé à partir du subst. norm. flouée « marée » (1604, Beaurepaire, Vicomté de l'eau de Rouen, 160 ds Romania t. 33 1904, p. 358), tiré du subst. norm. et agn. flot « marée » (v. flot1); du préf. re-*; de -en2et de la dés. -er. Fréq. abs. littér.: 23. DÉR. 1. Renflouable, adj.Qui peut être renfloué. Tous les fonds du globe, en somme, regorgeaient de coffres inviolés, de galiotes farcies de diamants... peu de détroits, peu de criques, de golfes, de rades ou d'embouchures qui ne recélassent sur la carte quelque pharamineux butin!... très facilement renflouable à partir de quelque cent mètres! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 515).− [ʀ
ɑ
̃fluabl̥]. − 1reattest. 1936 id.; de renflouer, suff. -able*. 2. Renflouage, renflouement, subst. masc.a) Mar. [À propos d'un bateau] Remise à flot. Un marin ne pouvait se tromper à la disposition particulière et à la couleur des bandes de nuages (...). John Mangles fit part de ses observations à Glenarvan, et lui proposa de remettre au lendemain l'opération du renflouage (Verne, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 52).Je reprenais mes promenades dans les rues, m'arrêtant aux encombrements, tenant à encombrer pour ma part, aidant de ma présence, du haut des ponts, au renflouement d'une péniche (Giraudoux, Simon, 1926, p. 116).b) Au fig. Fait de rétablir une situation financière compromise. Le capitalisme défaillant a appelé la collectivité au secours; celle-ci a procédé à des renflouements en prenant des participations en capital (Univers écon. et soc., 1960, p. 22-12).P. anal. J'allai voir un certain abbé Beaudin, dont Jacques même m'avait parlé avec estime, et qui se spécialisait dans le renflouage des intellectuels en perdition (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 245).− [ʀ
ɑ
̃flua:ʒ], [-mɑ
̃]. Att. ds Ac. 1935. − 1resattest. a) renflouage
α) 1868 « remise à flot (d'un navire, coulé, échoué) » (Verne, loc. cit.),
β) 1948 fig. (Druon, Gdes fam., t. 2, p. 114), b) renflouement
α) 1870 « remise à flot (d'un navire coulé, échoué) » (Littré),
β) 1877 fig. (A. Daudet, Nabab, p. 41); de renflouer, a suff. -age*, b suff. -(e)ment1*. BBG. − Berghammer. Un Bonnet tricolore au dict. F-E-D. Leb. Spr. 1979, t. 24, n o1, p. 40. − Darm. 1877, p. 142. − Meier (H.). Lateinisch-romanische Etymologien. Wiesbaden, 1981, p. 84. |