| RENCHÉRIR, verbe A. − Empl. trans., vieilli. [Le suj. désigne une pers. ou une chose] Rendre plus cher, plus coûteux. Synon. augmenter, enchérir.Des impôts lourds et nombreux renchérissent les produits et obligent la plupart des consommateurs à s'en passer (Say,Écon. pol., 1832, p. 151): ... le coût élevé de la main-d'œuvre a rendu le placement des pierres de menu calibre presque impossible; la taille de ces dernières renchérit leur prix dans une telle proportion que l'acheteur préfère acquérir une grosse pierre que plusieurs petites...
Metta,Pierres préc., 1960, p. 115. B. − Empl. intrans. [Le suj. désigne une chose] Devenir plus cher. Tout renchérit. La vie, déjà fort chère à notre arrivée, est renchérie depuis, et renchérira encore (Hugo,Corresp., 1825, p. 418).Seuls les produits de luxe renchériront à volonté (De Gaulle,Mém. guerre, 1959, p. 118). C. − Empl. trans. indir. 1. [Le suj. désigne une pers.] Renchérir sur qqc.Faire une enchère supérieure. Synon. enchérir.Je me suis entêté à renchérir sur ce volume, je ne sais pourquoi, pour le plaisir de faire enrager un monsieur qui s'acharnait dessus et semblait me défier de l'avoir (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 32). − Empl. abs. Delarocque proposa le cours de la veille. − À 3.030, je prends l'Universelle. Mais, tout de suite, un autre agent renchérit. − À 3035, envoyez l'Universelle (Zola,Argent, 1891, p. 328). 2. Au fig. Renchérir (sur qqn, sur qqc.).Aller plus loin (que quelqu'un d'autre) en actes ou en paroles, aller au-delà (de quelque chose). a) [Le suj. désigne une pers.] Renchérir sur qqn (de qqc.).Quelquefois Deschartres, assistant à la leçon, renchérissait sur le professeur pour nous reprocher de marcher et de danser comme des ours ou des perroquets (Sand,Hist. vie, t. 2, 1855, p. 384).Plusieurs fois il [Marat] s'était élevé contre les énergumènes qui renchérissaient sur lui de patriotisme (A. France,Dieux ont soif, 1912, p. 92). b) [Le suj. désigne une pers. ou une chose] Renchérir sur qqc.Renchérir sur le ridicule, sur des critiques, des propos. Une foule d'imaginations déréglées, qui successivement renchérissaient les unes sur les autres par de nouvelles turpitudes et de nouvelles atrocités (Marmontel,Essai sur rom., 1799, p. 291).Au siècle dernier, Justus von Liebig, grand chimiste allemand, émettait des affirmations catégoriques, où il renchérissait même sur la fameuse boutade de Diderot: « ... il ne faut pas comprendre la chimie, il ne faut pas connaître son histoire pour avoir, comme beaucoup de gens, ce dédain prétentieux et ridicule pour l'époque de l'alchimie (...) » (Caron, Hutin,Alchimistes, 1959, p. 85). c) Empl. abs. Renée avoua qu'au pensionnat les petites filles étaient très polissonnes. Maxime renchérit et osa raconter quelques-unes des hontes du collège de Plassans (Zola,Curée, 1872, p. 429).Je multiplie les nuances, les digressions aussi, j'adapte enfin mon discours à l'auditeur, j'amène ce dernier à renchérir (Camus,Chute, 1956, p. 1545). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɑ
̃
ʃeʀ:ʀ], (il) renchérit [-ʃeʀi]. Ac. 1694, 1718: -che-; dep. 1740: -ché-. Étymol. et Hist. 1. a) 1erquart xiiies. trans. « redonner de la valeur à » fig. (Renclus de Moiliens, Miserere, éd. A. G. Van Hamel, 263, 5); b) 1283 « augmenter de prix » (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1138); 1340 spéc. « faire une enchère sur quelqu'un » (Lett. de Ph. de Val., A.N. JJ 72, f o93 r ods Gdf. Compl.); c) 1616 « aller encore plus loin (en paroles) » (D'Aubigné, Hist. univ., II, 14, ibid.); 2. 1349 faire le rencheri « se faire prier » (Songe vert, 905 ds T.-L.). Dér. de enchérir*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 150. DÉR. Renchérisseur, -euse, subst.,rare. Personne qui renchérit (v. supra C 2). P. anal. Ne nous laissons pas ensevelir (...) sous les démagogues, les renchérisseurs au contagieux délire (Arnoux,Roi, 1956, p. 321).− [ʀ
ɑ
̃
ʃeʀisœ:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1resattest. 1340 renchierisseur (Arch. JJ 72, f o227 v ods Gdf.) − 1515, v. Gdf., à nouv. dep. Littré Add. 1872; de renchérir, suff. -eur2*. BBG. − TLF. Nancy. Notes de lexicogr. crit. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1986, t. 24, n o1, p. 232. |