| REMUER, verbe I. − Empl. trans. A. − 1. [Le compl. d'obj. dir. désigne un objet inerte isolé] Changer de position, de place. Synon. déplacer.Remuer une chaise, de la vaisselle, des pierres; lourd à remuer. Aussitôt toutes les gamines s'agitent comme si le feu était à leurs bas; on se pousse, on se pince, on remue les bancs, les livres tombent, nous les empilons dans nos grands tabliers (Colette,Cl. école, 1900, p. 48).C'était des braves petites bêtes (...) ils m'attendaient dans la soupente... Dès qu'ils m'entendaient remuer l'échelle... Ils roucoulaient double! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 503). − En partic. a) Remuer la terre. Transporter de la terre d'un endroit à un autre; en partic., ,,creuser et porter de la terre pour faire des retranchements`` (Ac. 1835-1935). Les Allemands avaient tant remué la terre autour de nous, que leurs tranchées touchaient presque nos redoutes, et qu'on aurait dit, du haut des remparts, une grande taupinière à perte de vue (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 124).Les Soviets ne pouvaient pas s'équiper en un an; il fallait remuer la terre, barrer des fleuves (Alain, Propos, 1935, p. 1264). ♦ Remuer (la terre). (La) travailler pour (la) cultiver. Synon. retourner.Des champs fraîchement remués dont la terre était brune (Fromentin, Dominique, 1863, p. 26). b) Remuer des documents, des papiers, etc. Manipuler des documents, des papiers pour faire une recherche. En remuant ses paperasses sur sa table, il rencontra la lettre d'Hussonnet (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 22).Les érudits ont remué les archives des familles et des paroisses, et sa vie désormais nous est assez bien connue (Guéhenno, Jean-Jacques, 1948, p. 43). c) COMPTAB. Remuer un compte. Renvoyer un compte d'un folio à un autre (Dict. xxes.). d) Vx. Remuer un enfant. ,,Le nettoyer et le changer de langes`` (Ac. 1835-1935). 2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose mobile autour d'un point, d'un axe, d'une chose] Faire osciller. Vent qui remue les branches. Les parterres de Saint-Cloud embaumaient; le souffle de la Seine remuait vaguement les feuilles (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 162).Quelqu'un remua le bouton de la serrure (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 670). − Expr. fig. Remuer le couteau dans la plaie. V. couteau A 2 d. 3. En partic. [Le compl. d'obj. dir. désigne une partie du corps] Mouvoir. Remuer les bras, la tête, les hanches, les lèvres; chien qui remue la queue. La mouche remua une aile frileuse, fléchit sur ses pattes, et s'envola (Camus, Exil et Roy., 1957, p. 1557): 1. − J'aimerais savoir qui était du jury. − Veux-tu que j'écrive à Largilier pour le lui demander? dit Christine, soucieuse de satisfaire ce caprice de malade (...). Augustin sourit, remua l'index de gauche à droite.
Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 495. − Expr. N'avoir qu'à/ne pas remuer le (petit) doigt (v. ce mot I C 1). Ne remuer ni pied ni patte (v. patte1B 4). Remuer le cœur, l'estomac, les entrailles. Provoquer des nausées ou un sentiment de dégoût. L'horreur de la secousse molle dont l'omnibus leur avait remué les entrailles, en passant sur le corps (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 749).Le flot copieux de quelque valse viennoise (...) remue les estomacs et les cœurs (Ponge, Parti pris, 1942, p. 52). B. − 1. [Le compl. d'obj. dir. désigne des objets mobiles, des éléments de petite dimension qui constituent un ensemble ou un fluide] Déplacer un ensemble d'éléments. Remuer du grain, la vase, des cendres; remuer des objets dans un tiroir. M. le baron de Chemillé (...) remuant les cailloux avec sa canne (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p. 12).Je remue l'eau, pour attirer le poisson (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1316).Une grande pelle de bois, celle dont on se sert dans les greniers pour remuer le blé (Pesquidoux, Chez nous, 1923, p. 67). − P. anal. Et la cloche tintait longtemps (...) tantôt assourdie, tantôt rapprochée, au gré des souffles tièdes qui remuaient l'air (Loti, Rom. enf., 1890, p. 148). − En partic. Tourner et retourner (une boisson, une préparation, un aliment). Remuer une sauce, une vinaigrette; remuer un café (pour faire fondre le sucre); remuer la soupe. Maurice assaisonnait méticuleusement la salade et la remuait avec des spatules de bois (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 78): 2. Le forgeron fumait sa pipe, en regardant Gervaise tourner autour du malade. (...) il s'attendrissait à la voir verser de la tisane dans une tasse, remuer le sucre sans faire de bruit avec la cuiller.
Zola, Assommoir, 1877, p. 486. 2. Au fig. a) Loc. verb. fam. Remuer l'argent (à la pelle); remuer l'or/des capitaux/des millions, p. méton., des affaires. Disposer de capitaux importants et les faire travailler, brasser beaucoup d'affaires. Bientôt, remuant les capitaux à la pelle, il eut huit maisons sur les nouveaux boulevards (Zola, Curée, 1872, p. 419).Il remuait les millions et regardait aux centimes (A. France, Vie fleur, 1922, p. 514). b) Loc. verb. Remuer la boue, la merde (vulg.), l'ordure. S'intéresser à des affaires louches, à des scandales ou les évoquer. Bah! ç'a été un moment, une folie... et puis tiens! Je t'en prie, ne me fais pas parler de ces choses... J'aurais peur de te salir en remuant toute cette boue devant toi (A. Daudet, Arlésienne, 1872, iii, 5etabl., 11, p. 430). − Proverbe, vulg. Plus on remue la merde, plus elle pue. V. merde I A. c) [En parlant d'événements passés plus ou moins oubliés] Ressasser ou évoquer dans une conversation. Remuer des souvenirs. Dans cet accablement, toute la famille d'ailleurs, les yeux vagues, continuait à remuer les amertumes de son histoire. Jamais la chance ne leur avait souri (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 412).Je me suis revu dans l'avenue Victor Hugo, en 1908 ou 10, par une après-midi de mars, avec ma mère; mais à quoi bon remuer tout cela? On n'en tire aucun profit (Green, Journal, 1941, p. 162). − Loc. verb., vieilli. Remuer la cendre de qqn. Fouiller dans le passé, dans la vie de quelqu'un, pour juger ses actes. Il n'y a pas d'utilité à remuer la cendre des morts (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 353).« Toi?... son frère? » dit-elle simplement, avec un peu de surprise, − mais avec tant d'indifférence que j'en restai confondu. − Et je regrettais déjà d'être venu remuer cette cendre, pour n'y trouver que banalité et désenchantement (Loti, Mariage, 1882, p. 186). C. − Au fig. 1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose abstr.] Mettre en mouvement, en branle. Synon. stimuler.Si l'on donne des citations, qu'on insiste sur Waterloo, qu'on fasse ressortir ce que ce livre a de national, qu'on remue la fibre française (Hugo, Corresp., 1862, p. 388).Paul la dévorait du regard, cherchant ce qu'il fallait faire pour éveiller son attention, pour remuer sa curiosité (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Sœurs, 1884, p. 1259). − En partic. Agiter, brasser. Remuer des paradoxes, des idées. Deux ou trois augures cherchaient pourquoi le catholicisme trouve plus que jamais audience dans la jeunesse la mieux instruite. Ils ne remuaient que les lieux communs (Alain, Propos, 1931, p. 1027). 2. [Le compl. d'obj. dir. désigne un ensemble de pers., ou un groupe hum.] Solliciter, pousser à agir. Remuer l'opinion, la société. Comprenez-vous l'embêtement d'être condamné pour immoralité? (...). J'ai remué pas mal de monde, mais je doute fort du succès (Flaub., Corresp., 1856, p. 214).C'est maintenant qu'elle allait pouvoir agir, remuer des gens. Elle venait de vendre quelques bijoux, de rassembler ses économies. Elle s'était abouchée enfin avec des agences sérieuses (Martin du G., Thib., Consult., 1928, p. 1095). ♦ Expr. Remuer ciel et terre. V. ciel I B 1 b. − En partic., vieilli. Pousser à la révolte. Synon. agiter, soulever.Remuer des hommes. On remua les associations secrètes, on opéra le soulèvement de toute la population allemande (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 16). 3. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers. ou un ensemble de pers.] Ébranler quelqu'un sur le plan intellectuel ou émotionnel; émouvoir profondément. Synon. atteindre, ébranler, bouleverser, retourner.Remuer aux larmes. C'est à propos du Normandy, catastrophe qui a remué l'Angleterre pendant que la Haute-Cour absorbait la France (Hugo, Corresp., 1870, p. 247).Le visage est revenu l'autre soir avec une netteté effrayante me remuer jusqu'au cœur, me remuer à en pleurer (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1905, p. 20). − [P. méton. du compl. d'obj. dir.] Souvenir qui remue l'imagination, voix qui remue les cœurs. La sensibilité que montre un intrépide guerrier remue l'âme d'une façon toute nouvelle (Staël, Allemagne, t. 3, 1810, p. 26).Elle se tenait cachée derrière la porte, pour épier le babillage enfantin, qui lui remuait le cœur (Rolland, J.-Chr., Maison, 1909, p. 1057). II. − Empl. intrans. A. − 1. [Le suj. désigne un animé] Faire un ou plusieurs mouvements. Synon. bouger.Femme enceinte qui sent son enfant remuer. On l'entendait tousser, haleter et remuer au fond de ce trou (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Père Amable, 1886, p. 226).Et dans l'étable On entend remuer les bêtes dans la paille (Ch. Guérin, Cœur solit., 1904, p. 167). − [P. méton.; le suj. désigne une partie du corps] Épaules, lèvres, pieds qui remuent. Je ne déteste pas ça, ces petits nez qui remuent quand la bouche parle (Dumas fils, Fils natur., 1858, prol., 9, p. 49).Armand regardait la femme avec un attendrissement certain. Elle était jeune, et sa poitrine remuait quand elle chantait (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 108). ♦ Expr. Ton nez remue! V. nez I D 2. 2. P. ext. [Le suj. désigne une pers.] Agir, s'agiter. Remuer d'émotion, d'impatience; il ne peut rester sans remuer. Ils ne savent échapper à l'ennui secret qui les ronge qu'en remuant toujours (Delécluze, Journal, 1824, p. 22).Nous avons des outils. Nous allons creuser le bout de la sape jusqu'à l'air libre, en nous relayant (...). J'aime mieux remuer que de me morfondre (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 22). 3. Au fig., vieilli. [Le suj. désigne un ensemble de pers. ou un groupe hum.] Se montrer actif, s'agiter; commencer à se soulever. De son côté l'opposition (...) remue afin d'avoir des places; elle se plaint; elle est hargneuse (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 519). B. − [Le suj. désigne une chose] Être animé d'un mouvement alternatif, osciller. Synon. bouger.Dent de lait qui remue; blés qui remuent au vent. Les ailes de sa coiffe qui remuaient au vent (Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 389): 3. Que veux-tu, ma petite Fanny, il est comme ça... Et puis, il faut se rendre compte qu'il ne doit pas avoir beaucoup de temps pour écrire, et puis sur un bateau, c'est difficile; ça remue tout le temps, tu comprends...
Pagnol, Fanny, 1932, I, 1ertabl., 14, p. 58. III. − Empl. pronom. [Le suj. désigne une pers.] A. − Faire des mouvements, se déplacer. Synon. bouger, se mouvoir.Avoir de la peine à se remuer; enfant qui ne cesse de se remuer. J'ai sur les reins une espèce de rhumatisme (...). Cela m'empêchera d'aller vous voir dimanche, car je me remue difficilement (Lamennais, Lettres Cottu, 1821, p. 113).Il commença de nouveau à l'épier avec méfiance (...). Elle se remua pour détourner son attention (Drieu La Roch., Rêv. bourg., 1937, p. 110). − [P. méton.] Je piochais le jardin, j'épluchais les légumes; et, elle, ses dix doigts ne se remuaient que pour arranger des chiffons! (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 97). B. − Vieilli. Déménager. Je sais bien que j'ai ma chambre chez eux, et une chambre que m'envie le maître de la maison. Mais je suis si lâche pour me remuer maintenant et j'ai si peur de tomber malade chez les autres! (Goncourt, Journal, 1887, p. 677). C. − Au fig., fam. Agir, faire des efforts pour atteindre un but. Synon. s'activer, se décarcasser (fam.), se démener, se dépenser.Allons, remue-toi! Quand vous vous êtes remué pour eux [les gens], vous croyez avoir tout fait. Vous vous trompez; il serait bien aimable de leur donner signe de vie quelquefois (Flaub., Corresp., 1846, p. 328).L'aîné casé, la mère se remue pour faire donner de l'instruction au second (Goncourt, Journal, 1875, p. 1078). Prononc. et Orth.: [ʀ
əmɥe], (il) remue [-my]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 « opérer un changement, changer » (Roland, éd. J. Bédier, 779: La rereguarde est jugee sur lui [Rollant]: N'avez baron qui jamais la remut); 2. a) déb. xiies. a remüers « de manière à changer, de rechange; en quantité » (Benedeit, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 601); b) 1174-76 remuer sun abit « changer de vêtement » (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 534); 3. 1130-40 « permuter » (Wace, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 1097); 4. ca 1213 remuer les plaies « en changer le pansement, les panser » (Faits des Romains, éd. L. F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, III, 18, § 25, p. 688, 21). B. Mettre en mouvement, agiter (quelque chose de mobile) 1. a) ca 1135 trans. ne remüer ne les mains ne les piez (Couronnement de Louis, éd. Y. Lepage, réd. AB, 1944); b) ca 1223 intrans. (Gautier de Coinci, Miracles, éd. Fr. K. Koenig, 1 Mir 11, 1866: Li cuers de joie me remue); 2. a) 1174-77 remuenz [en parlant de Renart] « en continuel mouvement, rapide, vif » (Renart, éd. M. Roques, 5980); b) α) ca 1200 remuant [En parlant d'un cheval] (Raimbert de Paris, Ogier le Danois, 11101 ds T.-L.);
β) ca 1200 intrans. [id.] (Jean Bodel, Saisnes, éd. F. Menzel et E. Stengel, 1327: Chascuns monte el cheval, qui li saut et remue). C. Mettre en mouvement (un objet isolé) 1. une personne a) α) ca 1160 réfl. « se déplacer, se mettre en mouvement » (Eneas, 3194 ds T.-L.); 1176-81 intrans. sanz remüer (Chrétien de Troyes, Chevalier au lion, éd. M. Roques, 595);
β) ca 1160 réfl. « s'en aller » (Eneas, 6226 ds T.-L.); b) ca 1165 trans. « repousser, chasser (l'ennemi) » (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 8827, ibid.); c) ca 1213 fig. part. passé « issu de » dans le syntagme uns cosins remuez « un cousin issu [de germain] » (Faits des Romains, III, 17, § 4, p. 666, 21); 1265 coisin remué de germain (Livre de jostice et de plet, éd. Rapetti, II, VI, 19, p. 234); 2. un inanimé a) 1160-74 « déplacer, bouger » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 1246: A la charue apleiz soc et coutre lessa, Ne vout rienz remuer); 1421-23 milit. remuer les terres des bolvars (doc. Arch. Orléans ds Gdf. Compl.); b) ca 1213 remuer hostel « déménager » (Faits des Romains, I, 2, § 4, p. 656, 33); 1252 intrans. « id. » (Arch. Douai QQ, fol. XLIII v ods M. Tailliar, Rec. d'actes en lang. wal., Douai, 849, p. 207); ca 1283 (Livre Roisin, éd. R. Monier, § 92, p. 64), cf. remuer mesnage, v. remue-ménage. D. Mettre en mouvement, agiter les parties mobiles d'un ensemble 1. ca 1170 intrans. « bouillonner, être en effervescence » (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 3705: An tot le cors de li n'ot vainne Don ne li remuast li sans); 2. a) xiiies. trans. remuer la plume [de la coute] (Narcisse, éd. M. T. Thiry-Stassin et M. Tyssens, 197, var. ms. A); ca 1393 grains tribler et remuer (Ménagier de Paris, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 4, 25); b) xiiies. empl. abs. (Chrétien de Troyes, Chevalier au lion, 1187, var. mss A et P: Lors ont par tot cerchié et quis Et reverchié et remué, Si que tuit furent tressüé). E. fig. 1. « changer » a) 1174-78 intrans. « changer de conduite » (Étienne de Fougères, Livre des manières, éd. R. A. Lodge, 893); ca 1223 trans. changer son affaire « id. » (Gautier de Coinci, Miracles, 1 Mir 11, 1569); b) ca 1265 remuer les meurs et les us (Brunet Latin, Trésor, II, 40, éd. Fr. J. Carmody, p. 207); 2. 1176 trans. remuer son cuer « le déplacer, en changer le but, l'objet » (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 4476 : Ja nel [mon cuer] quier remuer, Einz voel qu'a son seignor remaingne); 3. a) ca 1200 intrans. « entrer, être en mouvement, en action » (Jean Bodel, op. cit., 1341: Don n'i ot si harde cui pansers ne remue); b) fin xves. réfl. soi remuer de + inf. « se mettre en branle pour; en mesure de » (Les franches repues de Fr. Villon ds
Œuvres de Fr. Villon, éd. P. Lacroix, Paris, 1877, p. 216); 1668 se remuer empl. abs. « se mettre en branle, faire des efforts pour atteindre un but; réussir » (La Fontaine, Fables, VI, 18); c) 1588 trans. « mettre en branle, en alerte, agiter » remuer le ciel et la terre à la fois (Montaigne, Essais, III, 11, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 1025); 1671 remuer ciel et terre (Pomey); 4. ca 1270 trans. remüer le cuer [a aucun] « ébranler, troubler, émouvoir » (Richard le Beau, 2384 ds T.-L.); 1735-41 se sentir remuée jusqu'au fond de l'âme (Marivaux, Vie de Marianne, 4epart. ds Romans, éd. M. Arland, p. 221); 5. a) 1538, 10 juil. réfl. « être fomenté, tramé » (Calvin, Lettres, éd. J. Bonnet, t. 1, p. 10: Il se remue pour le present une afaire de merveilleuse consequence), cf. remuer mesnage, v. remue-ménage; b) α) 1607 intrans. « susciter le trouble, la sédition« (Hulsius d'apr. FEW t. 6, 2, p. 288b); 1653 (Vaugelas, Quinte Curce, IX, Paris, A. Courbé, p. 703;
β) 1681 trans. « soulever, appeler à la révolte » remuer l'Orient (Bossuet, Hist. universelle, I, 9eépoque ds
Œuvres, éd. Velat et Y. Champaillier, Paris, 1961, p. 715). Dér. de muer*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 3 727. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 732, b) 6 461; xxes.: a) 7 675, b) 4 594. DÉR. Remuable, adj.a) [En parlant d'une chose] Que l'on peut remuer, déplacer. (Dict. xixeet xxes.). Meuble peu remuable. b) Au fig., vx. [En parlant d'une pers.] Qui peut s'émouvoir, capable d'être touché. Synon. sensible.Les erreurs que j'ai commises en politique sont venues de l'idée que les hommes étaient toujours remuables par la vérité, si elle leur était présentée avec force (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 502).− [ʀ
əmɥabl̥]. − 1resattest. a) ca 1265 « changeant, sujet à changement » (Brunet Latin, Trésor, I, 11, éd. Fr. J. Carmody, p. 26 [oppos. à parmanable], b) 1596 « que l'on peut mouvoir » (Hulsius, d'apr. FEW t. 6, 2, p. 289b), très rare jusqu'à 1834, Land., c) 1796 « susceptible d'être touché, ému par quelque chose » (Staël, De l'infl. des passions ds
Œuvres, publiées par son fils, 1820-21, t. 3, p. 293, d'apr. B. W. Jasinski ds éd. Corresp., t. 1, 1, 1962, p. 58); de remuer, suff. -able*. |