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REMUEMENT, subst. masc.
A. −
1. Action de remuer (v. ce mot I); résultat de cette action. Remuement de papiers, de vaisselle; remuement de jambes. Elle faisait onduler par le remuement de sa hanche sa robe dont la soie du bas luisait (Huysmans, Sœurs Vatard, 1879, p. 139).Elle eut le temps de distinguer, au remuement de sa mâchoire, qu'il avait gardé sa gomme dans la joue (Montherl., Songe, 1922, p. 187).
En partic. Remuement des terres. Transport d'une grande quantité de terre d'un lieu à un autre. Le remuement des terres coûte beaucoup (Ac.1798-1878).
P. anal. Ces apôtres [de l'école saint-simonienne], qui devaient abolir le prolétariat et guérir la misère (...) ont fait un immense remuement de capitaux (Proudhon, Pornocratie, 1865, p. 132).
P. méton. Bruit produit par le remuement de quelque chose. Remuement de chaises. À tout ce qui gazouille, à tout ce qui se tait, Le remuement confus des feuilles s'ajoutait (Hugo, Légende, t. 5, 1877, p. 1137).Un silence limoneux, fait de murmures étouffés, de toux, de respirations asthmatiques et d'un remuement de chaussures sur le plancher mouillé (Duhamel, Confess. min., 1920, p. 138).
2. Action de (se) remuer (v. ce mot II, III); mouvement de ce qui (se) remue. Remuement dans une assistance; remuement de la foule. L'Océan fut agité par des mouvements qui lui parurent extraordinaires. C'était un remuement d'eaux qui montrait la mer travaillée intestinement (Balzac, Enf. maudit, 1831, p. 386).Correct, précis, mais savant sans profondeur, intelligent sans élévation (...) il se détendait seulement dans l'intimité avec Mmede Penhauën, dont les remuements, les gentillesses, les gamineries d'écureuil échappé, fouettaient ses sens lassés (Céard, Soir. Médan, Saignée, 1880, p. 174).
B. − Au fig.
1. Mouvement, agitation. J'ai vu le remuement des villes, et le vide des campagnes (Senancour, Obermann, t. 1, 1840, p. 137).L'exposition (...) de 82, elle avait servi à rien qu'à contrarier le petit commerce (...). De tant de tapage, de remuements et d'esbrouffe, il était rien subsisté, que deux ou trois terrains vagues et des plâtras (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 92).
En partic., vieilli. Agitation, bouleversement d'ordre politique ou social. Synon. trouble.La force sociale, dans ces sortes de remuements, est sourde (...). Chaque crise sociale (...) n'enfante qu'en détruisant (Sainte-Beuve, Pensées, 1868, p. 118).Il y avait par là cinq cents cavaliers français qui pillaient quelque peu (...). Verrait-on la guerre dans le pays? Qu'était devenu Robert dans ce remuement? (Pourrat, Gaspard, 1925, p. 88).
2. Action de mettre en mouvement, d'agiter des choses abstraites; résultat de cette action. René-Jean était demeuré rêveur. Comment les idées se décomposent-elles et se recomposent-elles dans ces petits cerveaux-là? Quel est le remuement mystérieux de ces mémoires si troubles et si courtes encore? (Hugo, Quatre-vingt-treize, 1874, p. 111).Je ne voyais plus, dans tout ce que les hommes ont écrit, qu'un stérile remuement de pensées et d'images qui se perpétuait depuis des siècles (Lacretelle, Silbermann, 1922, p. 170).
3. Action d'émouvoir; résultat de cette action. Le remuement des cœurs par le fil secret des passions (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 74).Il faut fixer votre attention sur les objets que voient vos yeux (...) afin de mettre un terme à ce remuement intérieur, à ce dangereux brassage et remâchage de souvenirs (Butor, Modif., 1957, p. 130).
Prononc. et Orth.: [ʀ əmymɑ ̃]. Ac. 1694-1762: -muement; 1798-1878: -muement ou -mûment; 1935: -muement. V. gaiement. Étymol. et Hist. A. 1. 1155 « changement, modification » (Wace, Brut, 3775 ds T.-L.); 2. ca 1265 « bouleversement, trouble » remuement de fortune (Brunet Latin, Trésor, III, 41, éd. Fr. J. Carmody, p. 353). B. Ca 1170 « action de remuer, de déplacer (une chose) » (Rois, I, VI, 19, éd. E. R. Curtius, p. 14: [le] remuement de l'arche). Dér. de remuer*; suff. -(e)ment1*. Fréq. abs. littér.: 137.