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REMOUS, subst. masc.
A. −
1. MAR. Tourbillon qui se produit dans la masse d'eau qui avoisine un courant (d'apr. Soé-Dup. 1906).
a) Tourbillon qui se produit à l'avant et à l'arrière d'un bateau en marche. Le bateau passa sur l'eau que broyait son hélice; et, les remous du sillage atteignant la berge, il sembla que la maison penchée sur le fleuve se balançait comme un navire (A. France, Lys rouge, 1894, p. 303).Branches et feuilles baignent et flottent, et le remous du bateau, comme par une indirecte caresse, en passant les soulève doucement (Gide, Voy. Congo, 1927, p. 697).
b) Contre-courant qui s'établit le long des rives d'un cours d'eau ou au pied d'une chute d'eau. Remous d'une rivière, remous dangereux. Tous les trois ayant loué un grand bateau, allèrent s'accrocher presque sous la chute du barrage, dans les remous où l'on prend le plus de poisson (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 302).Le quai de Thérapia (...) me plaît (...) à cause d'un remous de courant qui s'y brise avec de vraies vagues clapotantes et bouillonnantes: − les seules vagues de tout le Bosphore (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 120).
c) Mouvement, tourbillon provoqué par le refoulement de l'eau au contact d'un obstacle ou d'un objet en mouvement. Remous des vagues au pied d'une falaise. On apercevait distinctement le premier de ces jeunes hommes flotter, entre deux eaux, dans le remous de la pile (Duhamel, Journal Salav., 1927, p. 168):
1. Quand Barazère fut couché sur la grande planche neuve, en porte-à-faux au-dessus des lames pleines d'écume, tous les bonnets des marins s'abaissèrent pour un salut suprême (...) et puis, à mon commandement, la planche bascula et on entendit le bruit sourd d'un grand remous dans les eaux. Loti, Mon frère Yves, 1883, p. 368.
2. P. anal.
a) Mouvement, tourbillon qui se produit dans l'air. Forts remous. De près, des gouttes sans force retombaient de la colonne d'eau en croisant au passage leurs sœurs montantes, et parfois, déchirées, saisies dans un remous de l'air troublé par ce jaillissement sans trêve, flottaient avant d'être chavirées dans le bassin (Proust, Sodome, 1922, p. 656).Des gouttes de pluie voltigeaient encore parmi les remous du norois (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 301).
P. méton. Sous un remous de feuilles mortes jusqu'au haut des platanes, la foule ondula comme si elle eût cherché un chemin (Malraux, Espoir, 1937, p. 659).
En partic. Turbulence. Impossible de gagner dix mètres. Un coup d'œil sur la dune qui vous arrive comme un tremplin. Un coup d'œil sur les manomètres. Hop! c'est le remous de la dune (Saint-Exup., Courr. Sud, 1928, p. 70).
b) Mouvement confus qui se propage dans une foule. Synon. agitation.Remous du public. À ces mots il se fit un grand remous dans la salle; plusieurs qui s'ennuyaient trop voulaient sortir. − Messieurs, s'écria Prométhée, − je vous en supplie, demeurez (Gide, Prométhée, 1899, p. 326):
2. Christophe avait été balayé par un remous jusqu'à l'autre extrémité du champ de bataille. Il n'y apportait aucune animosité; il se laissait pousser et poussait avec allégresse, ainsi qu'à une foire de village. Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1324.
P. méton. Un crâne chauve sombra dans les remous des dos en gilets de lustrine sur quoi rebondirent, inopinément, un jambon roux et un pain doré, venus de l'autre estrade. Cela fit redoubler les hurlements et les bagarres de la foule (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 386).
B. − Au fig. Mouvements divers qui agitent et troublent la vie sociale ou psychologique. Remous de la politique, de l'opinion publique; remous de la jalousie, des passions; remous de colère, de douceur, de haine, de tristesse. La Méchain leva au ciel ses gros bras éplorés. Toute sa monstrueuse personne en eut un remous de désespoir (Zola, Argent, 1891, p. 34).La jeunesse trouve son refuge dans son propre tumulte. L'amour, l'ambition, ce qui s'appelle le plaisir, y entretiennent des remous qui se détruisent l'un l'autre (Mauriac, Mém. intér., 1959, p. 142).
Expr. [Le suj. désigne une chose] Créer, entraîner, provoquer, soulever des remous. Provoquer, susciter des réactions très vives. Revendication qui crée des remous. Mais on ne soulève pas l'Europe, on ne bouleverse pas la face du monde sans entraîner de remous (Grousset, Croisades, 1939, p. 11).Il faut agir et agir vite [pour les déportés], et si notre voix peut provoquer les remous nécessaires, nous l'emploierons sans épargner personne (Camus, Actuelles I, 1945, p. 102).
REM.
Remole, subst. fém.,mar., vx. Tournoiement d'eau, produisant un gouffre dangereux pour les navires (d'apr. Bonn.-Paris 1859). Empl. subst. masc., rare, synon. (supra A 1 c). [Les castors] approchent donc du soupirail; le remole qu'ils font en nageant, les trahit (Chateaubr., Voy. Amér. et Ital., t. 1, 1827, p. 223).
Prononc. et Orth.: [ʀ əmu]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. 1687 remoux « tourbillon qui se produit à l'arrière d'un navire en marche » (Desroches, Dict., p. 457 ds Fr. mod. t. 26, p. 57); 2. 1765 « tournoiement d'un fluide autour d'un obstacle » (Encyclop.); 3. 1884 « mouvements d'idées, de sentiments contraires » (A. Daudet, Sapho, p. 67); 4. 1885 « mouvement d'une foule » (Maupass., Bel-Ami, p. 110). Déverbal de remoudre*, en raison de la compar. créée entre la rotation de la meule et le tourbillonnement de l'eau. Fréq. abs. littér.: 486. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 89, b) 388; xxes.: a) 1 024, b) 1 165. Bbg. Barb. Misc. 28 1944-52, pp. 347-352.