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* Dans l'article "REMETTRE,, verbe trans."
REMETTRE, verbe trans.
I. − Mettre de nouveau.
A. −
1. Faire passer à nouveau en un lieu, un endroit, une place; mettre à sa place antérieure. Remettre les bibelots en place. J'aime ce mot d'Albert Sorel, qui, devant un livre d'histoire à fiches, illisible, disait: − L'auteur s'est donné bien du mal pour tirer la vérité d'un puits, et l'a remise dans un autre (Barrès,Cahiers, t. 14, 1922, p. 123).Je n'ai pas remis mon Dindiki dans sa cage. Il est resté tout le jour (et hier déjà) (...) agrippé à l'une des tiges de bambou (Gide,Voy. Congo, 1927, p. 782).
SYNT. Remettre qqc. à l'eau, à la mer; remettre qqc. au réfrigérateur; remettre un enfant au lit, un élève au piquet, un prisonnier au cachot; remettre un billet dans son portefeuille, de l'eau dans une carafe, du linge dans une armoire; remettre un oiseau dans sa cage; remettre qqn en prison; remettre une lettre sous enveloppe; remettre une casserole sur le feu, du sucre sur la table; remettre qqn dehors.
Loc. Remettre l'épée* au fourreau; remettre qqn à sa place*, à sa juste place; remettre qqc. sur le tapis*; vingt, cent fois remettre sur le métier*.
[Le compl. dir. désigne une partie du corps] Remettre genou à terre; remettre ses mains derrière le dos; remettre les pieds sous la table. Il replia ses feuillets, se hâta de remettre ses mains dans ses poches fourrées, et vint avec modestie reprendre son rang au milieu de ses confrères (Martin du G.,Thib., Mort père, 1929, p. 1357).
Loc. fam. Ne pas remettre les pieds chez qqn. V. pied 1reSection I B 1 c.Remettre la main sur qqc./qqn. Retrouver. Je pourrai peut-être remettre la main dessus... Ils sont sûrement dans la boutique (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 520).
TISS. Pratiquer l'opération du remettage. Remettre un certain nombre de fils suivis de la 1reà la dernière lisse et un certain nombre de fils de la dernière à la 1re(Thiébaut,Textiles, Paris, Dunod, t. 2, 1959, p. 57).
2. En partic.
a) Poser, disposer à nouveau ou en plus (à l'endroit approprié).
Disposer à nouveau les éléments d'un service de table. Remettre une carafe sur la table. Il ramassa et enleva les verres brisés qui couvraient la table, remit le couvert (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 601).
Disposer à nouveau ou en plus un vêtement, un accessoire vestimentaire. Remettre son chapeau sur sa tête. Quittant sa place à la droite de la Supérieure, la Maîtresse Générale venait elle-même me remettre mon châle (Gyp,Souv. pte fille, 1928, p. 163).On me remit vivement une chemise, parce qu'il n'est pas décent qu'un Rezeau, même si jeune, reste nu devant des domestiques (H. Bazin,Vipère, 1948, p. 11).
Appliquer à nouveau ou en plus un produit de beauté, d'hygiène ou de soin. Remettre du fard à un acteur; remettre de la pommade sur une plaie. Elle était gênée par ses yeux rouges et son visage congestionné, malgré la poudre vite remise (Montherl.,Démon bien, 1937, p. 1357).Les femmes assises au pied des murs se disaient que cet éclairage mauve devait leur faire un drôle de teint, mais qu'elles ne l'arrangeraient pas en se remettant de la poudre (Nizan,Conspir., 1938, p. 36).
Loc. fig. Remettre du baume au cœur; remettre du baume dans le sang. Ma désolation était grande (...) lorsque je reçus enfin cette lettre de Chauvel, qui m'apprit bien des choses heureuses et me remit du baume dans le sang (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 272).
b) Conduire à nouveau quelque part, dans un lieu précis. Remettre un cheval à l'écurie. On roula. Remise en son hôtel, elle s'était fourrée au lit tout de suite (Cladel,Ompdrailles, 1879, p. 97).On a réussi à remettre les vaches ou les moutons au clos et à relever les clôtures de pieux (Hémon,M. Chapdelaine, 1916, p. 172).
c) Remettre une personne avec une autre. Réconcilier une personne avec une autre. Il m'a parlé du comte, de son ménage désuni (...) et je me suis engagée à remettre le comte avec sa femme (Zola,Nana, 1880, p. 1378).Remettre bien ensemble des personnes qui étaient brouillées. ,,Les réconcilier, les raccommoder`` (Ac. 1798-1935).
d) Diriger, orienter à nouveau. Remettre qqn en bon chemin*. Au fig. Faire revenir la conversation sur (un sujet donné). Synon. relancer.Julie voulut le remettre un peu sur ses voyages, espérant que, par ce moyen, elle serait dispensée de parler (Mérimée,Double mépr., 1833, p. 88).
e) Ajouter, mettre à nouveau une chose à une autre pour la compléter, la parfaire, la faire passer dans un état utile, l'adapter à une fonction. Remettre du sel. Depuis la dernière émeute, je n'ai pas fait remettre un seul carreau aux fenêtres de mon hôtel (Scribe,Bertrand, 1833, iii, 3, p. 176).On remet de l'huile aux lampes mourantes (Cros,Coffret santal, 1873, p. 130).
Loc. fig., fam.
Remettre du cœur au ventre. V. cœur II C 1.
En remettre. En faire plus que nécessaire. Synon. exagérer, en rajouter.Elle se croit très forte en jouant à la personne qui s'indigne qu'un homme reçoive de l'argent d'une femme... Elle en remet! (Bourget,Geôle, 1923, p. 188).Trop de pages [des Cahiers de Malte Laurids Brigge] me sont gâtées par un désir violent d'aggraver la tristesse naturelle de l'auteur, d'en « remettre », de faire de l'angoisse à propos de tout (Green,Journal, 1949, p. 304).
B. − Modifier à nouveau la position, la disposition de quelque chose ou de quelqu'un.
1. [Le compl. indir. désigne ou spécifie une localisation indéterm. ou abstr.] Le même sous-officier de garde qui les avait amenés tout à l'heure les cueillit et les remit sous clé (Courteline,Train 8 h 47, 1888, 2epart., x, p. 208):
1. ... si l'on veut guérir une maladie, ce n'est pas à la cause occasionnelle qu'il faut s'adresser, (...) c'est à la propriété musculaire ou nerveuse qu'il faut s'adresser dans la convulsion ou le tétanos, à l'altération des humeurs dans la morve, à l'altération du poumon dans la pneumonie; cela ne suffirait pas de remettre l'individu au chaud. Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 162.
SYNT. Remettre qqc./qqn à l'abri, à couvert, à découvert; remettre qqc./qqn à l'écart; remettre qqc. au feu, au rancart; remettre qqn à la porte, au vert, aux arrêts, au secret; remettre qqc./qqn en place; remettre une idée en avant; remettre une personne en présence d'une autre; remettre qqn dans une affaire, dans la combine, dans le coup, sur la paille, sur la touche; remettre de l'argent de côté; remettre la chance de son côté.
En partic. Remettre un membre, une articulation (en place). Remboîter, replacer. Un paysan du val d'Anjou, qui remet le membre démis ou fracturé aussi bien que pourrait le faire le premier chirurgien de Paris (Jouy,Hermite, t. 4, 1813, p. 114).La jambe avait été mal remise; j'eus le courage de la casser de nouveau (Renan,Souv. enf., 1883, p. 329).
SPORTS (jeux de ballons). Remettre (la balle, le ballon) en jeu. Mettre à nouveau, la balle, le ballon en jeu après une sortie en touche ou un arrêt de jeu. Strasbourg remet en jeu (L'Auto, 18 janv. 1937).J'aurais dû remettre la balle en jeu par un coup de pied en touche (P. Mac Orlan,Masques sur mesure, 1942ds Petiot 1982).
2. [Le procès est un changement de position]
a) [Suivi d'un compl. prép.] Remettre qqc. à l'endroit, à l'envers, de niveau, de travers; remettre une charrette à cul; remettre en joue; remettre qqn debout, à genoux, sur pied. Pardon, il me semblait que mes cheveux s'étaient dressés sur ma tête; mais, ce n'est rien, car, avec ma main, je suis parvenu facilement à les remettre dans leur première position (Lautréam.,Chants Maldoror, 1869, p. 126):
2. Son jeu favori fut longtemps, quand sa mère avait le dos tourné, de bâtir des murs et des maisons avec des harengs; il jouait aussi à la bataille, sur la table de marbre, alignait des grondins en face les uns des autres, les poussait, leur cognait la tête, imitait avec les lèvres la trompette et le tambour, et finalement les remettait en tas, en disant qu'ils étaient morts. Zola,Ventre Paris, 1873, p. 723.
Loc. fig., fam. Remettre les compteurs à zéro*; remettre les pendules à l'heure (v. pendule2).
Au fig. Remettre une affaire sur pied; remettre des gens dos à dos; remettre qqc. en avant. Une joie lui était venue tout soudain, à voir Bourrel rougir, d'un flot de sang poussé au visage, et puis blêmir, les joues décolorées (...) Cela, dans l'instant même, remettait Raboliot d'aplomb (Genevoix,Raboliot, 1925, p. 108).
Remettre sur les rails, sur ses rails. Mettre à nouveau en route, en marche, en fonction. En un quart d'heure, M. P. (homme politique) remettait les esprits sur les rails de la confiance (L'Express, 20 janv. 1969ds Gilb. 1971).Les solutions constructives qui permettraient de remettre sur les rails l'économie déficiente du pays (Le Monde, 30 sept. 1969ds Gilb. 1971).
b) [Sans compl. prép.] Remettre le loquet. La porte de l'auberge claqua brutalement, grande ouverte (...): « Le verrou! songea Trochut. Le verrou que j'avais oublié de remettre!... » (Genevoix,Raboliot, 1925, p. 39).
[P. méton.] Remettre les gaz, (pop.) la sauce. Accélérer à nouveau pour reprendre de la vitesse (dans un véhicule à moteur). L'avion de Schreiner prenait son terrain pour atterrir. − Trop long! grogna Magnin, les deux mains aux branches de ses lunettes. − Peut-être va-t-il remettre la sauce... Schreiner remettait les gaz, en effet (Malraux,Espoir, 1937, p. 494).
C. − [Le compl. prép. est le plus souvent introd. par à ou en] Modifier à nouveau dans son état, sa fonction, sa situation, sa forme extérieure ou ses propriétés.
1. [Le compl. prép. désigne un état matériel] Ces peintures, anciennement lie de vin, étaient si sales et si tristes, que Gervaise se laissa entraîner à faire remettre toute la devanture en bleu clair, avec des filets jaunes (Zola,Assommoir, 1877, p. 496).Il fallut, en quelque sorte, remettre à neuf l'appartement et que rien n'y « clochât » (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p. 196).
Remettre en état. V. état I B.
SYNT. Remettre qqc. à feu et à sang; remettre qqc. au sec; remettre un bassin en eau; remettre une lampe en veilleuse; remettre qqc. sous séquestre; remettre une terre en jachère; remettre qqn en larmes; remettre qqn à mal, à plat, en forme, en pleurs, en sang, en sueur; remettre qqn hors de combat; remettre qqn knock-out; remettre une femme enceinte.
2. [Le compl. prép. désigne un état abstr.]
a) [Le compl. dir. désigne un inanimé] Remettre qqc. au clair, au jour; remettre qqc. au propre; remettre qqc. à la page, à la mode, en honneur, en vogue; remettre qqc. en commun; remettre qqc. en désordre. Le poète (...) versait un torrent de larmes, et n'avait plus la force de remettre ses chansons au net (Balzac,Illus. perdues, 1839, p. 536).Après avoir remis ma chambre en ordre, je suis descendu par la fenêtre (H. Bazin,Vipère, 1948, p. 202).
En partic.
[Le compl. prép. désigne une opération intellectuelle] Remettre qqc. en discussion, en question; remettre qqc. en lumière, en vedette, en relief; remettre plusieurs choses en parallèle, en rapport. Il faut maintenant remettre les choses au point. Quelques personnes ont exagéré le rôle de la convention dans la science; elles sont allées jusqu'à dire que la loi, que le fait scientifique lui-même étaient créés par le savant (H. Poincaré,Valeur sc., 1905, p. 9).Il faudrait remettre la philosophie en perspective, comme M. Brunschwicg l'a fait du point de vue de la bourgeoisie; il faudrait constituer patiemment une antihistoire de la philosophie (Nizan,Chiens garde, 1932, p. 214).Remettre qqc. en cause. Revenir sur une décision. (Dict. xixeet xxes.).
[Le compl. prép. introd. par en désigne une lang.] Traduire à nouveau (un texte) dans sa langue d'origine. Je vous marquerai, pour votre divertissement les passages incriminés. L'un d'eux, une description d'Extrême-Onction, n'est qu'une page du Rituel de Paris, remise en français (Flaub.,Corresp., 1856, p. 146).
[Le compl. prép. désigne un procès] Un journal que je dicte pour tromper un reste de douleur, et surtout pour remettre la machine en mouvement (Du Bos,Journal, 1927, p. 161).On sait que les Allemands vont remettre la fabrique en route. On ne veut pas œuvrer pour les Allemands (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p. 129).
SYNT. Remettre qqc. en action, en branle, en chantier, en fonctionnement, en marche, en service, en train; remettre qqc. à l'étude, en jeu; remettre qqc. en commande, en fabrication; remettre qqc. en vigueur; remettre qqc. en location; remettre qqc. au concours; remettre qqc. aux enchères, à prix.
[Sans compl. prép.] Faire fonctionner à nouveau après une interruption. Remettre la radio, la télé. [P. méton.] Remettre la 1re, la 2echaîne (de télévision). « Madeleine, est-ce que vous voulez remettre le disque. Juste, une fois, avant que je ne parte. » (...) Elle tourne la manivelle et voilà que ça recommence (Sartre,Nausée, 1938, p. 221).
b) [Le compl. dir. désigne un animé]
[Le compl. prép. désigne ou spécifie une situation concr.] J'ai remis mon armée en cantonnement (Napoléon Ier,Lettres Joséph., 1807, p. 134).Elle avait été remise en liberté sur l'intervention d'un protecteur nazi (Ambrière,Gdes vac., 1946, p. 205).
SYNT. Remettre qqn au pain sec, au régime, au repos; remettre qqn en appétit; remettre qqn en alerte, en condition; remettre qqn dans l'embarras, dans le malheur, dans la nécessité; remettre qqn dans le cas de, dans l'impossibilité de; remettre qqn sur la défensive, sur le qui-vive; remettre son salut en péril, sa vie en danger; remettre qqn à l'écart; remettre qqn aux ordres de qqn; remettre plusieurs personnes d'accord, en accord; remettre qqn en congé, en disponibilité; remettre qqn en garde-à-vue; remettre un enfant pensionnaire.
[Le compl. prép. désigne un état mental, moral ou psychol.] La fraîcheur édénique du garde-manger remettait le corps en allégresse (Hamp,Marée, 1908, p. 65).
SYNT. Remettre qqn au courant, au fait; remettre qqn en défaut; remettre qqn de bonne, de mauvaise humeur; remettre qqn en confiance, (pop.) en boule, en colère, en joie; remettre la curiosité de qqn en éveil.
[Le compl. prép. désigne un procès] Remettre une troupe en marche; remettre qqn à contribution, à la torture, en traitement; remettre qqn en communication, en concurrence, sous surveillance. − La forêt... essaya de bavarder Frédéric, en montrant du bout de son fouet l'horizon... Mais, ne recevant pas de réponse, il remit sa jument au trot (Châteaubriant,Lourdines, 1911, p. 80).
Loc. Remettre un cheval au pas. V. pas2I B 2 b β.Au fig. Remettre qqn au pas. V. pas2I B 2 b γ.
c) Vieilli. [Le compl. désigne un attribut de la pers.] Remettre l'âme, le cœur, etc. (à qqn). Réconforter, revigorer. Il lui fit donner vitement la soupe et un pichet de vin pour lui remettre le cœur (Sand,Pte Fad., 1849, p. 33).Je suis débarqué ce matin, moulu, à Tours, où il n'y a pas une lettre de toi pour me remettre l'âme et le corps. Plains-moi (Hugo,Fr. et Belg., 1885, p. 12).
II.
A. − Faire de nouveau; recommencer.
1. Pop. Remettre ça. Faire à nouveau ce qu'on a déjà fait. À peine sortis de la tourmente, nos malheureux soldats seraient invités [d'après les anglomanes] à « remettre ça » contre leurs ex-alliés (L'Œuvre, 25 janv. 1941).Il y a d'abord l'automne, puis l'hiver, le printemps et enfin l'été. Quand le cycle est bouclé, on remet ça, encore et encore... Entre nous, pourvu que ça dure longtemps! (A. Gerhart,Longues bouffées, 1976, p. 66).
En partic. Remettre ça; remettre une tournée. (Faire) servir à nouveau la/les même(s) consommation(s). Ernest « remit » une tournée de vieux marc pour fignoler l'affaire (Carco,Jésus-la-Caille, 1914, p. 199).− Barman, remettez ça!... Je tenais le commissaire par son vice et noyais ses scrupules de comptable (Cendrars,Lotiss. ciel, 1949, p. 16).
2. En partic.
a) ÉQUIT. Remettre un cheval. Reprendre son dressage. (Dict. xixeet xxes.).
b) JEUX (échecs). Remettre une partie. ,,Se dit lorsque, ni l'un ni l'autre des joueurs ne pouvant donner échec et mat à celui contre qui il joue, la partie reste indécise, et qu'il faut la recommencer`` (Ac. 1835-1935).
c) MAR. [Sans compl. dir.] Remettre à la route; remettre en route. Reprendre la route après l'avoir quittée, après un arrêt. Au bout d'une heure de vaines recherches, et lorsqu'on fut bien convaincu qu'il n'y avait plus rien à faire pour le pauvre Geolier, je rappelai les canots et fis remettre en route (Dumont d'Urville,Voy. Pôle Sud, t. 3, 1842, p. 126).Remettre à la voile. Appareiller à nouveau. On présume que cette traversée pourra être de deux mois, et qu'il sera en état de remettre à la voile vers le 15 de mai (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 23).
d) SPORTS. Coup, balle, service à remettre. Coup, balle, service que le joueur peut refaire, recommencer. Si le service a été exécuté dans les règles (...) et si la balle touche le filet − ou ses supports −, la balle est « à remettre » (J.-P. Courtier, J.-Cl. Lafargue, Tennis de table pour tous, Paris, Bornemann, 1976, p. 50).
B. − Mettre aux mains, entre les mains de quelqu'un; confier, donner, laisser à quelqu'un.
1. Mettre quelque chose ou quelqu'un à la discrétion, en possession, au(x) soin(s) de quelqu'un. Remettre sa carte, une lettre, un mot à qqn; remettre qqc. en mains propres; remettre un cadeau, un colis, de l'argent, un paquet à qqn; remettre les clés d'un immeuble à qqn; remettre un criminel entre les mains de la justice; remettre une affaire à la décision, au jugement de qqn. La garde nationale de Fougères remit à Hulot un Chouan dangereusement blessé qu'elle avait pris au bas de la côte (Balzac,Chouans, 1829, p. 44).[Le] chef reconnu par l'administration française (...) s'est enfui tout dernièrement au Cameroun, avec les sept cents francs que l'administrateur lui avait remis pour payer des nattes, travail des hommes de son village (Gide,Voy. Congo, 1927, p. 786).V. clef ex. 4.
En partic.
Attribuer officiellement à quelqu'un une distinction, une décoration. Remettre le prix d'excellence; remettre la Légion d'honneur; remettre une médaille. J'ai chargé le commandant d'Argenlieu de vous remettre solennellement la Croix de la Libération (De Gaulle,Mém. guerre, 1954, p. 479).
Notamment dans le style admin. Remettre sa démission; remettre ses offres de service. L'émir Fajar-El-Din retourne en Syrie. Son fils Ali avait repoussé les Turcs, et conservé intactes les provinces conquises par son père. Il lui remet le commandement (Lamart.,Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 111).
♦ Dans le domaine relig.Synon. de confier.Le bon Dieu me donnera-t-il le temps, me fera-t-il la grâce d'achever ce beau travail? Il faut tout remettre à sa sainte volonté par des actes simples, vrais et répétés (Dupanloup,Journal, 1873, p. 348):
3. ... ses yeux, fixés vers le ciel, ont quelque chose de doux et de résigné qui montre le but où elle marche, et qui semble dire qu'en remettant son ame à Dieu, elle l'a remplie de cette confiance qui ne sait rien craindre et qui sait tout espérer. Cottin,Mathilde, t. 2, 1805, p. 236.
P. anal. Remettre qqc. au hasard, au sort. Rémus et Romulus avaient vécu dans les bois (...) ils résolurent de fonder une ville, et remirent au vol des oiseaux à décider lequel des deux choisirait le site de la ville (Stendhal,Prom. ds Rome, t. 1, 1829, p. 99).
Région. (Belgique). Rendre la monnaie. Remettre sur cent francs (Hanse Nouv. 1983).
2. Faire grâce à quelqu'un d'une peine, d'une obligation. En aucun cas il ne pardonnait, ni ne remettait une punition (Adam,Enf. Aust., 1902, p. 181):
4. ... il pouvait réunir les armées et les conduire où il jugerait convenable; mettre garnison en toutes villes et forteresses; élever des murailles et fortifications; nommer et renouveler les commandans et capitaines; contraindre tous nobles ou autres à marcher avec lui; remettre et pardonner tout crime qu'il trouverait rémissible... Barante,Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 178.
Au fig. Les hommes nous doivent ce que nous imaginons qu'ils nous donneront. Leur remettre cette dette (S. Weil,Pesanteur, 1943, p. 19).
En partic. Remettre les péchés, les fautes de qqn. Les pardonner; les absoudre. Ce divin maître, dis-je, avant de guérir les malades qui lui étoient présentés, ne manquoit jamais de remettre leurs péchés (J. de Maistre,Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 54).Le long des couloirs (...) on ne voyait qu'une double rangée de confessionnaux (...) il y avait des prêtres parlant toutes les langues, pour remettre leurs fautes aux pécheurs (Zola,Lourdes, 1894, p. 127).Empl. pronom. passif. Allons! allons! dit-il [le curé à l'enfant] en souriant, le péché par ignorance est celui qui se remet le plus facilement (Balzac, Œuvres div., t. 1, 1830, p. 264).
3. Région. (Belgique, Suisse). Synon. de céder.Commerce à remettre (Hanse Nouv. 1983).
C. − [Gén. suivi d'un compl. de temps] Renvoyer à plus tard, différer, reporter. Remettre une décision à plus tard; remettre une cause à huitaine; remettre sa visite au lendemain; remettre à plus tard de faire qqc. Ce fut Giulia qui leur révéla le sombre Manfred de Byron et la partition de Schumann qu'ils avaient toujours remis de lire (Bourges,Crépusc. dieux, 1884, p. 105).En plus de ces lectures, il faut que je te parle: de ta lettre, de certaines questions pratiques, dans lesquelles tu pourrais m'aider (pour mon installation à Paris l'an prochain). Je remets tout cela à un moment de moindre mal de tête (Rivière,Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 17).
Loc. Ce n'est que partie remise. V. partie III A 2 a.Remettre qqc. aux calendes* grecques.
Proverbes. Il ne faut pas remettre au lendemain ce que l'on peut faire le jour même; il ne faut pas remettre la partie au lendemain. V. partie III A 2 b et lendemain A 1 a ex. de Camus.
[Sans compl. de temps] Est-ce qu'ils n'auraient pas dû remettre le mariage, économiser quatre sous et acheter des meubles, pour rentrer chez eux (...)? (Zola,Assommoir, 1877, p. 461).Empl. abs., littér. J'avais mille choses à faire avant mon départ pour Champrosay: le mauvais temps, la paresse me font remettre (Delacroix,Journal, 1847, p. 226).
Vx. [Le compl. dir. désigne une pers.] Il remet ses créanciers de mois en mois (Ac.1798-1935).Ledoux, vous remettrez à demain toutes les personnes qui viendront (Picard,Théâtre, t. 3, Trois maris, 1800, p. 33).
D. − Pop., fam. Remettre qqn; se remettre le visage, les traits de qqn. Reconnaître quelqu'un; se rappeler le visage, les traits, le physique de quelqu'un. L'âge avoit bien un peu dérangé leurs attraits; Long-temps elles se regarderent Avant que de pouvoir se remettre leurs traits (Florian,Fables, 1792, p. 185).− Vous ne me reconnaissez pas? demanda Pierrot. − Ma foi non, répondit Pradonet d'un ton bénin, je ne vous remets pas (Queneau,Pierrot, 1942, p. 212).
III. − Empl. pronom.
A. −
1. Venir à nouveau occuper (un lieu, un endroit, une place). Se remettre à sa place; se remettre à table, au lit.
CHASSE. ,,On dit des oiseaux de chasse, d'une compagnie de perdrix, qu'ils se remettent dans un couvert pour s'y cacher ou s'y reposer`` (Duchartre 1973). Synon. (se) remiser (v. remiser1B 1).
2. Retrouver la position, la disposition antérieure. Se remettre debout, à genoux, à plat ventre, à quatre pattes. Les jambes en haut, le crâne en bas, cette pyramide de graisse ainsi posée à rebours tâchait toute ruisselante à se remettre sur sa base (Cladel,Ompdrailles, 1879, p. 63).La flamme s'était remise droite (Ramuz,Gde peur mont., 1926, p. 110).
En partic., au fig. Se remettre sur pied. Se rétablir. Je suis souvent malade, je me remets sur pied pour un mois ou deux, puis je retombe (Sand,Corresp., t. 5, 1864, p. 1).
3. Se remettre (avec qqn). Se réconcilier avec quelqu'un. [Mon patron] s'est fâché, mais on s'est remis après (Poulot,Sublime, 1870, p. 163).Elle lui souffla doucement: − Écoute, mon chat, tu vas te remettre avec ta femme (Zola,Nana, 1880, p. 1416).
4. Retrouver son état, sa fonction, sa situation antérieure. Z. de son côté, dont le découragement ce matin est profond, mais chez qui comme toujours le découragement même détermine un intense besoin d'action, veut se remettre en quête d'une situation (Du Bos,Journal, 1927, p. 177).
SYNT. Se remettre en colère, en forme, en train; se remettre à jour; se remettre au régime; se remettre en rapport, en relation avec qqn; se remettre en congé, en disponibilité; se remettre en marche, au galop; se remettre en route; se remettre en grève; se remettre en chasse; se remettre bien avec qqn.
En partic.
[Sans compl.] Retrouver ses esprits, le calme, l'équilibre, la santé. Une affreuse palpitation me saisit, mes yeux s'obscurcirent, le battement de mon cœur m'ôta un instant la faculté d'écouter encore; enfin je me remis assez pour entendre la suite de cette conversation (Duras,Ourika, 1824, p. 47).Bracquemond est venu aujourd'hui me voir; il ne se remet pas, a toujours des douleurs d'entrailles et du dérangement, est bien changé, bien vieilli (Goncourt,Journal, 1894, p. 590).
Rare. [Avec un compl. interne] S'il [Buffon] veut se remettre en santé, c'est à l'air de Bourgogne qu'il demande de le rétablir (Estaunié,Rom. et prov., 1942, p. 111).
Se remettre à + subst. ou inf., s'y remettre.Recommencer à faire quelque chose; entrer à nouveau dans un processus. Se remettre à la besogne, à l'ouvrage, à la tâche, au travail; se remettre à boire, à fumer, à pleurer, à rire; il se remet à pleuvoir. Le feu se remettait à pétiller sur l'âtre (Erckm.-Chatr.,Ami Fritz, 1864, p. 210).J'ai essayé − ce matin − de me remettre à mon article (Rivière,Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 234):
5. − Ferdinand! qu'elle me suppliait... au moins vous n'allez pas partir? Regardez! où nous en sommes! (...) ça s'arrangera!... On m'ôtera pas la conviction... C'est en somme qu'une très mauvaise passe!... J'en ai vu bien d'autres, allez! Ça peut pas terminer comme ça!... On n'a qu'à s'y remettre tous ensemble!... Un bon coup! Céline,Mort à crédit, 1936, p. 496.
Le temps se remet au beau, à la pluie. Le temps redevient beau, pluvieux. Il s'agissait de laisser passer le grain et de donner au ciel le temps de se remettre au beau (Sandeau,Mllede La Seiglière, 1848, p. 5).
B. − Se mettre aux mains, entre les mains (au pouvoir) de quelqu'un.
1. Se mettre à la discrétion, au soin, au pouvoir de quelqu'un. Se remettre à la police. [P. méton. du compl. indir.] Se remettre au soin de qqn. Ce que vous ferez sera bien fait et ce que vous déciderez sera bien décidé. Je me remets à votre amitié (Hugo,Corresp., 1864, p. 468).
2. S'en remettre à qqn.Même sens. S'en remettre totalement à qqn; s'en remettre à la décision, au jugement de qqn. Ils s'en remettent à l'État de choisir (Barrès,Cahiers, t. 11, 1918, p. 342).Je préfère m'en remettre à la main de Dieu (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 192):
6. Je m'en remets à Dieu pour se nier lui-même, s'exécrer, rejeter ce qu'il ose, ce qu'il est, dans l'absence, dans la mort. Quand je suis Dieu, je le nie jusqu'au fond de la négation. Si je ne suis que moi, je l'ignore. G. Bataille,Exp. int., 1943, p. 202.
Prononc. et Orth.: [ʀ əmεtʀ ̭], (il) remet [-mε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Déb. xiies. trans. « fondre, liquéfier » (Benedeit, St Brendan, éd. I. Short et B. Merrilees, 1384: ne fust remis); 1remoit. xiies. intrans. « fondre, se liquéfier » (Psautier d'Oxford, éd. F. Michel, 21, 15: cum cire remetanz). B. Mettre de nouveau en une certaine place 1. a) ca 1145 fig. (Wace, Conception Nostre Dame, éd. W. R. Ashford, 1088: Tost le remet en dreite veie); b) ca 1165 pronom. « se mettre de nouveau en une certaine place » (Troie, éd. L. Constans, 3604: me remis ariere en mer); ca 1208 trans. (Villehardouin, Conquête Constantinople, éd. E. Faral, § 167: les remistrent ens); c) 1539 (Est.: remettre en sa place, in gradum reponere); 1823 remettre qqn à sa place (Stendhal, Rossini, p. 123: M. Rossini y est remis à sa place); d) 1635 « reconduire » (Corneille, Médée, II, 2, vers 505: Soldats, remettez-la chez elle); e) 1740-55 fig. remettre en selle (Saint-Simon, Mém., éd. A. de Boislisle, t. 4, p. 76); f) 1793-94 fig. remettre au pas (Desmoulins ds Vx Cordelier, p. 170); 2. a) ca 1170 « mettre de nouveau (quelque chose) en place » (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 5704: le remeïst); b) 1687 remettre le pied quelque part (Choisy, J. du voyage de Siam, p. 456: sans que jamais [...] il puisse remettre le pié dans le royaume de Siam); 1839 (Stendhal, Chartreuse, p. 102: jamais il ne remettrait le pied dans Parme); 1848 (Sandeau, Mllede La Seiglière, p. 31: remettre les pieds); 3. 1174-87 méd. « remettre en place (un os, un organe) » (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. W. Roach, 4336: canole [« clavicule »] en son liu remetre [metre ds éd. F. Lecoy, 4312]), attest. isolée; à nouv. 1564 (Paré, éd. J. F. Malgaigne, XIII, 4, t. 2, p. 302b: os [...] remis en leurs places); 1575 (Id., Préf., t. 1, p. 23b: remettre une fracture ou luxation); 4. 1306 « revêtir de nouveau, mettre sur soi de nouveau » ( Joinville, St Louis, éd. N. L. Corbett, § 391: remetoit sa cote a armer desus li); 1671 (Mmede Sévigné, Corresp., 12 août, éd. R. Duchêne, t. 1, p. 319: il ôte et remet son chapeau); 5. 1306 « mettre en remplacement » (Joinville, op. cit., § 453); 6. 1306 se remettre à « recommencer à » (Id., ibid., § 582: se remist a fermer la cité); 7. a) ca 1470 trans. remettre qqc. en face à qqn « représenter à nouveau quelque chose à quelqu'un, le lui rappeler » (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 4, p. 149; luy remettant en face tousjours comme il estoit tenu à luy); 1539 (Est.: remettre a aucuns quelque chose en memoire); 1561 remettre qqc. devant les yeux de qqn (J. Grevin, César, éd. L. Pinvert, p. 22: Remets devant tes yeux les sages Fabiens); 1640 remettre qqc. dans l'esprit de qqn (Corneille, Cinna, IV, 2, vers 1137: Remets dans ton esprit); ca 1475 remettre qqn « reconnaître quelqu'un » (Rec. Trepperel, Sotties, éd. E. Droz, III, 162: Il fault que je soye remys Et congneu, je le voy tresbien); 1688 (Dancourt, La Désolation des joueuses, scène 13 ds Littré, § 6: je te remets à présent); b) 1579 pronom. se remettre qqc. en mémoire (Estienne, Précellence, éd. E. Huguet, p. 185); 1580 se remettre dans qqc. (Montaigne, Essais, II, 6, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 377: la dernière chose en quoy je me peus remettre, ce fut la souvenance de cet accident); 1640 se remettre qqc. (Chapelain, Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t. 1, p. 737a: me remettre ce que Mr Menage me dit de luy); 1687 se remettre qqc. dans l'esprit (Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des mondes, p. 100: remettez-vous dans l'esprit l'estat); 8. a) α) 1907 remettre « redonner (des coups), répéter (des propos désagréables) » (d'apr. Dauzat, L'Argot militaire pendant la guerre ds Mercure de France, 16 avril 1917, 667 ds Esn. Poilu, p. 456); 1913 remettre ça « recommencer (une bagarre) » (Matin, 13 août, p. 2, ibid., p. 457: Est-ce qu'on « remet » ça, tous les deux?); β) 1913 remettre ça « servir de nouveau la même consommation, dans un débit de boisson » (Matin, 2 août, ibid., p. 460: Remettez-nous ça!); b) 1911 en remettre « exagérer » (P. Bourget, Le Mensonge du père, chap. IV ds L'Envers du décor, p. 48: elle n'a qu'un défaut: elle en remet); 9. 1937 aviat. remettre les gaz (Malraux, loc. cit.). C. Ramener à un état antérieur 1. ca 1175 « ramener, rétablir quelqu'un ou quelque chose en une situation antérieure » (Guernes de Pont-Sainte-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2965: Deus les ad a neent remis); 2. a) fin xiies. « ramener quelqu'un à un certain état physique ou psychique » (Chastelain de Couci, Chansons, éd. A. Lerond, XXIII, 13: biauz samblanz me remet en vigour); 1559 ou 1567 se remettre sus « se rétablir » (Amyot, Vies, Romulus, 39 ds Littré); 1633 se remettre de qqc. « revenir à un état plus favorable, se rétablir après » (Voiture, Lettres ds Œuvres, éd. A. Ubicini, t. 1, p. 145: me remettre d'un hiver); b) 1651 remettre sur pied (Perrot D'Ablancourt, Hist. de Tacite II, 25, p. 203: les Legions et les Cohortes [...] furent remises sur pied); 3. xiiies. remettre ensemble « réconcilier » (Fille du Comte de Pontieu, éd. C. Brunel, II, 725, p. 40: remist enseamble [la dame et monseignour Tiebaut]); ca 1283 pronom. se remettre ensemble « se réconcilier » (Ph. de Beaumanoir, Coutumes de Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 583: qu'il ne se puissent remetre ensemble); 1653 se remettre bien (Vaugelas trad. Quinte-Curce, De la vie et des Actions d'Alexandre le Grand, l. 8, p. 588: qu'il se remist bien aupres d'Alexandre); 4. 1561 « rétablir un état de choses antérieur » (Grévin, César, éd. L. Pinvert, p. 22: Remettent sus l'honneur du vieil peuple romain); 5. 1659 se remettre au beau (N. Duez, Seconde Partie du Dict. ital. et fr., p. 497: Se remettre au beau, qui se dit du temps); av. 1778 se remettre (J.-J. Rousseau, Corresp. du Peyrou, t. 3, p. 60 ds Pougens ds Littré, § 33). D. 1. Ca 1155 « livrer, donner, confier, transmettre » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 6504: Remise est l'enor a tes freres); 2. a) 1553 se remettre à Dieu (La Bible, impr. J. Gerard, Ps. 10, 14 ds FEW t. 10, p. 240b); av. 1654 se remettre entre les mains de qqn (Guez de Balzac d'apr. Besch.); 1694 se remettre entre les mains de Dieu (Ac.); b) α) 1559 s'en remettre à qqn (Amyot, Vies des hommes illustres, Marcus Cato, t. 1, f o245 r o: il s'en remettoit du tout à luy); 1580 se remettre à (Montaigne, op. cit., I, 56, p. 318); 1588 se remettre à ... de qqc. (Id., ibid., I, 14, p. 63: je me remettois de la conduitte de mon besoing [...] aux astres); 1585 s'en remettre sur qqn (Lettres missives de Henri IV, 24 avril, t. 2, p. 45 ds Gdf. Compl.); fin xvie-déb. xviies. se remettre sur qqn de qqc. (Pasquier, Recherches de la France, Paris-Orléans, 1665, p. 402); β) 1559 se remettre à la discrétion de qqn (Amyot, op. cit., Camille, t. 1, f o92 r o: se remettre eulx et leurs biens du tout à sa discretion); fin xvie-déb. xviies. se remettre au jugement de qqn (Pasquier, op. cit., p. 815). E. 1. 1398 « faire grâce de (une obligation, une dette) » (Charte de Jean, Duc de Berry, févr., Fonteneau I, 32, Bibl. Poitiers ds Gdf. t. 5, p. 756a: remettons [...] toute et telle finance comme ils nous peuvent devoir); 2. fin xives. relig. « absoudre, pardonner » (E. Deschamps, La Fiction du lyon, 2280 ds Œuvres, éd. G. Raynaud, t. 8, p. 317: leur remist la subvercion). F. 1. Fin xives. « renvoyer à plus tard, différer » (Roques t. 2, n o10413: remissus [...] remis. renvoiés. lassés); 1549 part. passé adj. « renvoyé, différé » (Est.: cause remise a ung autre jour); 2. 1580 fig. remettre la partie (Montaigne, op. cit., II, 31, p. 715); 1690 (Fur.: cette partie a été remise); 1731-41 (Marivaux, La Vie de Marianne, éd. J. Janin, p. 189: c'est encore partie remise); 1838 (Dumas père, P. Jones, III, 8, p. 172: ce n'est que partie remise). Du lat. remittere « renvoyer; rendre, restituer; relâcher, détendre; amollir; s'apaiser, se calmer (réfléchi ou passif, en parlant d'une douleur, d'une maladie); abandonner, renoncer à, faire remise (d'une dette, d'un châtiment) »; lat. chrét. « remettre (les péchés) »; dér. du lat. mittere (mettre*); préf. re- (re-*). Dans certains sens, dér. de mettre*; préf. re-*. Fréq. abs. littér. Remettre: 9 467. Remis: 3 540. Fréq. rel. littér. Remettre: xixes.: a) 12 288, b) 16 455; xxes.: a) 14 708, b) 12 111. Remis: xixes.: 5 421, b) 5 287; xxes.: a) 4 728, b) 4 760.
DÉR.
Remettage, subst. masc.,tiss. Opération consistant à passer un à un chaque fil de chaîne dans les maillons ou lisses appartenant à une lame. Synon. rentrage (dér. 1 s.v. rentrer).Le remettage se fait toujours de gauche à droite (Thiébaut,Textiles, Paris, Dunod, t. 2, 1959, p. 56).V. rentrage dér. 1 s.v. rentrer ex. de Thiébaut.[ʀ əmεta:ʒ]. 1resattest. 1501 « réparation (d'une tapisserie) » (G. Cohen, Livre de conduite du régisseur et Compte des dépenses pour le Mystère de la Passion, p. 556: pour le remetaige à point); 1765 tiss. (Encyclop.); de remettre, suff. -age*.
BBG.Cledat (L.). Contribution à un nouv. dict. hist. et « de l'usage ». R. de Philol. fr. 1915-1916, t. 39, pp. 178-180. − Gebhardt (K.). Les Francoprovençalismes de la lang. fr. R. Ling. rom. 1974, t. 38, p. 186.