| REGIMBER, verbe intrans. A. − [Le suj. désigne un animal, une monture] Ruer en refusant d'avancer. Une bonne bourrade. Le cheval regimbait. « C'est comme ça? Sale carne. Attends tes côtes!... » (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 98). ♦ Regimber contre/sous l'aiguillon, contre/sous l'éperon. Se laisser conduire comme un cheval et un mulet (...) ou plutôt, afin que l'obéissance soit encore plus parfaite, parce que ces animaux regimbent sous l'éperon, il faut être, entre les mains du supérieur, comme une bûche (Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 188).Au fig., fam., vieilli. [Le suj. désigne une pers.] Résister inutilement, refuser d'obéir. Ne regimbe pas contre l'aiguillon, de peur que mal ne t'en arrive (Claudel, Agamemnon, 1896, p. 910). B. − Au fig. Se montrer récalcitrant. Synon. protester, résister.Cessez de regimber. Tu demandes, en rentrant du bal, ta chandelle à ton portier, et il regimbe quand il n'a pas eu ses étrennes (Musset, Il ne faut jurer, 1840, I, 1, p. 97).Mary, voulez-vous signer ceci? Je vous tiens dans ma main, vous le sentez. Il est inutile de regimber (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 304). ♦ Regimber contre qqc.Je ne consens pas à m'abandonner à la tristesse, voyant dans cet abandon même une sorte de complaisance que je réprouve, contre laquelle je proteste, je regimbe (Gide, Journal, 1929, p. 940). − Empl. pronom. Synon. se rebiffer (fam.), s'insurger.Mais, lorsque Madame Gérard voulut semoncer Aristide, l'amant de Madame Vieuxnoir se regimba fièrement et dit: « Je ferai ce qui me plaira (...) » (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p. 283).Se regimber devant qqc. Sautant ce qu'il ne comprenait point, à cause du jargon, et de toutes sortes d'histoires dont il ignorait le point de départ, Armand se regimbait devant ce qu'il trouvait sommaire dans tout cela (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 110). REM. 1. Regimbade, subst. fém.,rare. Action de regimber, de se regimber. Sauf quelques regimbades à huis-clos, les portes fermées, et qu'il n'osera jamais émettre, parce que la vocation de cet esprit est de ne point se compromettre (Goncourt, Journal, 1860, p. 803). 2. Regimbeur, -euse, adj.,rare. [En parlant d'un animal ou d'une pers.] Qui regimbe. Cheval regimbeur; mule regimbeuse; enfant regimbeur. Ce géant intègre, regimbeur, communiste, et assez génial (Le Nouvel Observateur, 13 juill. 1966, p. 41, col. 3). Prononc. et Orth.: [ʀ
ə
ʒ
ε
̃be], (il) regimbe [-ʒ
ε
̃:b]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. « résister en ruant » (Raoul de Cambrai, 6437 ds T.-L.); 2. 1450 fig. (J. Chartier, Chron. de Charl. VII, C. CCLXXIII ds Gdf. Compl.); 1671 regimber contre (Pomey). Var. nasalisée de l'a. fr. regiber (1176-81, Chrétien de Troyes, Chevalier Charrette, éd. M. Roques, 7041), dér. avec préf. re-* de l'a. fr. giber att. seulement au xives. (1381, Arch. JJ 119, pièce 246 ds Gdf.), dér. du rad. expr. gib- (d'orig. inc.), qui traduit l'action de ruer avec les pieds (v. FEW t. 4, p. 132b). Fréq. abs. littér.: 135. DÉR. Regimbement, subst. masc.,rare. Action de regimber. a) Action d'un animal qui rue au lieu d'avancer. Regimbement d'un cheval (Rob.). b) Action d'une personne qui résiste ou se rebiffe. Sans cette formation chrétienne (...) je n'eusse écrit ni André Walter, ni L'Immoraliste, ni La Porte étroite, ni La Symphonie, etc... ni même, peut-être, Les Caves et Les Faux-monnayeurs par regimbement et protestation (Gide, Journal, 1931, p. 1052).− [ʀ
ə
ʒ
ε
̃bmɑ
̃]. − 1reattest. 1538 (Est., s.v. calcitratus); de regimber, suff. -ment1*. − Fréq. abs. littér.: 10. |