| REFONDRE, verbe I. − Empl. trans. A. − Rare. Faire fondre une nouvelle fois. Le sucre affiné est refondu dans de l'eau pure et subit une première épuration (Clém.Alim.1978). B. − Fondre de nouveau un métal, pour lui faire acquérir d'autres qualités ou pour le couler. Le magnésium ainsi produit est très pur et exempt de tout chlorure (...). Mais il doit être refondu pour se présenter sous une forme commerciale (Guillet, Techn. métall., 1944, p. 69).Une partie de [la fonte brute] était expédiée dans des fonderies spéciales où (...) elle était refondue, puis transformée en objets moulés (P. Rousseau, Hist. techn. et invent., 1967, p. 292).V. cubilot ex. de Bricka. − En partic. Reformer un objet de métal en le fondant, en le coulant une nouvelle fois. Refondre une cloche, un canon (Ac.). ♦ [Le compl. désigne une monnaie] Les pièces d'or devraient être refondues si les circonstances forçaient à changer le rapport fixé entre les deux métaux (Shaw, Hist. monnaie, 1896, p. 138).L'or faisant prime, (...) Calonne dut refondre les louis d'or en 1785 pour en diminuer le poids (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 27). ♦ [Le compl. désigne des caractères d'impr.] Les grandes capitales sont d'un bien meilleur effet; il a fallu refondre une nouvelle série d'u (Gide, Corresp.[avec Claudel], 1911, p. 165). C. − P. anal. 1. [Le compl. désigne du verre] Verre coloré. − Il s'obtient soit en introduisant l'oxyde métallique pendant la fusion, soit en refondant du verre blanc avec l'oxyde (Cl. Duval, Verre, 1966, p. 92). 2. [Le compl. désigne du papier] Réduire du papier en pâte. Quotidiens (...) vendus comme vieux papiers pour être refondus et transformés en papier blanc, ainsi appelés à renaître sous forme de nouveaux journaux (Civilis. écr., 1939, p. 42-3). 3. GRAV. (à l'eau forte). Adoucir le trait en chauffant le vernis, en lui donnant un commencement de fonte. Fixer le trait de cette façon est le refondre (Bég.Estampe1977). D. − P. ext. 1. MAR. [Le compl. désigne un navire] Remettre à neuf, transformer pour moderniser. Plusieurs sous-marins déjà en service ont également été refondus, une trentaine en sous-marins à vitesse élevée en plongée (...) d'autres comme ravitailleurs en combustibles (Le Masson, Mar., 1951, p. 65). 2. Modifier les parties d'un ensemble, faire des retouches importantes (à quelque chose), refaire pour donner une meilleure forme. a) [Le compl. désigne une œuvre littér., artist.] Refondre un article, un ouvrage, un plan; édition refondue. Assez bien travaillé. Le plan nouveau me satisfait toujours davantage. J'ai refondu la partie fautive de l'introduction et je la crois à présent très bonne (Constant, Journaux, 1805, p. 192).Qu'on ne cherche plus cette église telle que je viens de la décrire. En refondant ce livre, j'ai voulu y laisser la merveilleuse image qui nous avait enchantés. Mais ce n'est plus, hélas! qu'un souvenir et un regret (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p. 44). b) [Le compl. désigne un texte officiel, admin., une loi] Le ministre des travaux publics d'alors, M. Millerand, décida de le refondre [un texte] entièrement pour en faire une loi organique du tourisme (Jocard, Tour. et action État, 1966, p. 19).Refondre complètement des formalités (par exemple transformer totalement des imprimés et des formulaires) (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 139). 3. Remanier, transformer entièrement. Refondre la société. Dîné chez Mmede St[ael]. Académie refondue. Je ne crois pas que j'en sois (Constant, Journaux, 1815, p. 433).Un vaste programme qui ne vise à rien moins qu'à refondre toutes les mathématiques en rejetant tout ce qui ne peut se ramener à des opérations algébriques sur les nombres entiers (Bourbaki, Hist. math., 1960, p. 108). − Au fig., au part. passé. Le matin, refondu et détenu par une communication intime qui m'est toujours favorable, je m'orientai mieux que je n'avais fait ces jours-ci (Michelet, Journal, 1851, p. 148). − Empl. pronom. À cette heure blafarde, celui qui n'a pas dormi son saoul, qui ne s'est pas refondu dans l'unité du sommeil, se divise (...) et la fadeur de sa propre salive lui devient étrangère (Arnoux, Gentilsh. ceinture, 1928, p. 126).Ce corps (...) ayant perdu avec la faculté de s'émouvoir celle de se refondre en une personne entière (Ponge, Parti pris, 1942, p. 76). II. − Empl. intrans. Passer une nouvelle fois de l'état solide à l'état liquide. La glace refond (Rob.). Prononc. et Orth.: [ʀ
əfɔ
̃:dʀ
̥], (il) refond [-fɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1160 « fondre une nouvelle fois un métal » (Eneas, 4472 ds T.-L.: Dis feiz fu li aciers [de l'épée] moluz Et par dis feiz refonduz); 2. ca 1265 « repasser à la fonte un objet de métal pour le reformer » [un battant de cloche] (Rutebeuf, Voie de Paradis, 387 ds
Œuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 1, p. 354); 3. 1832 grav. à l'eau-forte (Raymond); 4. 1842 papet. (Ac. Compl.). B. Fig. 1. 1549 « transformer de fond en comble » (Est.: refondre les gens. Senium recoquere in adolescentiam); 2. 1678 « refaire [en mêlant les différentes parties] » (Bossuet, Hist., II, 13 ds Littré: refondre [des prophéties]). Dér. de fondre*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 100. |