| * Dans l'article "RECOMMENCER,, verbe" RECOMMENCER, verbe A. − Empl. trans. Commencer une nouvelle fois. 1. [En parlant d'une action durative] Reprendre quelque chose qui a déjà été commencé, qui n'est pas achevé; continuer après une interruption. Recommencer le combat, une discussion, un effort, ses études. Quand je pense qu'il peut arriver que je ne meure pas, que vous reveniez, que je revoie le printemps, que vous m'aimiez encore et que nous recommencions notre vie de l'année dernière! (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 288): 1. On n'appartient pas impunément au grand peuple destructeur d'Occident, au peuple qui détruit pour construire et construit pour détruire, − qui joue avec les idées et avec la vie, qui fait constamment table rase pour mieux recommencer le jeu, et pour enjeu verse son sang.
Rolland,J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1274. − Vieilli. [Le compl. d'obj. désigne un être animé] Recommencer un élève. Reprendre son instruction depuis les premiers éléments, depuis les principes. Cet enfant avait été mal montré, il a fallu le recommencer (Ac.1798, 1835).Recommencer un cheval. Le remettre aux premières leçons. Il est des chevaux qui oublient et qui se démentent, il faut les recommencer (Ac.1798-1935). − Recommencer à + inf.Se remettre à. Recommencer à attendre, à espérer, à s'ennuyer, à s'inquiéter, à pleurer, à rire, à travailler. Le pis était que des obus recommençaient à tomber sur les maisons (Zola,Débâcle, 1892, p. 343).Depuis peu de temps, je recommence à très bien percevoir, si je prête l'oreille, les sanglots que j'eus la force de contenir devant mon père (Proust,Swann, 1913, p. 37). − Littér. Recommencer de + inf.Le téléphone recommence de sonner. Au bout d'une heure de soins, le cœur recommença de battre (Gide,Feuillets d'automne, 1949, p. 1119). − Empl. pronom. réfl. Dans cet étrange roman où rien n'aboutit et tout se recommence, c'est l'aventure essentielle d'une âme en quête de sa grâce qui est figurée (Camus,Sisyphe, 1942, p. 177). 2. a) [En parlant d'une action ponctuelle ou achevée, ou de son résultat] Refaire quelque chose qui a déjà été fait, répéter. Synon. récidiver, réitérer, renouveler.Recommencer ses bêtises, une gamme, une opération, des supplications. Ne te lasse pas, recommence vingt fois s'il le faut ton travail de conquête; ce n'est pas du premier coup que le mineur trouve le filon d'or (Du Camp,Mém. suic., 1853, p. 259).Le Padre qui recommençait la même réussite pour la quatorzième fois de la soirée (Maurois,Sil. Bramble, 1918, p. 208). − [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Imiter quelqu'un, ce que quelqu'un a fait. Recommencer Napoléon. Il m'avait pris pour modèle, aspirait à me recommencer, et ne prétendait à rien moins qu'à tenter ce que j'ai exécuté depuis en brumaire (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 1071).D'un Rimbaud, d'un Whitman, il n'existe qu'une épreuve originale. Leur cri vaut ce que valait l'être qui l'a poussé. On ne recommence pas Rimbaud, on ne refait pas le trajet d'une étoile (Mauriac,Écrits intimes, Journal homme trente ans, 1948, p. 155). − Absol. Quand il eut fini: Recommencez et allez plus lentement, lui dit-on (Stendhal,Rouge et Noir, 1830, p. 389). ♦ Expressions [En guise de reproche] Tu recommences! Simon,... Simon,... Tu recommences, je n'aime pas à t'entendre blasphémer comme un païen (Sue,Atar-Gull, 1831, p. 2).Recommence! Tu es toujours en retard... À quelle heure es-tu rentré?... Recommence et je te mets au pain et à l'eau pendant huit jours (Crémieux,Orphée, 1858, i, 2etabl., 1, p. 31).[À la forme nég.] Tu ne recommenceras plus? Il ne recommencerait jamais, jamais plus? Elle l'aimait trop (Zola,Nana, 1880, p. 1295).Recommence pas! Ah non, mon vieux, recommence pas! La colère, c'est vraiment trop facile! (Martin du G.,Taciturne, 1932, iii, 9, p. 1346).C'est toujours à recommencer (Ac.).Tout est à recommencer. Quelle tâche longue et malaisée que de faire la France! Tout était sans cesse à recommencer (Bainville,Hist. fr., t. 1, 1924, p. 70).Si c'était à recommencer. Si c'était à recommencer, je préférerais mourir de faim plutôt que de m'asseoir à votre table (Gide,Faux-monn., 1925, p. 944).Être prêt à recommencer. Après un sommeil des plus heureux, ils s'étaient levés frais, dispos, et prêts à recommencer (Brillat-Sav.,Physiol. goût, 1825, p. 183).Ôter à qqn l'envie de recommencer. Décourager par la violence. Je m'efforçais de la maîtriser, de la jeter par terre, avec le désir très net de cogner dessus et de lui enlever l'envie de recommencer (Martin du G.,Confid. afric., 1931, p. 1121).Recommencer de plus belle. V. beau IV C 2.Recommencer sur (de) nouveaux frais (vieilli). ,,Recommencer de nouveau un ouvrage, un travail, comme si rien n'en eût été fait`` (Ac. 1835-1935). Il ne fut triste que huit jours, et puis fit un nouveau plan et recommença sur nouveaux frais (Stendhal,L. Leuwen, t. 2, 1835, p. 381).Un de ces jours qui ne sont pas pareils aux autres, où le temps recommence sur de nouveaux frais en rejetant l'héritage du passé, en n'acceptant pas le legs de ses tristesses (Proust,Swann, 1913, p. 412). b) Reprendre pour faire autrement, pour faire mieux. Recommencer un essai, une expérience, une tentative. J'ai passé l'âge où on peut recommencer sa vie. Je suis vieillie, vous savez (Sartre,Nausée, 1938, p. 143). ♦ Recommencer à neuf, à zéro. Comme les travaux s'étendent en avant, sur une terre neuve, ainsi l'enfant a mission de tout recommencer à neuf (Alain,Propos, 1933, p. 1114). B. − Empl. intrans. Avoir un nouveau commencement. 1. Qqc. recommence a) Se produire une nouvelle fois, reprendre après une interruption. La bataille, le canon, le froid, la guerre, la pluie, la tempête recommence. Ma lampe brûle, mes plumes sont là. Ainsi recommence une autre série de jours pareils aux autres jours. Ainsi vont recommencer les mêmes mélancolies et les mêmes enthousiasmes isolés (Flaub.,Corresp., 1853, p. 330).La destruction des petites écoles, consommée en mars 1660, n'était que le signal: la persécution recommençait, et elle n'allait plus cesser durant les huit années qui suivirent (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 4, 1859, p. 5). − Expr. fam. Ça recommence! Voilà que ça recommence! Ça recommence de plus belle! Ça y est! Tu as ton paquet. Ça recommence! Depuis un mois que son fils est parti, on ne sait plus par quel bout le prendre! (Pagnol,Fanny, 1932, i, 1ertabl., 1, p. 8). b) Se répéter, se reproduire comme avant. J'avais toujours su que les ruines de Tipasa étaient plus jeunes que nos chantiers ou nos décombres. Le monde y recommençait tous les jours dans une lumière toujours neuve (Camus,Été, 1954, p. 158): 2. La connais-tu, Dafné, cette ancienne romance,
Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs,
Sous l'olivier, le myrte, ou les saules tremblants,
Cette chanson d'amour qui toujours recommence?
Nerval,Chimères, 1854, p. 700. 2. Qqn recommence.Prendre un nouveau départ. Il me semble qu'un siècle et qu'un monde ont passé; Et que, séparé d'eux par un abîme immense, Un nouvel homme en moi renaît et recommence (Lamart.,Harm., 1830, p. 307). REM. Recommencer, subst. masc.Qu'on dise après cela que les officiers sont oisifs! Pour moi, on m'eût donné quatre vies, que je n'aurais pas cru pouvoir venir à bout de faire tout cela; et surtout le terrible recommencer m'eût tué au bout de huit jours (Balzac,
Œuvres div., t. 1, 1830, p. 425). Prononc. et Orth.: [ʀ
əkɔmɑ
̃se], (il) recommence [-ɑ
̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 trans. « commencer de nouveau (ce qui avait été interrompu, abandonné) » (Roland, éd. J. Bédier, 1884: A icest mot l'unt Francs recumencet); ca 1140 absol. (Voyage Charlemagne, éd. G. Favati, 763: Ki en av[r]ez çoisit, cil recumencerat); 1478-80 (G. Coquillart, Plaidoié, 195 ds
Œuvres, éd. M. J. Freeman, p. 17: recommancés); 2. a) ca 1165 intrans. « se produire à nouveau » (Troie, éd. L. Constans, 9154 var.: recomencent li tornei); 1539 pronom. (Est.: ce mal se recommence comme par avant, Hoc malum integrascit); 1893 impers. (DG: il recommence à pleuvoir); b) 1560 intrans. « avoir de nouveau un commencement » (J. Grevin, Olimpe, éd. Pinvert, p. 312: Un an est jà passé, et l'autre recommence). B. 1172-90 trans. « faire de nouveau (ce qui a déjà été fait) » (Chr. de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 4225: et il li recomance a dire); 1450-65 absol. (Charles d'Orléans, Rondeaux, LXXXII ds
Œuvres, éd. P. Champion, p. 336). Dér. de commencer*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 5 483. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4 767, b) 8 088; xxes.: a) 10 749, b) 8 447. DÉR. Recommenceur, -euse, subst.Celui, celle qui recommence. Je dirai du talent vrai, comme on l'a dit de l'amour, que c'est un grand recommenceur (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t. 1, 1850, p. 369).− [ʀ
əkɔmɑ
̃sœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. 1878. − 1resattest. 1655, 3 juill. (Bussy-Rabutin ds Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 30: l'amour étant un vrai recommenceur, l'on se redit les mêmes choses qu'auparavant), 1655, 19 juill. (Mmede Sévigné, Corresp. [avec Bussy-Rabutin], p. 32: je me suis même quelquefois aperçue que l'amitié [...] était aussi une vraie recommenceuse); de recommencer, suff. -eur2*. BBG. − Quem. DDL t. 17. |