| * Dans l'article "RECOMMANDER,, verbe trans." RECOMMANDER, verbe trans. A. − Empl. trans. 1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] a) Recommander qqn à qqn − [Le suj. désigne une pers.] Qqn recommande qqn à qqn.Désigner quelqu'un à l'attention, à la bienveillance, aux soins de quelqu'un. L'évêque m'avait formellement promis de me recommander à Mgr Dupuis, évêque de Quatres, et de me faire recevoir au grand séminaire de cette ville (Billy,Introïbo, 1939, p. 93): 1. ... je montai sur un cheval que Saba-Cahil avait gracieusement mis à ma disposition, et je partis pour Birket-El-Karoum, précédé par un kaouas [= cavas, cawas] que le gouverneur envoyait avec moi pour me recommander au cheikh du village d'Abou-Gouçch où je devais coucher.
Du Camp,Nil, 1854, p. 98. ♦ [P. méton. du suj.] Une signature aussi respectable que celle de M. Berton pourrait encore recommander un article qui n'aurait par lui-même aucune espèce de valeur (Stendhal,Rossini, t. 1, 1823, p. 130).La chasse que recommande le chapitre XIV du Prince est devenue chasse au plaisir (Jankél.,Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 132). − [Le suj. désigne une chose] Plaider en faveur de, signaler à l'attention de quelqu'un. Le mobilier parfait et de très belles sacristies recommandent cet édifice à l'admiration attentive du passant sérieux (Verlaine,Souv. et fantais., 1896, p. 228). b) RELIG. CATH. − Recommander qqn aux prières, aux aumônes des fidèles. ,,Exhorter à prier Dieu pour lui, à lui faire des charités`` (Ac. 1798-1935). Aux âmes dévotes de la paroisse de Véretz département d'Indre-et-Loire. On recommande à vos prières le nommé Paul-Louis, vigneron de La Chavonnière, bien connu dans cette paroisse (Courier,Pamphlets pol., Aux âmes dév. Véretz, 1821, p. 88). − Recommander qqn, qqc. au prône. Recommander quelqu'un ou quelque chose (aux prières, à la charité, à l'attention des fidèles) au cours du prône. Les Confrères ne jouèrent d'abord que de saints mystères (...). Cependant on ne s'en tint pas à ces plaisirs sérieux qui faisaient suite aux offices et étaient recommandés au prône comme de bonnes œuvres (Sainte-Beuve,Tabl. poés. fr., 1828, p. 176).Le curé de Doranges recommanda la vieille au prône, comme on le fait pour les malades (Pourrat,Gaspard, 1922, p. 20).Au fig. Attirer l'attention ou la malveillance sur quelqu'un. Nicolas doit passer dans quelques jours au conseil de révision; au lieu de solliciter sa réforme, mon général, sur la protection de qui les Tonsard comptent, n'a qu'à bien le recommander au prône (Balzac,Paysans, 1844, p. 216). c) Recommander qqn à Dieu. Prier Dieu d'accorder ses grâces, sa protection à quelqu'un, de veiller sur quelqu'un. Je ne suis plus là pour veiller sur toi; mais je te recommande à Dieu, qui veille sur tous! (Dumas père, Antony, 1831, ii, 3, p. 179).« Ne pourrais-tu pas me recommander aussi à ton Dieu? » Alors, dit le docteur Crevaux, à tout hasard, je le baptisai (Barrès,Cahiers, t. 9, 1911, p. 143).[P. méton. de l'obj.] Repose-toi bien, mon Adèle, amuse-toi, et dis à tous mes petits bien-aimés de bien s'amuser et d'être bien heureux. Je pense à vous tous constamment et je recommande votre joie au bon Dieu (Hugo,Corresp., 1839, p. 564). − Recommander son âme à Dieu. Se sentir sur le point de mourir et prier Dieu d'avoir pitié de son âme. − Je vise à la tempe, continua la voix. Léon se crut mort. Il songea à sa femme, à son enfant, recommanda son âme à Dieu et s'apprêta à mourir (Ponson du Terr.,Rocambole, t. 3, 1859, p. 163). 2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose] Recommander qqc. à qqn; qqn recommande qqc. a) Conseiller quelque chose à quelqu'un; indiquer à quelqu'un que quelque chose présente de l'intérêt, possède des qualités. Synon. préconiser. − [Le compl. est un subst.] Recommander un restaurant, un tailleur; recommander la marche, un régime. L'hôtel que me recommandait Bussy est fermé (Gide,Journal, 1940, p. 18): 2. Je me suis souvent demandé d'où venait à ma mère cette petite bibliothèque qui m'a formé et limité car je n'en suis jamais sorti. J'y vois quelques livres de dévotion recommandés certainement par les Jésuites de Nancy.
Barrès,Cahiers, t. 1, 1896, p. 9 ♦ [Corresp. à recommandation B 3 b] Effectuer une recommandation. Le G.A.T.T. [General Agreement on Tariffs and Trade], dans son rapport de 1958, a recommandé la conclusion d'accords entre les pays industriels pour qu'ils accroissent ensemble leur capacité d'importer à partir des pays sous-devéloppés (Perroux,Écon. XXes., 1964, p. 577). ♦ [Le compl. est un nom propre] Je vous recommande Canterbury. C'est une cathédrale à vous remuer et à vous ravir d'enthousiasme (Hugo,Corresp., 1828, p. 448). − [Le compl. est un inf. ou une prop.] ♦ Recommander (à qqn) de + inf.Prier (quelqu'un) de. Je te recommande d'inviter la tante d'Henriette (...), c'est une politesse (Labiche,Edgard, 1852, i, 20, p. 250). ♦ Recommander (à qqn) que.Demander de façon pressante que. Elle recommanda qu'on ne laissât entrer personne dans sa loge (A. France,Hist. comique, 1903, p. 296). − Tournure impers. Il est recommandé de.Il était recommandé de poser sans aucun retard (...) du barbelé « partout où il en manquait », en vue d'une attaque de l'ennemi (Romains,Hommes bonne vol., 1938, p. 151). b) Exhorter (quelqu'un) à quelque chose, prier (quelqu'un) d'apporter son attention à quelque chose. Recommander la discrétion, la prudence. L'enfant regarda son père fixement; puis, oubliant la modestie recommandée par son confesseur: − Cochon! dit-elle, les dents serrées (Zola,Assommoir, 1877, p. 679). ♦ Recommander le secret. Prier de garder le secret, de ne pas dévoiler quelque chose. Julien m'a recommandé le secret le plus absolu; ainsi, à dîner, ne fais pas la moindre allusion à cette Carolina. Il en parlera sans doute le premier; mais je serais désolé qu'il sût que je t'ai confié cette intrigue (Champfl.,Bourgeois Molinch., 1855, p. 170). ♦ Recommander le silence. Exhorter quelqu'un à se taire, à ne pas faire de bruit. Matrena Pétrovna fit un signe de tête avec un mouvement de l'index qui fermait sa petite bouche naïve, comme on a accoutumé de faire avec le doigt et la bouche pour recommander le silence (G. Leroux,Roul. tsar, 1912, p. 11). c) POSTES ET TÉLÉCOMM. Effectuer la recommandation d'un envoi postal. Recommander une lettre. Je tâcherai de t'envoyer le reste pour dimanche prochain. Au besoin, je recommanderai le paquet, le précieux paquet (Alain-Fournier,Corresp.[avec Rivière], 1907, p. 52). 3. [Corresp. à commander III] Commander à nouveau (quelque chose). Je recommandai à la bar-maid deux verres de wisky, et j'en offris un à l'étranger (Richepin,Cauchemars, 1892, p. 80). − En partic., vieilli. Recommander (une chose volée). ,,Avis qu'on donne aux orfèvres et autres marchands, pour qu'ils aient à retenir des objets volés, dans le cas où l'acquisition leur en serait proposée. Cet orfèvre a retenu des flambeaux d'argent, parce qu'ils lui avaient été recommandés`` (Ac. 1798-1878). B. − Empl. pronom. 1. réfléchi a) Se recommander à − Se recommander à qqn.[Formule de politesse qui signifiait autrefois une sollicitation de bienveillance] Adieu. J'embrasse le filleul et me recommande à ta femme (Lamart.,Corresp., 1831, p. 108).Il arriva devant la porte de la prison criminelle. Ses deux esclaves l'attendaient là. « (...) Le geôlier te salue et se recommande à toi » (Louÿs,Aphrodite, 1896, p. 228). ♦ HIST. (haut Moy. Âge). Effectuer la cérémonie de la recommandation, faire l'acte de recommandation. V. recommandation ex. 1. − [P. méton. de l'obj.] Se recommander à qqc.J'embrasse vos petits enfants, et me recommande au souvenir de leur mère (Lamennais,Lettres Cottu, 1831, p. 232).Lorsque mes clients partaient, je ne manquais point de me recommander à leur reconnaissance (Vercel,Cap. Conan, 1934, p. 104). − Expressions ♦ Se recommander à Dieu, à sa miséricorde. Prier Dieu d'avoir pitié de soi; implorer son secours, son assistance. Elle fait ses prières du soir, elle se recommande à Dieu (Balzac,U. Mirouët, 1841, p. 81): 3. ... durant sa traversée de mer le vaisseau avait été battu d'une furieuse tempête. Chacun des passagers, ne voyant plus nul espoir, se recommandait à la miséricorde de Dieu, lorsque soudainement le vent s'apaisa...
Barante,Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 105. ♦ Se recommander aux/à tous les saints/à toutes les saintes du Paradis. L'ardente fille (...) enlève la barre pesante de la porte, se recommande aux bonnes saintes, et part, comme le vent, dans la nuit qui transit le cœur (Lamart.,Cours litt., 1859, p. 300). b) Se recommander de − Se recommander de qqn.Invoquer le nom d'une personne, sa réputation, ses qualités, afin de se faire connaître ou soutenir favorablement. Le soldat Jean le vit se recommander du Christ (Barrès,Cahiers, t. 10, 1913, p. 37).Une mortifiante déconvenue l'attendait chez les fournisseurs du marquis de Gesvres, son dernier oncle (...). Comme il se recommandait de celui-ci, le tailleur sortit quelques factures que le marquis avait négligé de payer (Gide,Caves, 1914, p. 821). − [P. méton. de l'obj.] Se recommander de qqc.Accueillant bien dans son château non-seulement ses voisins, mais tous les aventuriers (...) qui se recommandaient du titre de royalistes (Lamart.,Nouv. Confid., 1851, p. 111). 2. passif. Attirer l'attention; se distinguer, montrer sa valeur. a) [Le suj. désigne une pers.] Léon de Lora, célèbre peintre de paysage, appartient à l'une des plus nobles familles du Roussillon, espagnole d'origine et qui, si elle se recommande par l'antiquité de la race, est depuis cent ans vouée à la pauvreté proverbiale des Hidalgos (Balzac,Comédiens, 1846, p. 299). b) [Le suj. désigne une chose] Le Tobie de Rembrandt ne se recommande pas par les mêmes qualités que tels tableaux du Titien, dans lesquels la perfection des détails est loin de nuire à la beauté de l'ensemble (Delacroix,Journal, 1857, p. 49).La maison de Saville-Row, sans être somptueuse, se recommandait par un extrême confort (Verne,Tour monde, 1873, p. 4). REM. Recommandaresses, subst. fém. plur.,hist. ,,Femmes préposées par le lieutenant-général de police à Paris pour tenir un bureau de nourrices`` (Marion Instit. 1923). Aller chercher une nourrice aux recommandaresses, chez les recommandaresses (Ac.1798-1878). Prononc. et Orth.: [ʀ
əkɔmɑ
̃de], (il) recommande [-mɑ
̃:d]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 2emoit. xes. « livrer quelqu'un » (St Léger, éd. J. Linskill, 194), attest. isolée; 1. 1174-78 « conseiller quelque chose » sil reconmande l'Escriture (Etienne de Fougère, Manières, éd. R. Anthony Lodge, 362); en partic. a) 1668 recommander à qqn de + inf. « conseiller − souvent de façon pressante − à quelqu'un de faire quelque chose » (Molière, George Dandin, II, V); b) 1831 il est recommandé de (Nodier, Fée Miettes, p. 183); 2. 1280 recommander qqn « désigner une personne à la bienveillance, à la protection d'une autre » ici pronom. (Clef d'amour, éd. A. Doutrepont, 2074); 1284 [ms.] trans. (Brunet Latin, Trésor, éd. P. Chabaille, p. 70 [éd. Fr. J. Carmody, I, LXIX, p. 61: commander]); en partic. a) 1580 se recommander à Dieu (Montaigne, Essais, éd. Villey-Saulnier, I, 14, p. 52); b) 1690 recommander une personne au prône (Fur.); 1841 iron. (Balzac, Tén. affaire, p. 62); 3. ca 1370 « (d'une qualité, d'un acte...) plaider en faveur de quelqu'un, le rendre digne de considération » (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, II, 10, p. 167, note 7); 4. 1831 recommander un envoi, une lettre « les soumettre à la formalité de la recommandation postale » ici part. passé adj. par lettre recommandée (Lamart., Corresp., p. 126). Dér. de commander*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 1 799. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 343, b) 3 367; xxes.: a) 2 113, b) 1 561. DÉR. 1. Recommandant, part. prés. en empl. subst. masc.,dr. pénal. ,,En matière de contrainte par corps, auteur d'une recommandation`` (Cap. 1936). Synon. recommandataire (v. ce mot A).− [ʀ
əkɔmɑ
̃dɑ
̃]. − 1reattest. 1936 id.; part. prés. subst. de recommander. − Fréq. abs. littér.: 178. 2. Recommandataire, subst. masc.a) Dr. pénal, vieilli. Synon. de recommandant (v. supra dér. 1). (Ds Rob., Lar. Lang. fr.).b) Dr. comm. ,,Personne que le tireur (ou l'un des endosseurs) charge de payer la lettre au cas où le tiré ne la paierait pas, et cela afin d'éviter le protêt et les recours qui en sont la suite (Soufflier)`` (Barr. 1967). Synon. besoin.Depuis la mise en usage de la domiciliation, le recommandataire ou besoin tend à disparaître (Banque1963).− [ʀ
əkɔmɑ
̃datε:ʀ]. − 1resattest. a) 1800 « créancier d'un débiteur emprisonné et recommandé » (Boiste), b) 1930 « tiers ou garant d'un effet de commerce, désigné par une clause de recommandation insérée sur le titre, pour accepter ou payer par intervention si besoin » (Lar. comm.); de recommander d'après mandataire*. |