| * Dans l'article "RATTACHER,, verbe trans." RATTACHER, verbe trans. A. − 1. Attacher de nouveau ce qui ne l'est plus. a) Qqn rattache qqc.1(avec, au moyen de, par qqc.2) (à, autour de, sur qqc.3).Rattacher sa robe, ses jupes, ses vêtements; rattacher son chignon, ses cheveux. Les valets du bourreau, s'approchèrent de l'Égyptienne pour lui rattacher les mains (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 401).La pauvre tante (...) lui rattachait à toute minute un foulard autour du cou (Zola, Joie de vivre, 1884, p. 983).La treille grimpante dont elle rattachait les sarments à la lucarne du grenier (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 211). − Empl. pronom. réfl. indir. Milet a dépêché vers le Roi des rois un tel sourire, une telle façon de se rattacher les cheveux en marchant! (Claudel, Ville, 1893, i, p. 328). b) Qqn rattache qqc.2Rattacher des cordons; rattacher ses lacets. À la fin elle murmurait, en rattachant les brides de sa capuche: « Je m'en vas » (Huysmans, Sœurs Vatard, 1879, p. 206): 1. Un jour que son grand ruban s'était dénoué il avait vu ses cheveux nus étalés sur ses épaules, des cheveux d'un noir absolu, qui devaient être lourds et durs au toucher. Fermina avait rattaché le ruban, prenant la chevelure à poignée...
Larbaud, F. Marquez, 1911, p. 177. c) Au part. passé. Suffoquant dans sa robe mal rattachée (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 793). 2. [L'idée de retour à un état ant. est absente] Attacher quelque chose; relier quelque chose en attachant; maintenir quelque chose attaché. a) Qqn rattache qqc.1(avec, au moyen de, par qqc.2) (à, sur qqc.3).Elle fit une première compresse, qu'elle rattacha avec une boucle de ses cheveux (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 206): 2. La lecture finie, l'Empereur a pris un ruban, et s'est mis à attacher lui-même les feuilles éparses. (...) je regardais ces mains (...) occupées tranquillement, peut-être même non sans quelque charme, à rattacher de simples feuilles de papier...
Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 202. b) Qqc.2rattache qqc.1(à, sur qqc.3).Rideau vert à franges rouges et noires que de gros anneaux rattachaient sur une hampe (Balzac, Langeais, 1834, p. 296).Espèces de gonds rattachant ce panneau aux gros clous plantés dans le granit (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 308). − En partic. Maintenir attachées ensemble les parties d'un objet cassé, détérioré. Des ficelles rattachaient les harnais de la bête (Flaub., Champs et grèves, 1848, p. 244).Soldats sans armes, vêtus de pantalons rouges et de capotes si rattachés de ficelles (...) qu'ils ressemblaient à des pillards (Zola, Débâcle, 1892, p. 61). − P. anal. Relier une chose, parfois une personne à quelque chose. Deux autres courtines (...) rattachaient la grande et la grosse tour aux deux petites tours (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 552).Longue ligne noire [convoi funèbre] rattachant le défunt à cette grille du Corps législatif qu'il avait si souvent franchie (A. Daudet, Nabab, 1877, p. 102). ♦ Empl. pronom. passif. Cette maison (...) ne se rattachait à la ville que par un étroit sentier (Lamart., Raphaël, 1849, p. 138). c) Au part. passé. Les boucles de ses cheveux, négligemment rattachés, s'échappaient d'un bonnet qui lui donnait un air mutin (Balzac, Chabert, 1832, p. 90). d) Empl. pronom. Être relié à quelque chose. La partie [du bras] qui se rattachait à l'épaule (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 572). B. − Au fig. 1. [Avec ou sans idée de retour à un état ant.] Attacher de nouveau, maintenir attaché, relier quelqu'un (à quelqu'un, à quelque chose) (par des liens d'ordre moral, psychologique). Rattacher qqn à l'existence; rattacher son existence à qqc. Ma fille, cet adieu rattacherait peut-être Votre âme trop mondaine aux choses d'ici-bas (Dumas père, Charles VII, 1831, ii, 2, p. 252).Rattacher le marquis à la vie par l'amour des lettres, par la tendresse filiale (Sand, Villemer, 1861, p. 59). − Empl. pronom. réfl. Se rattacher à une espérance, à un idéal, à des souvenirs. J'ai grand besoin de ce semblant d'activité pour me rattacher à la vie (Gide, Journal, 1943, p. 188): 3. Elle a oscillé entre le voussoiement et le tutoiement avec son oncle qu'elle ne voit pas souvent; mais elle s'est si vite rattachée à lui que, le soir, elle entendait sérieusement venir coucher en ville en quittant sa mère et tout.
Amiel, Journal, 1866, p. 377. 2. [Sans idée de retour à un état ant.] a) Attacher, relier une chose, une personne à une autre (par des liens abstraits, souvent d'ordre intellectuel). La truculence de sa langue (...) le rattache beaucoup plus au seizième siècle qu'aux grands classiques, ses contemporains (Morand, Londres, 1933, p. 21): 4. ... on peut affirmer sans crainte qu'elles [nos langues métaphysiques] ne renferment pas un mot, pas un procédé qu'on ne puisse rattacher par une filiation directe aux premières impressions des premiers enfants de Dieu.
Renan, Avenir sc., 1890, p. 270. SYNT. Rattacher une notion, l'origine de qqc. à qqc.; rattacher des idées, des phénomènes à qqc.; rattacher qqc. à une cause, à une idée, à une loi, à la réalité, à des principes. − Empl. pronom. passif. À saint François de Sales peut se rattacher toute une école contemporaine d'écrivains mystiques (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 254).Végétaux se rattachant aux algues (bactéries), aux champignons (levures, etc.) (Gèze, Spéléol. sc., 1965, p. 148). SYNT. Se rattacher à un centre commun, à une conception, à une école, à une époque, à une histoire, à une notion, à une théorie, à une tradition; se rattacher directement, étroitement à qqc. − Empl. pronom. réciproque. La peinture et la musique se rattachent par des liens étroits (Dureau, Instrument. et orchestr., 1905, p. 9). b) Attacher, réunir, relier une personne, un groupe social à une autre personne, à un autre groupe social. Quelqu'un publia une généalogie dans laquelle on rattachait sa famille à d'anciens rois du Nord (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 69). − Empl. pronom.: Réfl. Tu te présentes avec des idées à toi (...) sans te rattacher à aucun parti? (Gyp, Mariage Chiffon, 1894, p. 134).Réciproque. Familles qui se rattachent les unes aux autres par une communauté de descendance et de rites (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 64).Réfl. indir. Il voulait, assurait-on, couper en deux le parti socialiste, se rattacher les éléments assimilables de ce parti (Vogüé, Morts, 1899, p. 363). c) Relier, réunir (une collectivité, une institution) à une autre collectivité, une autre institution, un système (par des liens d'ordre politique, administratif). Le second [décret] rattachait le service des télégraphes au ministère des finances (Pradelle, Serv. P.T.T. Fr., 1903, p. 92).Quand le Languedoc fut rattaché à la France (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 99). − Au part. passé. Réunion et îles rattachées (Météor. fr., 1963, p. 7).Les établissements rattachés conservent leur personnalité morale et leur autonomie financière (Loi orient. Enseign. sup., 1968, p. 6). − Empl. pronom. réfl. Fédération à laquelle pourrait se rattacher la Grande-Bretagne (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 618). REM. 1. Rattachable, adj.,rare. Qu'on peut rattacher (à quelque chose). Prix fixés par des données rattachables à l'espace national (...) prix déterminés par des éléments extérieurs à l'espace national (Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 139). 2. Rattachiste, adj. et subst.,région. (Belgique), pol. (Personne) ,,qui est favorable au rattachement de la Wallonie à la France`` (Piron Belgique 1978, p. 54). Prononc. et Orth.: [ʀataʃe], (il) rattache [-taʃ]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. Ca 1195 « relier, rejoindre » (Ambroise, Guerre sainte, 2398 ds T.-L.: sera ... rathachiez); 2. 2emoit. xiiies. « attacher de nouveau » (3econtinuation Perceval, éd. W. Roach, var. mss LT, 22196). Dér. de attacher*; préf. r-*. Fréq. abs. littér.: 2 122. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 098, b) 3 532; xxes.: a) 2 373, b) 3 058. DÉR. 1. Rattachage, subst. masc.,industr. text. Opération consistant à rattacher chaque fil d'une chaîne finie à chaque fil d'une chaîne nouvelle en faisant une torsion ou un nœud. Mécaniquement ce rattachage se fait au moyen d'un nœud pour chaque fil (Thiébaut, Fabric. tissus, 1961, p. 55).− [ʀataʃa:ʒ]. − 1reattest. 1858 (Legoar.); de rattacher, suff. -age*. 2. Rattacheur, -euse, subst.,industr. text. Ouvrier, ouvrière chargé(e) de rattacher les fils cassés. Le misérable petit rattacheur (...) est celui sur qui semble tomber le plus durement le poids de ce monde fatal (Michelet, Journal, 1842, p. 475).− [ʀataʃ
œ:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1reattest. 1842 id.; de rattacher, suff. -eur2*. |