| RANCUNIER, -IÈRE, adj. A. − Qui est enclin à garder rancune. Si je ne pardonne point à mes ennemis, je ne leur fais aucun mal; je suis rancunier et ne suis point vindicatif. Ai-je la puissance de me venger, j'en perds l'envie (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 73).Je l'arrachai aux délices de l'idylle: − Pour en venir à quoi? − Eh bien, rien!... enfin si, il m'a invitée à prendre le thé avec lui au village, pour lui montrer que je n'étais pas rancunière, et que j'étais large d'idées, évoluée, quoi! (Sagan, Bonjour tristesse, 1954, p. 172). B. − Qui est plein de rancune contre quelqu'un. Synon. rancuneux, vindicatif.Rancunier contre, envers qqn (plus rare). En tout cas, si, par impossible, l'inspecteur de police se fût inopinément montré à bord en ce moment, il est probable que Passepartout, à bon droit rancunier, eût traité avec lui un sujet tout différent et d'une toute autre manière (Verne, Tour monde, 1873, p. 139).Elle devenait rancunière contre le déloyal cousin (Bourget, Disciple, 1889, p. 145). − [P. méton.] Il demeura révolté par leurs jugements rancuniers et mesquins, par leur conversation aussi banale qu'une porte d'église (Huysmans, À rebours, 1884, p. 8).« Bah... c'est un homme actif, un saint, qui n'a jamais eu un doute sérieux, et qui d'ailleurs, si cela lui arrivait, en triompherait tout de suite par l'action. » (sourire rancunier.) « Il m'a prêté des bouquins de théologie... » (Martin du G., J. Barois, 1913, p. 237). − Empl. subst. Suivaient les hommes politiques (...) les grands journalistes à tant l'article, ceux qui, pour cinquante louis, loueront la pièce (...) et les rancuniers, ceux qui dénigreront quand même (Lorrain, Phocas, 1901, p. 256). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɑ
̃kynje], fém. [-jε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1718 adj. « qui a de la rancune » (Ac.); 1740 subst. (Ac.); 2. 1756, 18 août adj. « qui manifeste de la rancune » (R.-L. d'Argenson, Journal et mém., t. 9, p. 316: autorité implacable et rancunière). Dér. de rancune*; suff. -ier*. Fréq. abs. littér.: 86. |