| RANÇONNER, verbe trans. A. − Vieilli. Exiger une rançon contre la remise en liberté d'une personne. Les gens de Sigulf se mirent à les poursuivre avec acharnement, animés (...) par l'espérance de prendre à merci et de rançonner un fils de roi (Thierry, Récits mérov., t. 1, 1840, p. 17).Des voleurs (...) étaient à l'affût (...) des enfants des riches étrangers pour les enlever et rançonner les familles (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 113). B. − Forcer quelqu'un à remettre de l'argent, des objets de valeur etc. sous menace de violence ou de mort, extorquer (de l'argent). Synon. détrousser.Rançonner les paysans. L'ex-comte de Tours (...) courant à quelque maison qu'on lui avait signalée comme riche (...) y enlevait par effraction l'argent et la vaisselle de prix, ou rançonnait à merci le propriétaire épouvanté (Thierry, Récits mérov., t. 1, 1840, p. 303): ... ces bandes aimaient mieux guerroyer pour le pillage et sans discipline (...). Elles traversaient la France sans résistance, prenaient des villes et des châteaux, y tenaient garnison, rançonnaient les provinces...
Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 110. − P. ext., fam. Faire payer un prix exorbitant, exiger plus qu'il n'est dû. J'ai affaire à d'affreux loueurs de voitures qui font tout ce qu'ils peuvent pour me rançonner (Hugo, Fr. et Belg., 1885, p. 17). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɑ
̃sɔ
̃ne], (il) rançonne [-ɔn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1262 (Jean le Marchant, Mir. ND Chartres, éd. P. Kunstmann, XXIV, 90, p. 185); 1377-80 raençonner « faire payer par la force, extorquer une contribution qui n'est pas due » (Eustache Deschamps,
Œuvres, éd. Queux de St-Hilaire, t. 1, p. 218, 22). Dér. de rançon*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 86. DÉR. 1. Rançonnement, subst. masc.,vieilli. Action de rançonner. Synon. racket.Un général pauvre et pur (...) innocent de toute prévarication, de tout rançonnement des villes occupées (Arnoux, Roi, 1956, p. 190).− [ʀ
ɑ
̃sɔnmɑ
̃]. Att. ds Ac. 1935. − 1reattest. fin xives. (Réc. d'un bourg. de Valenciennes, p. 217 ds Gdf. Compl.); de rançonner, suff. -ment1*, cf. le m. fr. rançonnerie « pillerie, rapine » 1371 (Lettre de rémission ds Du Cange, s.v. renso: rençonnerie) − xvies. ds Hug. 2. Rançonneur, -euse, subst.,vieilli, au fig., fam. Celui, celle qui rançonne, qui demande un prix trop élevé pour un service, un loyer, un objet dont on a besoin. Synon. racketteur.Cet aubergiste est un rançonneur. L'hôtesse est une rançonneuse (Ac. 1798-1878). Dès le petit matin, le jour de la fête patronale, le village s'emplit d'une multitude: marchands d'étoffes et de denrées, gens de débits ou de baraques, âpres rançonneurs de pèlerins, arrivés au pas tendu de leurs mulets, sur les côtes raides du pays (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 127).− [ʀ
ɑ
̃sɔnœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. 1718-1878. − 1reattest. 1371 rançoneour (Lettre de rémission ds Du Cange, s.v. renso); de rançonner, suff. -eur2*. |