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RAJEUNIR, verbe
I. − Empl. trans.
A. − [Corresp. à jeune A]
1. [Le compl. d'obj. désigne une pers.]
a) Faire qu'une personne retrouve un état physique et moral de personne plus jeune. Le plan de Méphistophélès (...) commence par rajeunir Faust, au moyen d'un philtre (Nerval,Faust, 1840, p. 12).Aucune fontaine de Jouvence ne la pourrait rajeunir (Gautier,Fracasse, 1863, p. 54):
1. Il serait plus utile de trouver une méthode pour rajeunir les individus dont les qualités physiologiques et mentales justifieraient une pareille mesure. On peut concevoir le rajeunissement comme une réversion totale du temps intérieur. Le sujet serait ramené par une opération à une période antérieure de sa vie. Carrel,L'Homme, 1935, p. 216.
Empl. pronom. réfl. Une vieille fée qui a le pouvoir de se rajeunir d'heure en heure (Jouhandeau,M. Godeau, 1926, p. 106).
b) En partic.
α) Donner à quelqu'un moins que son âge. Cinquante ans? Vous le rajeunissez, il a soixante ans bien sonnés (Lar. Lang. fr.).
Empl. pronom. réfl. Se dire plus jeune, se faire passer pour plus jeune qu'on ne l'est en réalité. Les femmes cherchent toujours à se rajeunir (Verlaine, Œuvres posth., t. 1, Hist. comme ça, 1896, p. 372).
β) Rajeunir qqn (de + indication de temps).Faire revivre une situation, un état antérieur au moment présent. L'on me rajeunit de quarante ans. Le spectacle que j'ai sous les yeux me reporte à ma première mission scientifique, lorsqu'on m'envoya étudier une épidémie de peste à Djedda (Vogüé,Morts, 1899, p. 285).Quand je décachette la lettre, ma désillusion me rajeunit de six ans (Sartre,Nausée, 1938, p. 84).
γ) Loc. Ça ne me (te,...) rajeunit pas, guère (fam.). Ça me (te,...) fait sentir l'âge que j'ai (tu as,...). Dame! Il a dix-huit ans, répondit Lucy; ça ne me rajeunit guère (Zola,Nana, 1880, p. 1174).Ce Jojo, tout de même (...). Mourir comme ça: quelle histoire! Et ça ne nous rajeunit pas. C'était le bon temps ce temps-là, j'étais jeune (Queneau,Pierrot, 1942, p. 42).
2. [Le compl. d'obj. désigne une chose]
a) [Le compl. d'obj. désigne un objet concr.] Vieilli. Réparer, remettre à neuf ce qui s'est détérioré avec le temps. Synon. rafraîchir, rénover, restaurer.Elle avait voulu sauver les apparences, et des réparations avaient rajeuni le toit de chaume (Lacretelle,Hts ponts, t. 4, 1935, p. 227).La femme Capet se fit ravaudeuse, rapetassant et rajeunissant les quelques hardes qu'on lui octroyait (L. Daudet,Lys sangl., 1938, p. 243).
b) [Le compl. d'obj. désigne une entité soc., pol.] Transformer quelque chose pour l'adapter à la situation moderne. Synon. moderniser, rénover.Dans le dur travail qui doit rajeunir la France, son armée lui servira de recours et de ferment (De Gaulle,Mém. guerre, 1954, p. 10).Si ni l'esprit ni les méthodes de l'enseignement spécial ne sont à réviser, il est indispensable de compléter, de rajeunir son armature administrative (Encyclop. éduc., 1960, p. 198).
En partic. Abaisser l'âge moyen d'un groupe social, professionnel (notamment en recrutant des personnes jeunes). L'éligibilité à la chambre des députés était autrefois acquise à 25 ans et celle au Sénat à 40 ans; le législateur a voulu rajeunir les cadres politiques de la nation (Vedel,Dr. constit., 1949, p. 379).
Empl. pronom. La concurrence (...) les force [les radios] à se renouveler, à se rajeunir sans cesse (Matras,Radiodiff. et télév., 1958, p. 127).
c) Dans le domaine artist. ou intellectuel.Reprendre une forme, une idée, un thème en lui donnant un tour nouveau. Synon. renouveler.Dans l'ode sur le rossignol, le poëte allemand a su rajeunir un sujet bien usé (Staël,Allemagne, t. 2, 1810, p. 161).La théorie de W. Weber (...) rajeunit les idées d'Ampère en assimilant les molécules à des électro-aimants en miniature (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 186):
2. ... il faudrait rajeunir la comparaison surannée de l'oasis dans le désert pour peindre en peu de mots ce que fut dans la vie désolée de cet homme l'apparition enchantée de la baronne de Vaubert. Sandeau,Mllede La Seiglière, 1848, p. 61.
Empl. pronom. Le fond du Barbier est bien simple et pouvait sembler presque usé (...) mais comme tout ce commun se relève et se rajeunit à l'instant! (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t. 6, 1852, p. 225).
3. P. anal.
a) ARBORIC. Tailler un végétal afin de favoriser la naissance de nouvelles pousses plus vigoureuses. Le couteau à rajeunir les arbres (Saint-Exup.,Citad., 1944, p. 880).
b) GÉOL. Rajeunir le relief. Modifier le relief par une reprise de l'érosion. Un réveil des forces orogéniques, contemporain des convulsions alpines, vint rajeunir le relief d'une partie du massif (Vidal de La Bl.,Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 279).
B. − [Corresp. à jeune B]
1. [Le compl. d'obj. désigne une pers., une partie du corps ou une faculté morale, psychol.]
a) Faire paraître (plus) jeune, donner l'apparence de la jeunesse. Elle (...) me dit que ce nœud papillon me va parce qu'il me rajeunit, « bien que vous n'en ayez pas besoin », ajoute-t-elle précipitamment (Green,Journal, 1944, p. 129).Elle portait ce soir une robe écossaise qui la rajeunissait, elle était bien maquillée; en un sens, elle avait l'air beaucoup plus jeune que Nadine (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 108).Au part. passé. Paraître rajeuni, trouver quelqu'un rajeuni. Il semblait tout rajeuni; il avait vingt ans de moins, il riait (About,Roi mont., 1857, p. 152).Ce visage nouveau, pâle, un peu engraissé, rajeuni: son visage d'autrefois (Martin du G.,J. Barois, 1913, p. 309).
Empl. pronom. Il avait glissé un œillet dans sa boutonnière, pour se rajeunir (Druon,Gdes fam., t. 1, 1948, p. 146).
b) Faire que l'on se sente (plus) jeune; donner le sentiment de la jeunesse. Synon. régénérer, revigorer.Laissez-moi éprouver sur vos sens engourdis la puissance de mes caresses. Laissez-moi vous rajeunir et vous ranimer (Sand,Lélia, 1833, p. 224).Une brise molle, pleine de l'odeur des verdures et des sèves, caressait la peau, pénétrait au fond de la poitrine, semblait rajeunir le cœur, alléger l'esprit, vivifier le sang (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 618).Au part. passé. Se sentir rajeuni. Sorti du bain rajeuni, vivant, souple, nerveux, comme un serpent qui a jeté sa vieille peau (Barb. d'Aurev.,Memor. 2, 1839, p. 278).
Empl. abs. Je ne sache rien [comme le chant] qui rajeunisse à ce degré, qui fasse retrouver à ce point la fraîcheur des impressions de la jeunesse (Dupanloup,Journal, 1859, p. 215).Ni l'une ni l'autre n'était malade, certes! Seulement, cela rajeunissait de changer d'air (Zola,Page amour, 1878, p. 1049).
Empl. pronom. réfl. Qui n'a senti quelquefois le besoin de se régénérer, de se rajeunir aux eaux du torrent, de retremper son âme à la fontaine de vie? (Chateaubr.,Génie, t. 1, 1803, p. 431).L'inconscient est le réservoir de nos énergies, l'ombre propice où il importe que se rajeunisse périodiquement notre âme (Béguin,Âme romant., 1939, p. 138).
2. [Le compl. d'obj. désigne une chose] Donner à quelque chose de l'éclat, lui conférer de la gaieté, de la fraîcheur. Synon. rafraîchir.La table se couvrit (...) de jolies laines rajeunissant de leurs tons éclatants les fleurs passées du vieux tapis (A. Daudet,Nabab, 1877, p. 167).Ah! comme une goutte de verveine citronnelle, évaporée, rajeunirait l'air poussiéreux! (Colette,Ingénue libert., 1909, p. 209).
Empl. pronom. Il eut cette sensation de dilatement, de joie presque enfantine du malade qui opère sa première sortie (...) tout se rajeunit (Huysmans,En route, t. 2, 1895, p. 212).
II. − Empl. intrans.
A. −
1. Redevenir jeune. Anton. vieillir.Il est facile de vieillir, nul ne rajeunit (Sand,Lélia, 1833, p. 53).Au fond je ne regrette nullement ma jeunesse (...), ce qui ne signifie pas que je ne voudrais point rajeunir (Flaub.,Corresp., 1878, p. 111).V. habile C 1 ex. de G. Leroux.
2. (Re)trouver un état physique et moral considéré comme caractéristique de la jeunesse (entrain, vigueur, appétit de vivre, d'entreprendre,...). Cette femme âgée, qui semble rajeunir à nos folles joies d'enfants heureux (Lamart.,Nouv. Confid., 1851, p. 193).Il y a des écrivains qui sont vieux à vingt ans et qui ne rajeunissent jamais (Léautaud,Théâtre M. Boissard, 1943, p. 207):
3. Imaginez, je me suis découvert une passion pour le roman policier. Je lis jour et nuit (...). Je me sens rajeunir. Ah! si j'avais vingt ans, je me ferais policier! J'ai raté ma carrière de Conan Doyle... Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 395.
P. anal. Pendant que tout périt autour de lui d'impuissance ou de vieillesse, lui seul [le peuple maronite] semble rajeunir et prendre de nouvelles forces (Lamart.,Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 107).
B. −
1. [Le suj. désigne une pers.] Paraître (plus) jeune, avoir l'apparence d'une personne jeune. Elle rajeunissait à vue d'œil, la garce. Elle était heureuse (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 280).Hernandez était chauve; il remit son calot et rajeunit (Malraux,Espoir, 1937, p. 541).
2. [Le suj. désigne un inanimé] Susciter une impression de nouveauté, de fraîcheur, de gaieté. Les déserts de la campagne de Rome, maintenant couverts de verdure et de fleurs, toutes les ruines semblent rajeunir avec l'année: je suis du nombre (Chateaubr.,Mém., t. 3, 1848, p. 521).
Prononc. et Orth.: [ʀaʒ œni:ʀ], [-ʒø-], (il) rajeunit [-ni]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1180-90 trans. « rendre de nouveau jeune quelqu'un » l'eaue ... Qui la gent rajonist (Alexandre de Paris, Alexandre, 3618 in Elliott Monographs, n o37, p. 224); b) 1180-90 intrans. « redevenir jeune » La ou renjovenissent toute la vielle gent (Id., ibid., 3589, ibid., p. 223); c) fin xiies. [ms.] pronom. « se redonner la jeunesse » se rajovenist (Partonopeus de Blois, éd. J. Gildea, vol. I, p. 462, Appendice, I, 1405); d) 1846 rajeunissant part. prés. adj. « qui est propre à rajeunir » une sève nouvelle, vivante et rajeunissante (Michelet, Peuple, p. 36); 2. a) 1563 intrans. « se renouveler, reprendre de la vigueur » (Ronsard, Les Pasteurs, Fresnet, 108 ds Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. XII, p. 99); b) 1682 trans. « donner à ce qui est vieux un air de nouveauté » (La Fontaine, La Matrone d'Éphèse, 10 ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. VI, p. 67); cf. 1796 une vieille fable rajeunie (Dupuis, Orig. cultes, p. 401); c) 1694 pronom. « se renouveler, reprendre une vigueur nouvelle » (Boileau, Satires, éd. A. Cahen, X, 730); 3. a) 1677 intrans. « paraître plus jeune, retrouver l'apparence, les caractères propres à la jeunesse » (Id., Épitres, éd. cit., VI, 116); b) 1721 pronom. « se donner l'aspect, l'impression d'une nouvelle jeunesse » (Montesquieu, Lettres persanes, éd. A. Adam, LIX, 4, p. 151); c) 1762 trans. « redonner à quelqu'un l'impression de la jeunesse, les sentiments d'une personne jeune » (J.-J. Rousseau, Émile ds Œuvres compl., Bibl. de la Pléiade, t. IV, p. 419); d) 1808 rajeunissant part. prés. adj. « qui vise à rajeunir, à redonner les qualités de la jeunesse » souvenir rajeunissant (Boiste); 4. a) 1779 pronom. « se donner pour plus jeune qu'on est en réalité » (Mmede Genlis, Théât. d'éduc. Tendresse matern., sc. 2 ds Littré); b) 1863 trans. « donner à quelqu'un moins que son âge » (Fromentin, Dominique, p. 180); 5. a) 1811 trans. cela ne nous rajeunit pas (Picard, Vieille tante, I, I ds Littré); b) 1843 id. « faire paraître quelqu'un plus jeune, lui donner un aspect, une allure plus jeune » [des] cheveux à l'anglaise ... la rajeunissaient (Balzac, Illus. perdues, p. 662); 6. 1913 trans. « diminuer la moyenne d'âge d'un groupe de personnes en y incluant des éléments plus jeunes » rajeunir les cadres (Péguy, Argent, p. 1275: on a créé la « limite d'âge » et on ne parle que de rajeunir les cadres). Parasynthétique comp. du préf. ra-, v. re-*, de jeune* et de la dés. -ir. Fréq. abs. littér.: 749. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 295, b) 1 110; xxes.: a) 1 016, b) 871.
DÉR.
Rajeunisseur, -euse, subst.Personne qui rajeunit quelqu'un ou quelque chose. Il paraît, dit-il [Bois-Doré au perruquier], que quand on commence à user d'artifice, il n'est plus possible de s'arrêter? − C'est la coutume, répondit le rajeunisseur; choisissez d'être ou de paraître (Sand,Beaux MM. Bois-Doré, t. 1, 1857, p. 40).Il est (...) le rajeunisseur du vieux théâtre (Goncourt,Journal, 1888, p. 844). [ʀaʒ œnisœ:ʀ], [-ø-], fém. [-ø:z]. 1resattest. 1615 « celui qui renouvelle » les rajeunisseurs de procez (Les Ballieux des ordures du monde ds Variétés hist. et litt., éd. E. Fournier, t. III, p. 192), attest. isolée, à nouv. au xixes. 1852 (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 6, p. 226); de rajeunir, suff. -eur2*.
BBG.Quem. DDL t. 3, 25.