| RAFFINEMENT, subst. masc. A. − 1. Caractère qui témoigne de la délicatesse, de l'élégance, de la subtilité et d'une recherche de perfection dans les détails. Synon. distinction, préciosité; anton. barbarie, grossièreté.Raffinement du luxe, des manières, de la société. Dans les monarchies il se forme, au moins parmi les courtisans, un raffinement de politesse, une délicatesse de goût et une finesse de tact, dont la vanité est la principale cause (Destutt de Tr., Comment. sur Espr. des lois,1807, p. 29).Ils s'émouvaient, sans se lasser, de cette rare tendresse, qu'un raffinement de délicatesse aurait voulu masquer d'ironie (Martin du G., Devenir,1909, p. 54): 1. Je reprends tout ce que j'ai pu dire de sévère sur ce grand écrivain [Rilke], bien que je continue à faire quelques réserves sur certaines affectations comme la surenchère de raffinement qui me gâte les trente premières pages de son livre.
Green, Journal,1949, p. 307. ♦ Raffinement dans.Raffinement dans le langage, dans les manières. C'était une demeure princière, d'un luxe magnifique, surtout d'un extrême raffinement dans le bien-être voluptueux (Zola, L'Œuvre,1886, p. 273).Son raffinement [de la société] dans l'art d'éprouver de la sensation par les produits de l'esprit a, au contraire, fort bien compris que les idées pouvaient lui en fournir une occasion (Benda, Fr. byz.,1945, p. 247). SYNT. Raffinement intellectuel, subtil; raffinement de l'art, de la civilisation; raffinement du langage, du style; raffinement de discrétion, de jouissance, de propreté; raffinement d'un dandy, d'une élégante. 2. Au plur. Acte, chose qui possède ce caractère, dénote cette recherche. Des raffinements gastronomiques, intellectuels, sensuels; des raffinements de confort, de volupté. Nous surpassons aujourd'hui la Grèce dans tous les raffinements du goût, du luxe et des arts (Chateaubr., Génie,t. 1, 1803, p. 134).À ne voir que les dehors et la toilette, elles sont divines. Il y a des promesses infinies de plaisir, des raffinements de goût et d'élégance dans les dentelles et les nœuds dont elles s'encadrent la poitrine (Taine, Notes Paris,1867, p. 3): 2. Tout ce que le luxe du service peut comporter de raffinements fut prodigué en cette occasion: les pièces les plus rares, les vins les plus exquis furent rassemblés avec un soin particulier. Rien que de délicat et de choisi ne devait paraître sur ma table...
Reybaud, J. Paturot,1842, p. 362. B. − Péjoratif 1. Ce qui pousse cette recherche à l'excès ou ce qui fait rechercher certaines sensations jusqu'à leur degré extrême. Raffinement pervers; raffinement de barbarie, d'orgueil. Oui, vous m'avez rendu le plus heureux des hommes!... mais était-ce donc par raffinement de cruauté?... Ho! je le crois, puisque vous déchirez avec violence les liens qui attachaient mon âme à la vôtre! (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 152). 2. Au plur. Acte qui dénote cette recherche. Il pourrait les tuer [les canards], d'un coup, sans les faire souffrir. Mais il aime à prolonger leur supplice par de savants raffinements de torture (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 180). Prononc. et Orth.: [ʀafinmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. A. 1. 1600 « action de rendre plus fin, plus délicat, d'améliorer » (O. de Serres, Théâtre d'agriculture, lieu 6, chap. XXI, p. 655: pour le raffinement du Fruit); 2. 1617 « bonne qualité, finesse » (D. Davelourt, Recherches et considérations sur le faict de l'artillerie, p. 45: de la composition des pouldres, raffinement et bonté d'icelles). B. 1. 1655 « expression ou manifestation extrême d'un sentiment, d'une qualité » (Scarron, Nouvelles tragi-comiques, la Précaution inutile ds
Œuvres, Paris, t. 3, 1786, p. 272: par un rafinement de prudence qui étoit la plus grande folie du monde); 1663 (Molière, Crit. de l'Éc. des femmes, scène VI: leurs grimaces sçavantes, et leurs rafinemens ridicules); 2. 1671 « acte, chose qui dénote ou exige de la recherche, de la subtilité » (D. Bouhours, Entretiens d'Ariste et d'Eugène, II, Paris, A. Colin, 1962, p. 60: les rafinemens de l'amour propre, de la politique); 3. 1680 « caractère de ce qui est raffiné, très délicat » (Rich.). Dér. de raffiner*; suff. -ment1*. Fréq. abs. littér.: 428. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 353, b) 611; xxes.: a) 777, b) 723. |