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RADOTER, verbe intrans.
A. − Tenir des propos décousus ou dénués de sens, qui dénotent un manque d'intelligence ou un affaiblissement de l'esprit. Synon. déraisonner.Des vieux qui radotent; commencer à radoter. Rose, reconduisez cet enfant immédiatement et dites que le règlement est formel: un tablier de couleur et la tête propre (...). La mère (...) avait laissé radoter la directrice; jamais elle n'aurait cru possible une pareille prétention! (Frapié,Maternelle, 1904, p. 185):
1. − (...) Dans deux ans cette petite Sûzel peut être mariée, elle peut même avoir un petit poupon rose dans les bras. − Allons, tais-toi, vieux, tu radotes. − Je radote... C'est toi qui radotes; pour tout le reste tu parais avoir assez de bon sens, mais sur le chapitre du mariage tu es un véritable fou. Erckm.-Chatr.,Ami Fritz, 1864, p. 32.
Empl. trans. Qu'est-ce que vous me radotez là? (Ac.1935).Le seul rescapé du Sphinx est devenu idiot, soit. Mais si ce qu'il radote était vrai. Suppose qu'il s'agisse d'une devinette. Suppose que je la devine (Cocteau,Machine infern., 1934, i, p. 28).
B. −
1. Répéter, sans nécessité et d'une manière fastidieuse, des choses qu'on a déjà dites. Synon. rabâcher.Aux cours publics, je n'écoutais plus les professeurs, qui, selon moi, radotaient (Balzac,Méd. camp., 1833, p. 198).La bonne vieille radotait un peu. Elle avait un besoin de répéter les commérages du voisinage (Rolland,J.-Chr., Révolte, 1907, p. 607):
2. ... je crois avoir déjà parlé de tout cela, et peut-être plus d'une fois. J'en garde la vague conscience. Oui, conscience que, dans ce que j'écris aujourd'hui, il m'arrive souvent de me redire. C'est ce que l'on appelle irrévérencieusement: radoter. Gide,Ainsi soit-il, 1951, p. 1213.
2. Empl. trans. indir., vieilli. Radoter de qqc.Parler à l'excès d'une chose que l'on admire. Que voulez-vous! Toutes les personnes qui ont déjà lu votre premier article sur Cromwell sont dans le ravissement: David, Sainte-Beuve, Paul en radotent (Hugo,Corresp., 1828, p. 445).Ma raison ne cessera mie De radoter de votre beauté (Moréas,Pèlerin pass., 1891, p. 13).
Prononc. et Orth.: [ʀadɔte], (il) radote [ʀadɔt]. Att. ds Ac dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1180 radoté « fou, tombé en enfance » (Fierabras, 82 ds T.-L.); b) ca 1185 « tenir, par sénilité, des propos décousus et peu sensés » (Alexandre de Paris, Alexandre, II, 10 in Elliott Monographs, 37, p. 78); 2. 1613 « dire des choses sans raison, sans fondement » (M. Régnier, Satire, XIV, 8 ds Œuvres compl., éd. G. Raibaud, p. 189); 3. 1833 « se répéter, rabâcher » (Balzac, loc. cit.). Issu, par remplacement de re- par ra- (servant prob. à marquer un renforcement de l'idée exprimée par le verbe), de l'a. fr. redoter (ca 1100 redoté « tombé en enfance » Roland, éd. J. Bédier, 905; ca 1155 redoter « tenir, par sénilité, des propos décousus et peu sensés » Wace, Brut, 1868 ds T.-L.), dér. d'un verbe *doter, empr. au m. néerl. doten « être fou » (cf. aussi l'angl. to dote « radoter ») ou, déjà, à l'a. b. frq. (FEW t. 15, 2, p. 67a; Valkh., pp. 212-213). Fréq. abs. littér.: 76. Bbg. Quem. DDL t. 30. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925] p. 294.