| RACCOMMODER, verbe trans. A. − [Le compl. d'obj. désigne un objet] Remettre en bon état (ce qui est endommagé, ce qui s'est détérioré). 1. Vx ou vieilli. Synon. réparer, retaper. − [Le compl. d'obj. désigne un objet de grande dimension] Vx. Raccommoder une maison, une muraille, un plancher (Ac.1798-1878).Un monsieur fort obligeant, que je rencontre sur la route [à Vienne], m'apprend que l'on est obligé d'en raccommoder sans cesse le pavé (Stendhal, Mém. touriste, t. 1, 1838, p. 249).Pendant qu'on ferrait le cheval ou qu'on raccommodait la charrette, le voiturier entrait aux Trois-Pigeons (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 31). − [Le compl. d'obj. désigne un objet de moyenne ou petite dimension] Vieilli. Raccommoder des chaussures, une montre, une selle, de la vaisselle, un jouet. Deux ou trois lits raccommodés avec de la ficelle qui n'a pas bien résisté; ils sont vermoulus et penchés sur leurs supports (L. Blanc, Organ. trav., 1845, p. 19).Pierre Le Grand était bon menuisier, Louis XVI raccommodait les serrures (Montherl., Célibataires, 1934, p. 808). − En partic. ♦ [Le compl. d'obj. désigne un élément de toilette] Vx. Synon. rajuster.Une nautonière de dix-huit ans (...) raccommodait, à chaque coup d'aviron, un bouquet de fleurs mal attaché à son chapeau (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 63). ♦ [Le compl. d'obj. désigne une pers., p. méton. une partie du corps] Vieilli, fam. Synon. remettre.Raccommoder un blessé. Le don de raccommoder les membres, de remettre les os disloqués et rompus et de panser les descentes de boyaux, passait de mâle en mâle dans cette famille (Pourrat, Gaspard, 1925, p. 280). − Au fig., vieilli. Le malheureux coiffeur comprit qu'il avait commis une bévue et tenta de raccommoder les choses (Theuriet, Mariage Gérard, 1875, p. 177).V. aggravant ex. 3: 1. Cependant les succès réitérés auxquels était mêlé son nom [du comte de Clermont] avaient raccommodé dans Paris sa réputation, fort endommagée par les scandales publics des derniers Longchamps.
Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 11, 1867, p. 124. ♦ Empl. pronom. passif. Mon existence d'ailleurs n'est pas drôle. Les affaires ne se raccommodent point, au contraire (Flaub., Corresp., 1878, p. 131). 2. Usuel. [La réparation est effectuée avec du fil et une aiguille] Synon. repriser.Raccommoder un trou, une déchirure; raccommoder des bas, des chaussettes, des dentelles, le linge de qqn; raccommoder des filets de pêche. Mille soucis faisaient irruption dans sa tête. Elle aurait dû raccommoder ce petit accroc dans le pantalon de Philippe (Roy, Bonheur occas., 1945, p. 445): 2. Le linge demande des soins constants; il doit être blanchi, repassé, raccommodé, rangé avec soin dans les armoires, de façon qu'on puisse, au moment voulu, trouver les pièces nécessaires et les distribuer à chacun des membres de la famille.
Lar. mén.1926, p. 752. ♦ Part. passé et/ou adj. Le torse pris dans un gilet rayé, tout raccommodé (Bourget, Actes suivent, 1926, p. 49). ♦ Empl. abs. Les femmes s'installent pour coudre et raccommoder (Cacérès, Hist. éduc. pop., 1964, p. 89). ♦ Empl. pronom. passif. Ces chaussettes usées ne se raccommodent plus (Rob.).réfl. Le dimanche était un jour de grosse besogne: elle nettoyait sa chambre, se raccommodait elle-même (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 579). − [P. méton. du compl. d'obj.] J'appelle femme l'être sublime qui raccommode son mari (...) qui a un domicile et beaucoup d'enfants (Labiche, Commode Victoria, 1864, 1, p. 146).Il était devenu de la famille, soigné lorsqu'il tombait malade, blanchi et raccommodé (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 409). B. − [Le compl. d'obj. désigne une pers.] 1. Raccommoder qqn et qqn, qqn avec qqn.Réconcilier. Synon. rabibocher (fam.).De Mesmons avec qui j'étais fort lié, et qui allait aussi chez Rivarol, fit tout ce qu'il put pour me raccommoder avec lui (Chênedollé, Journal, 1822, p. 120).Maxime de Trailles et La Palferine ont brouillé le marquis avec madame Schontz et vont raccommoder Arthur et Béatrix (Balzac, Prince Bohême, 1840, p. 398): 3. On se rend compte des causes, des contradictions, des incohérences, de ce va-et-vient fantasmagorique du cœur de la femme (...) on est consulté; on donne des avis; on essuie les larmes; on raccommode les amants, on redemande les lettres, on rend les portraits...
Dumas fils, Ami femmes, 1864, I, 5, p. 65. − Empl. pronom. ♦ réciproque. Pendant ces quinze ans ils se sont brouillés, raccommodés, trompés cent fois (Champfl., Avent. MlleMariette, 1853, p. 130).Le moment où l'on souhaite mourir plutôt que de se raccommoder encore une fois (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 179). ♦ réfl. Ton père croit qu'elle pourrait se raccommoder avec son mari, qu'il va arranger ça (Drieu La Roch., Rêv. bourg., 1937, p. 310). 2. Raccommoder qqn avec qqc.Faire que quelqu'un abandonne une prévention contre quelque chose et adopte à son sujet une opinion plus favorable. Synon. plus usuel réconcilier.Ce qui m'a surtout frappé, ce sont les petits soins des maris envers leurs femmes, et les attentions des femmes pour leurs maris (...). C'est étonnant comme cela me raccommode avec le mariage (Dumas père, Noce et enterrement, 1826, tabl. 1, 5, p. 81).Malgré mon goût pour le calme, il y en a ici au point de me raccommoder avec l'agitation et la turbulence parisiennes (J.-J. Ampère, Corresp., 1835, p. 89). − Empl. pronom. réfl. Rien ne sera facile comme de vous raccommoder avec la République (Staël, Lettres L. de Narbonne, 1792, p. 47). REM. Raccommodable, adj.Qui peut être raccommodé. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth.: [ʀakɔmɔde], (il) raccommode [-mɔd]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1587 « remettre (une chose) en état, en état de service » (Lanoue, Discours pol. et milit., XXII, Bâle, p. 523: Ayant gaigné ceste place [Belgrade], il la faudroit raccommoder promptement); spéc. a) un accessoire, un arrangement de toilette 1648 raccommoder sa jartière (Scarron, Virgile travesti, II, éd. V. Fournel, Paris, 1858, p. 86b); 1671 raccommoder un vêtement (Pomey); b) une œuvre littér. 1672, 11 mars empl. abs. (Sévigné, Lettres, éd. E. Gérard-Gailly, t. 1, p. 496: Quand je m'aperçois de ces répétitions, je fais une grimace épouvantable; mais [...] je ne sais point raccommoder); 2. 1648 fig. réfl. « se rétablir, redevenir normal » (Guez de Balzac, Le Barbon ds
Œuvres, Paris, L. Billaine, t. 2, 1665, p. 692: son pauvre esprit que le Latin gasta [...] ne se raccommoda pas [...] dans la Logique); 3. ca 1660 id. trans. « apaiser, faire disparaître une cause de trouble, un préjudice » (Retz, Mém. ds
Œuvres, éd. Grands Ecrivains de France, t. 2, p. 521; t. 7, p. 218). B. 1. 1587 « remettre (une personne) en bon état, bonne santé » racommoder les blessés (Lanoue, op. cit., XXII, p. 530); 2. ca 1660 fig. réfl. « se réconcilier » (Retz, op. cit., t. 3, p. 477); 1671 trans. (Pomey). Dér. de accommoder*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 494. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 671, b) 1 427; xxes.: a) 754, b) 306. |