| * Dans l'article "RABAISSER,, verbe trans." RABAISSER, verbe trans. I. A. − Placer quelque chose plus bas, à un niveau inférieur. Ce tableau est trop haut, il faut un peu le rabaisser (Ac.).Rabaissant ses lunettes et rendant les papiers au préfet (Mérimée, Colomba, 1840, p. 114).Il est sur le balcon, il rabaisse son feutre sur ses yeux, (...) puis se penche et regarde au dehors (Rostand, Cyrano, 1898, iii, 10, p. 140): 1. Quand elle renversait un peu la tête, le visage d'Alban se trouvait posé sur ses cheveux, et il aspirait leur odeur, et, quand elle rabaissait la tête, la bouche avait fait parmi les cheveux un petit épi.
Montherl., Bestiaires, 1926, p. 474. ♦ Empl. pronom. Quand les dents tombent, l'angle postérieur redevient plus obtus, parce qu'il n'est plus repoussé en arrière par les dents, et le condyle se rabaisse par rapport à l'apophyse (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 134). − Rabattre. Un vieux monsieur, qui rabaissa son strapontin en la suivant des yeux (Chardonne, Épithal., 1921, p. 186). B. − Diminuer, réduire la hauteur, les dimensions, l'intensité de quelque chose. Les gaz recueillis sont stockés dans des gazomètres d'où ils passent dans un compresseur à deux étages l'amenant à une pression de 20 kg. Un réfrigérant rabaisse leur température (Chartrou, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 101). − Spécialement ♦ AGRIC. ,,Diminuer la hauteur d'un arbre en coupant les branches supérieures`` (Forest. 1946). ♦ RELIURE, vx. ,,Couper avec la pointe le carton à la hauteur convenable pour que les châssis n'excèdent pas trop la tranche du livre`` (Maire, Manuel biblioth., 1896, p. 387). II. − Au fig. A. − Réduire à une valeur moindre, ramener à un degré moindre. Synon. amoindrir, minorer.Rabaisser les prétentions, l'orgueil de qqn; rabaisser les mérites, les talents de qqn. C'est rabaisser la science que de la tirer du grand milieu de l'humanité pour en faire une vanité de cour ou de salon (Renan, Avenir sc., 1890, p. 122).On dira que nous rabaissons les problèmes par notre esprit terre à terre (Colloque géogr. appl., 1962, p. 159). − Rabaisser à.Le critique qui s'acharne à rabaisser à sa taille les grands hommes et les grandes pensées (Rolland, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 343).Rabaisser à des proportions humaines les caprices dont je lui faisais jadis des titres de souveraineté (J. Bousquet, Trad. du sil., 1936, p. 196). ♦ Rabaisser au niveau, au rang de. Chaque petit esprit tend à tout rabaisser à son niveau, à tout comprendre dans sa petite capacité (Maine de Biran, Journal, 1820, p. 280).C'est rabaisser l'hymen au niveau d'un plaisir, Que d'en faire le but d'un amoureux désir (Ponsard, Honn. et argent, 1853, iii, 1, p. 59). − Vieilli. Rabaisser le caquet de qqn, à qqn. Synon. de rabattre le caquet*. − Empl. abs. Où siège-t-elle, cette prudence anonyme qui renonce et choisit, qui élève et rabaisse, qui de tant d'ouvrières pourrait faire tant de reines et qui de tant de mères fait un peuple de vierges? (Maeterl., Vie abeilles, 1901, p. 85). B. − Estimer quelqu'un, quelque chose au-dessous de sa valeur, déprécier. Rabaisser les grands, les puissants. Elmire rabaissait malignement leur famille (Pourrat, Gaspard, 1925, p. 94).L'historien peut toujours exalter ou rabaisser son héros (Marrou, Connaiss. hist., 1954, p. 189): 2. On accuse l'Évangile de rabaisser la nature humaine: déclarer l'homme perdu et incapable de se relever, lui offrir comme unique refuge un salut qui n'est pas son œuvre, dont il doit s'avouer indigne et qu'il doit recevoir humblement comme une grâce de l'amour divin, n'est-ce point, a-t-on dit, porter atteinte à son indépendance et à sa grandeur morale?
Monod, Sermons, 1911, p. 292. − Empl. pronom. réfl. Il rabaisse la femme, mais ne le fait que parce que d'abord il s'est rabaissé soi-même (Montherl., J. filles, 1936, p. 944). REM. 1. Rabaissant, -ante, part. prés. en empl. adj.Elle me donnait des ordres sur un ton cassant... rabaissant (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 247). 2. Rabaisseur, -euse, adj.Qui rabaisse, déprécie. Mon caractère moqueur, rabaisseur, même de mes propres sentiments (Léautaud, Journal littér., 1, 1905, p. 204). Prononc. et Orth.: [ʀabese], [-bε-], (il) rabaisse [-bεs]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1175 « amener quelque chose à un degré moindre » (Benoît de Ste-Maure, Chronique des Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 41280); ca 1200 verbe pronom. « se déprécier » (Moralités sur Job, 308, 42 ds T.-L.); 1866 empl. abs. (Amiel, Journal, p. 430: La science ne rabaisse jamais et grandit toujours en charme et en douceur); 2. a) déb. xiiies. « placer quelque chose à un niveau moins élevé que celui où il était » (2eContinuation de Perceval, éd. W. Roach vol. IV, 30579); 1690 empl. abs. (Fur.: la riviere rabaisse a veuë d'œil); 1805 verbe pronom. (Cottin, Mathilde, t. 2, p. 280: La voûte de la grotte se rabaisse à tel point, qu'il faut pour ainsi dire, ramper sur la terre humide); b) 1688 terme de man. verbe pronom. « s'abaisser » (Rich. t. 2); c) 1718 rabaisser la voix (Ac.); 3. 1283 « amener à une valeur moindre » (Philippe de Beaumanoir, Coutumes de Beauvaisis, éd. Am. Salmon, 774); 4. a) 1752 terme de reliure « raccourcir » (Trév. Suppl.); b) 1875 « raccourcir un arbre » (Lar. 19e). Dér. de abaisser*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 265. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 407, b) 325; xxes.: a) 324, b) 407. |