| RÉVISIONNISTE, REVISIONNISTE, adj. et subst. I. − Adjectif A. − [En parlant de qqn] Qui est partisan d'une révision (de la constitution, d'un procès); qui y est favorable; qui y procède. On n'avait vu à M. Bélignat un peu de sentiments vifs qu'au moment du boulangisme. Deux ans durant, il avait dû subir à Saint-Pierre les brocards d'un jeune candidat révisionniste (Daniel-Rops,Mort, 1934, p. 133). − [P. méton. du déterminé] MmeSazerat (...) était dreyfusarde. Mon père (...) était convaincu de la culpabilité de Dreyfus. Il avait envoyé promener avec mauvaise humeur des collègues qui lui avaient demandé de signer une liste révisionniste (Proust,Guermantes 2, 1921, p. 152). B. − [En parlant de qqc.] Qui est relatif à une révision (de la constitution, d'un procès); qui y est favorable; qui y incite. En tout cas, qu'y gagnerait-on d'autre qu'un redoublement d'agitation revisionniste? (Clemenceau,Vers réparation, 1899, p. 257).La propagande silencieuse de mes ex-condisciples contribua, pour une part, à la belle majorité qu'obtinrent, sous mon nom, les idées révisionnistes (Barrès,Cahiers, t. 14, 1923, p. 276). II. − Substantif A. − Personne qui est partisan de la révision (de la constitution, d'un procès). Toute la Chambre étant à un certain moment devenue révisionniste, c'était forcément parmi d'anciens révisionnistes (...) qu'on avait été obligé de recruter le parti de l'ordre social, de la tolérance religieuse, de la préparation militaire (Proust,Temps retr., 1922, p. 726).Le revisionniste par excellence était Sieyès qui, dès l'an III, opposait son plan à celui qu'on adopta (...). Une revision immédiate étant impossible, Sieyès méditait un coup d'état depuis son élection (Lefebvre,Révol. fr., 1963, p. 550). B. − POL. Personne qui est partisan du révisionnisme (infra dér.). Aucun règlement ne peut intervenir avant la fin des batailles entre « extrêmistes » et « révisionnistes » (Le Monde, 12 janv. 1969ds Gilb. 1980). REM. Réviso, subst. masc.,fam., synon. (supra B).Ce mot constitue, de la part des gauchistes, une injure à l'adresse des communistes, regardés comme infidèles à l'intransigeance révolutionnaire: Un beau jour retentit sur le campus de Vincennes le chant « Dehors, révisos! Dehors révisos! » (A. Sampson,Le Figaro littéraire, 1969ds Giraud-Pamart 1971). Prononc. et Orth.: [ʀevizjɔnist], [ʀ
ə-]. V. reviser. Étymol. et Hist. 1851, 17 juin pol. subst. (Hugo, Discours à l'Assemblée Nationale, Débat sur la révision de la Constitution ds Quem. DDL t. 7); 1872, 22 avr. id. adj. assemblée révisionniste (Journal Officiel, p. 2682, 2ecol. ds Littré Add.). Dér. de revision*; suff. -iste*. DÉR. Révisionnisme, revisionnisme, subst. masc.a) Attitude, doctrine des révisionnistes. Le mouvement [boulangiste] était fini, mais il eut des conséquences durables. D'abord il discrédita le revisionnisme, et les attaques des radicaux contre la Constitution de 1875 devinrent moins ardentes et plus rares (Bainville,Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 243).b) Pol. ,,Pratique politique qui, sous couvert d'adapter la théorie marxiste à la conjoncture en dénature le caractère révolutionnaire`` (Aur.-Weil 1981). − [ʀevizjɔnism̭], [ʀ
ə-]. V. réviser. − 1resattest. a) 1897 pol. « attitude de ceux qui demandent la révision d'une constitution » (Barrès, Appel soldat, p. 447); b) 1903, 15 nov. « attitude de ceux qui remettent en question les fondements d'une doctrine » (A. Blummer in Le Mouvement socialiste, n o130, p. 401 ds Quem. DDL t. 15); de révisionniste avec changement de suff. − Fréq. abs. littér.: 15. BBG. − Dub. Pol. 1962, p. 406. − Maulnier (Th.). Le Sens des mots. Paris, 1976, pp. 202-203 (s.v. révisionnisme). − Quem. DDL t. 7 (révisionnisme), 15 (id.). |