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RÉVÉLER, verbe trans.
A. − Empl. trans.
1. Faire connaître à quelqu'un quelque chose qui était ignoré, inconnu, caché ou secret. Synon. dévoiler.
a) Révéler qqc.[L'obj. est un subst. (chose) ou une prop. compl. ou interr. indir.]
[Le suj. désigne une pers.] Révéler un fait; révéler un complot, une conjuration; révéler l'identité de qqn; révéler ses intentions, ses desseins, ses sentiments. S'il est pris, il se fera hacher avant de dire un mot et de révéler notre secret; mais privé de lui, je suis forcé de me démasquer pour agir moi-même (Ponson du Terr.,Rocambole, t. 3, 1859, p. 215).Appris par les Maritain que Jean Desbordes avait fait partie de la résistance à Lunel et qu'il était mort sans avoir révélé le nom d'un seul de ses camarades (Green,Journal, 1945, p. 204).
[Le suj. désigne une chose] Les documents, les événements révèlent que. Qu'on s'épargne le soin de chercher dans mon cerveau glacé et dans mon cœur éteint le mystère de mon être. La mort ne révèle point les secrets de la vie (Chateaubr.,Mém., t. 1, 1848, p. 9).Le Dr René Allendy, et d'autres à sa suite, CG Jung en particulier − psychologues de carrière et astrologues à leur temps perdu − ont été frappés de voir qu'il y avait identité entre ce que dévoile une investigation psychanalytique et ce que révèle l'analyse d'un thème (Barbault,De psychanal. à astrol., 1961, p. 28).V. inscription ex. 3.
b) [P. méton.] Révéler qqn (pers. ou coll.)
Faire connaître le nom, l'identité de quelqu'un. Synon. dénoncer.Révéler ses complices (Ac. 1798-1878). Monsieur le Directeur, ce jeune homme est innocent, il m'a révélé le coupable!... Il allait mourir pour un faux point d'honneur (Balzac,Splend. et mis., 1847, p. 569).
Faire connaître l'existence, la nature, la valeur de quelqu'un. Le choréauteur a trouvé la note juste et, parce qu'elle est juste, elle nous émeut, elle nous révèle le personnage [Giselle] au lieu d'être seulement une vision plastique (Lifar,Traité chorégr., 1952, p. 113).Un voyage dans les Flandres et en Hollande lui révéla [à David] Rubens et lui montra que sa propre couleur était terne et ses ombres bouchées (Hautecœur,Art sous Révol. et Emp., 1954, p. 83).
Loc. Révéler qqn à lui-même. Lui faire prendre conscience de lui-même, de sa véritable nature. Le capitaine Delvert (...) est un de ces officiers que la guerre a révélés à eux-mêmes en les retirant brusquement des carrières civiles dont ils étaient l'honneur (Bordeaux,Fort de Vaux, 1916, p. 142).Le théâtre − celui de Labiche − révéla le cinéaste [René Clair] à lui-même en lui posant des problèmes que seul le Parlant pouvait résoudre (Sadoul,Cin., 1949, p. 223).
c) RELIG., OCCULT. Faire connaître en vertu d'une opération surnaturelle ou magique ce qui était ignoré, inaccessible à la raison humaine. Les sciences occultes, la magie prétendent révéler des mystères, des vérités cachées (Rob.). Croyez-vous aux présages des plantes et qu'elles peuvent nous révéler l'avenir, en soulever du moins le voile (Arnoux,Calendr. Fl., 1946, p. 179).
Communiquer une connaissance d'ordre divin par la révélation (v. ce mot B). Dieu, qui nous a révélé notre principe et notre fin, a dû nous révéler aussi le moyen d'aller de l'un à l'autre, sans quoi son but à lui-même, qui était de satisfaire sa bonté en se communiquant aux créatures, n'eût pas été réalisé (Lacord.,Conf. N.-D., 1848, p. 122).La distinction des trois personnes n'est réelle que pour la conscience humaine. Ce n'est plus l'intuition, mais l'inspiration, qui nous révèle la divinité. Art, religion, révélation se confondent et dominent également le savoir philosophique (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 1267).
2. Rendre manifeste, laisser apparaître clairement (une réalité d'ordre physique ou moral)
a) [Le suj. désigne qqc. qui appartient à la pers.] Être ou fournir l'indice, le signe de. Synon. déceler, dénoncer, dénoter, trahir.Cette opinion serait corroborée par Aristote, lorsqu'il dit qu'« un beau pied est l'indice d'une belle âme », et par la croyance universelle que le corps révèle l'âme en quelque façon (Montherl.,Olymp., 1924, p. 263):
1. ... qu'elle soit ou non spontanée, habituelle, naïve, la puissance des mots révèle en tous cas un décalage, et comme une rupture des rapports qui jouent à l'intérieur du langage entre le mot et le sens, entre le signe et l'idée. Paulhan,Fleurs Tarbes, 1941, p. 70.
[P. méton.; le suj. désigne la pers. elle-même] Un couple qui danse révèle son degré d'entente. L'harmonie des gestes du comte et de la comtesse d'Orgel prouvait un accord que donne seul l'amour ou l'habitude (Radiguet,Bal, 1923, p. 44).Le Curé d'Ars, d'une maigreur saisissante, révélait immédiatement son austérité (La Varende,Curé d'Ars, 1957, p. 13).
b) [Le suj. et le compl. désignent des choses matérielles] Manifester aux regards, laisser voir, découvrir. Posée à ravir, une danseuse semblait être sans voile sous les plis onduleux du cachemire. Là une gaze diaphane, ici la soie chatoyante, cachaient ou révélaient des perfections mystérieuses (Balzac,Peau chagr., 1831, p. 66).Il appuie sur un coin de la plinthe. Un pan du mur pivote, et révèle un passage qui descend presque à pic (Giraudoux,Folle, 1944, ii, p. 103).
3. PHOT. ,,Faire apparaître l'image latente sur une plaque, une pellicule, un papier photographiques`` (Lar. 20eSuppl. 1953). Révéler un cliché (Lar. 20eSuppl. 1953). Pour développer une plaque, c'est-à-dire pour révéler l'image latente, on l'immerge dans un bain chimique qui a la propriété de réduire à l'état d'argent métallique opaque les grains de bromure d'argent qui ont été frappés par la lumière (Prinet,Phot., 1945, p. 38).
B. − Empl. pronom.
1.
a) [Le suj. désigne un être animé] Se faire connaître, se manifester dans sa véritable nature. Si l'insecte ne nous parle pas et ne veut pas nous parler, est-ce à dire qu'il n'exprime pas la brûlante intensité de la vie qui est en lui? Nul être ne se révèle plus clairement, mais de lui à lui, d'insecte à insecte (Michelet,Insecte, 1857, p. 155).L'hypergénital, qui se révèle dès l'adolescence par un développement sexuel précoce (Mounier,Traité caract., 1946, p. 169).
Spécialement
ARTS, SPECTACLES, SPORTS. Se faire connaître; faire reconnaître, manifester son talent, sa valeur. Se révélant à vingt-sept ans, il [Tilden] tint la gageure de perdre un seul match en six ans, de 1920 à 1926 (Jeux et sports, 1967, p. 1383).
RELIG. Se communiquer par révélation (v. ce mot B). Il semble parfois que son plan [de Jésus] était (...) de ne se révéler clairement qu'à ses disciples, confiant à ceux-ci le soin de le démontrer plus tard au monde (Renan,Vie Jésus, 1863, pp. 303-304).Si l'une des marges du rêve confine à l'effroi, l'autre touche au mystère d'en haut. Dans le songe, Dieu se révèle à l'homme (Béguin,Âme romant., 1939, p. 373).
b) [Le suj. désigne une chose] Apparaître, se manifester, se laisser voir, se dévoiler. L'autre rive se révélait vaguement et se couronnait de mirages que le cours des heures variait (Gide,El Hadj, 1899, p. 361).Un secret se dévoile peu à peu, et de plus en plus; mais le problème éternellement problématique qu'on appelle mystère se révèle en une fois. Se révèle pour aussitôt se cacher. Si ce complexe de révélation et d'occultation se répétait continuellement, l'entrevision du mystère se confondrait avec le devenir lui-même (Jankél.,Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 48).
En constr. impers. Il ne se révélait dans ce logis la présence d'aucun travail (Hugo,Misér., t. 1, 1862, p. 889).Dès qu'on arrive quelque part, il se révèle en vous des ambitions. Moi j'avais la vocation d'être malade, rien que malade. Chacun son genre (Céline,Voyage, 1932, p. 178).
2. Se révéler (être) + attribut.Apparaître comme. Le problème de la réalité du corps se révèle donc être le problème central, de la solution duquel tout dépend (G. Marcel,Journal, 1914, p. 125).Je maintins ma décision de renvoyer à l'intérieur les chefs qui se révélaient incapables (Joffre,Mém., t. 1, 1931, p. 303):
2. L'esprit, chez nous, a dominé l'intelligence. La vie, toujours, fait craquer les formules. La défaite peut se révéler le seul chemin vers la résurrection, malgré ses laideurs. Je sais bien que pour créer l'arbre on condamne une graine à pourrir. Le premier acte de résistance, s'il survient trop tard, est toujours perdant. Mais il est éveil de la résistance. Saint-Exup.,Pilote guerre, 1942, p. 332.
Rem. Les grammairiens condamnent l'empl. de se révéler comme dans le cas où le subst. ou l'adj. dont il est suivi a une simple valeur d'attribut (v. supra): ,,Se révéler comme ne doit s'employer qu'au sens de « se révéler de la même façon que se révèle... », et non au sens de: « révéler que l'on est... »; on dira: cette affaire se révéla comme le secret de Polichinelle, mais: cette affaire se révéla une grosse difficulté pour notre héros (sans comme)`` (Dupré 1972). Cette constr. est cependant bien att.: En cette fin de siècle, l'électricité se révélait comme un agent encore mystérieux, mais aux possibilités infinies (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p. 480). L'école positiviste ouvrait là un magnifique champ d'investigation aux criminologues et se révélait comme très féconde (Traité sociol., 1968, p. 210).
Prononc. et Orth.: [ʀevele], (il) révèle [-vεl]. Ac. 1694, 1718: reve-; dep. 1740: révéler. Conjug. v. abréger. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. a) 1remoit. du xiies. relig. « faire connaître par une révélation divine » (Psautier Cambridge, 97, 3 ds T.-L.); b) 1637 [éd.] vérité révélée (Descartes, Discours de la méthode, Leyde, J. Maire, p. 10); c) 1725 religion révélée (Mém. de Trév., sept., p. 1690); 2. 1160-74 « faire connaître ce qui était inconnu, secret » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 1263: n'est chose si reposte qui ne soit revelee); 3. 1794 « être l'indice, la marque de quelque chose » (Chénier, Bucoliques, p. 243); 4. 1895 phot. (Guérin Suppl.). B. Pronom. 1. 1715 « se dévoiler » (Montesquieu, Lettres persanes, Amsterdam, P. Brunel, 1721, t. 2, p. 54); 2. 1886 « affirmer sa valeur par une belle performance (d'un sportif) » (Le Sport vélocipédique, 14 mai ds Petiot); 3. 1922 se révéler + adj. « s'avérer » (Proust, Fugit., p. 653). Empr. au lat.revelare, propr. « découvrir, mettre à nu », au fig. « dévoiler », dér. de velare, v. voiler. Fréq. abs. littér.: 3 618. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4 200, b) 3 516; xxes.: a) 5 378, b) 6 682.
DÉR.
Révélable, adj.Qui peut être révélé. Avec cette notion, avec ce fil conducteur dans une main: l'humanité éternellement progressive; avec ce flambeau dans l'autre main: Dieu éternellement révélateur et révélable, il n'est plus possible de flotter et de s'égarer dans l'étude de l'histoire des hommes, puisque c'est l'histoire de Dieu même dans ses rapports avec nous (Sand,Hist. vie, t. 3, 1855, p. 3).Ces moyens très directs, encore une fois à la portée de tous, que nous persistons à mettre en avant dès lors qu'il s'agit, non plus essentiellement de produire des œuvres d'art, mais d'éclairer la partie non révélée et pourtant révélable de notre être où toute beauté, tout amour, toute vertu que nous nous connaissons à peine luit d'une manière intense (Breton,Manif. Surréal., 2emanif., 1930, p. 148). [ʀevelabl̥]. 1reattest. 1553 (Des Autels, Amoureux Repos, Invocation ds Hug.); de révéler, suff. -able*.