| RÉSISTANT, -ANTE, part. prés. et adj. I. − Part. prés. de résister*. II. − Adjectif A. − [En parlant d'un inanimé] 1. Qui résiste, qui oppose une force annulant ou diminuant la force subie; dur, solide. Bois, marbre résistant. La force résistante du grès et le cœur d'acier du chêne (Michelet,Insecte,1857, p. XXXV). − PHYS. Qui s'oppose au mouvement. Espace, milieu résistant. On peut comparer ce phénomène à celui qui se produit lorsqu'une planète ou une comète se meut dans un milieu résistant: la perte d'énergie due à la résistance se traduit (...) par une diminution du grand axe de l'orbite (H. Poincaré, Hyp. cosmogon.,1911, p. 227). 2. Qui résiste bien aux causes de destruction, aux efforts, à l'usure. Acier, obstacle résistant; étoffe, peinture résistante. [La faux] doit être souple et résistante, mince et large, de métal pur, de fil ardent (Pesquidoux,Chez nous,1923, p. 75).Papier épais dur, type 129 particulièrement résistant, pour filtration des solvants volatils (Catal. instrum. lab. [Prolabo], 1932, p. 172). − Résistant à (qqc.).Métal résistant à la corrosion, aux rayonnements atomiques, à la température. Un vaisseau démâté, la carène prise entre deux rocs, résistante aux assauts de la tempête (Zola,Page amour,1878, p. 1032).Ces substances sont peu résistantes aux agents chimiques et sont attaquées par le gaz carbonique et l'eau à des températures peu élevées (Goldschmidt,Avent. atom.,1962, p. 207). 3. BOT. Qui supporte bien le climat, qui est adapté à la nature du sol. Le bouleau surtout qui, vivace et résistant, étend son aire de la Sibérie à la Scandinavie, du Canada à l'Alaska (Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum.,1921, p. 165). − Résistant à (qqc.).Qui résiste à des causes de destruction. L'obligation dans laquelle s'est trouvé le viticulteur de greffer les cépages indigènes sur des sujets résistants au phylloxéra souleva d'abord des problèmes purement techniques (Levadoux,Vigne,1961, p. 62). B. − [En parlant d'un animé] 1. Qui supporte l'effort, la fatigue, les privations, la maladie, les intempéries. Synon. endurant, fort1, robuste.Homme résistant; être résistant à la douleur, au froid, à la peine. Hein, ils étaient plus résistants que nous, ceux-là! Nous n'avons plus, hélas! ni l'âme, ni le corps assez solides pour supporter de tels jeûnes (Huysmans,En route, t. 2, 1895, p. 60).Ludwig Bergen était un champion des grands parcours, sérieux et résistant, promis aux victoires (Peyré,Matterhorn,1939, p. 105). − Empl. subst. masc. Le coureur de fond est d'abord un résistant. Il doit posséder un organisme en parfait état pour être en mesure d'effectuer, chaque jour, un entraînement très long et de l'assimiler (Jeux et sports,1967, p. 1241). 2. Qui s'oppose aux volontés d'autrui. Synon. rebelle.Je la sentis plus résistante, plus fermée que jamais à toute bonne influence (...). Je lisais au pli de son front (...) une obstination grandissante, un refus qu'elle n'opposait plus seulement aux vérités saintes, mais à tout ce que je pouvais lui dire, à tout ce qui venait de moi (Gide,Robert,1930, p. 1341).Jacques avait l'impression de perdre le contact, d'avoir devant lui un être pétrifié, résistant, incommunicable (Martin du G.,Thib., Été 14, 1936, p. 575). 3. Qui s'oppose à un roi, à un chef, à un despote, à un gouvernement, etc. dont l'autorité n'est pas reconnue, mais rejetée, jugée inacceptable. Le baron Daru était, on le sait, bonapartiste résistant, convaincu (Vallès,Réfract.,1865, p. 89). ♦ Empl. subst. Huit années que les résistants afghans luttent contre la plus grande puissance militaire du monde (Le Figaro Magazine,5 déc. 1987, p. 15, col. 1). − En partic. [Pendant la Seconde Guerre Mondiale] Qui s'opposait à l'occupation allemande et à la politique de collaboration, qui s'est engagé dans un combat actif contre elles. Écrivain, journal résistant. Toutes les forces françaises combattantes et résistantes à l'extérieur et à l'intérieur du territoire national (De Gaulle,Mém. guerre,1956, p. 470). ♦ Empl. subst. Un résistant de la onzième heure; les résistants de France, du maquis. Au prix du plus insignifiant des risques courus par les vrais résistants, ceux des parachutages d'armes, des sabotages, des attaques à main armée. Qui oserait se glorifier d'avoir appartenu aux services de l'arrière? (Mauriac,Bâillon dén.,1945, p. 428).[Avec une majuscule] La soirée bouleversante où les Résistants entendirent à la radio anglaise le message codé annonçant l'imminence du débarquement en Normandie (Jankél.,L'Irréversible et la nostalgie,1974, p. 43). REM. 1. Résistantialiste, subst. masc.Partisan de la Résistance. Le beurre (...) coûtait seulement moins cher du temps des Fritz. − Ne parle pas comme ça devant un résistantialiste, dit Lucie (Beauvoir,Mandarins,1954, p. 392). 2. Résistantiel, -elle, adj.Qui est typique de la mentalité des Résistants. Voici un livre « l'Énigme Jean Moulin » libéré du conformisme et de la casuistique résistantiels coutumiers (Réalités,janv. 1978, p. 15, col. 1). Prononc. et Orth.: [ʀezistɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1355 subst. (ds Isambert, Rec. gén. des anc. lois fr., t. 4, p. 749: et se [...] naissait ou mouvait debat, riot, ou questions contre les resistens, ou ceuls qui recourroient [Qui reprendroient par la force les choses qui auroient esté prises]); 1480 « celui qui résiste à » (P. Le Baud, Hist. de Bretagne, B.N. Ms. fr. 8266, f o114 v ods Fonds Barbier: Et quand il eut ainsi vaincu ses resistants, il composa un chastel sur la rive d'Udon); spéc. 1943 (La Déportation ds Combat, 15 avr., col. C). Part. prés. de résister*. Cf. le m. fr. résisteur 2e moit. xves. (Georges Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 254) − xvies. 1531 [date ms.] Raoul de Presle, Cité de Dieu, VIII, chap. 24 ds Delb. Notes mss. Fréq. abs. littér.: 495. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 413, b) 508; xxes.: a) 614, b) 1 110. |