Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
RÉSERVER, verbe trans.
A. − Qqn réserve qqc. (à qqn), qqn se réserve qqc.
1. DR. Qqn (se) réserve un droit. Mettre de côté dans un contrat une clause à faire valoir ultérieurement. La remise ou décharge conventionnelle au profit de l'un des codébiteurs solidaires, libère tous les autres, à moins que le créancier n'ait expressément réservé ses droits contre ces derniers (Code civil, 1804, art. 1285, p. 231).Part. passé en empl. adj. Tous droits réservés. Toute prétention réservée. Tous dépens réservés (Ac. 1835-1935). Biens réservés. Partie d'une succession qui revient de droit aux héritiers légitimes. (Dict. xixeet xxes.).
Empl. pronom. réfl. indir. S'attribuer à l'avance quelque chose par une clause; mettre de côté pour soi un droit. La France n'a pas respecté le droit qu'elle s'était réservé par ce traité! (Dumas père, Fille du régent, 1846, III, 4, p. 215).Je me réserve le droit de traduction. Si on voulait me l'acheter également, le prix total serait 300 000 francs (Hugo,Corresp., 1861, p. 359).Qqn se réserve (le droit) de + inf.Conserver le droit de. L'administrateur (...) se réserve le droit de dissoudre la Commission (Barrès,Cahiers, t. 12, 1919, p. 140).
2. P. ext. Destiner quelque chose à l'usage exclusif ou particulier de quelqu'un.
a) Réserver (qqc.) à qqn.Réserver à l'aristocratie, à la famille, aux dames, aux étrangers, aux officiels; réserver un banc, une place, une salle à; réserver un accueil cordial, chaleureux, froid à qqn. Le président, qui était son ami, lui réservait certaines besognes aisées et brillantes, pour le mettre en vue (Zola,Pot-Bouille, 1882, p. 94).[Des chefs social-démocrates] tourneraient aussitôt contre leur gouvernement la violence des attaques qu'ils avaient jusqu'alors réservées au gouvernement de Vienne (Martin du G.,Thib., Été 14, 1936, p. 440).
Loc. Réserver pour qqn. Réservez vos foudroyants anathèmes pour ces hommes vils, monsieur, et tous les gens de cœur applaudiront aux coups de fouet de votre Némésis vengeresse (Balzac,Corresp., 1831, p. 519).
b) Au passif
Qqc. est réservé à qqn.D'un côté étaient les fauteuils réservés aux dames, derrière le trône du roi et de la reine; de l'autre étaient les chaises destinées au sexe laid (About,Roi mont., 1857, p. 288).Ce restaurant qui doit s'ouvrir en octobre sera réservé aux étudiants et à quelques personnes du dehors. La formule en est toute nouvelle. On se sert soi-même (Green,Moïra, 1950, p. 70).
Part. passé en empl. adj. Place réservée aux invalides, aux mutilés, aux vieillards; domaine réservé (à). C'était une vaste demeure avec l'aile réservée aux femmes et le jardin secret où chantait le jet d'eau (Saint-Exup.,Citad., 1944, p. 518).
DR. CANON. Cas réservés. Péchés qui, en raison de leur gravité, ne peuvent être absous que par le pape ou un évêque. Le Grand-Pénitencier va dans une des basiliques de Rome, pour y entendre la confession des cas réservés (Stendhal,Rome, Naples et Flor., t. 2, 1817, pp. 372-373).
Chasse, pêche réservée. Chasse, pêche dont la pratique sur un domaine est soumise à autorisation. Partout, partout, des poteaux avec l'inscription: « Chasse réservée » (Renard,Journal, 1895, p. 298).
Quartier réservé. Quartier où sont situées les maisons de prostitution dans certaines villes. Car ne crois pas, quand tu te saisis de la bien-aimée au soir des noces qu'il soit [l'amour] d'abord pour toi simple conquête d'un corps, duquel tu eusses pu hériter dans le quartier réservé de la ville où sont des filles semblables d'apparence (Saint-Exup.,Citad., 1944, p. 745).
Qqc. est réservé à qqc.Être attribué particulièrement à un usage. Françoise était d'un temps où « dépens » n'était pas réservé au style judiciaire et signifiait seulement dépense (Proust,Guermantes 1, 1920, p. 26).
c) Empl. pronom. réfl. indir. Qqn se réserve qqc.Garder pour soi quelque chose à son usage exclusif ou comme prérogative. La température était délicieuse. L... s'était réservé à l'ombre d'ormes séculaires un lieu de repos où nous nous installâmes en attendant de nous mettre à table (Billy,Introïbo, 1939, p. 8).
Qqn se réserve de/à (vx) + inf.Conserver pour l'avenir la possibilité de (faire quelque chose). Synon. se proposer de.Je me réserve à parler quand j'aurai entendu vos raisons (Ac.1798-1878).Sois tranquille! je suis muet; mais je me réserve de te gronder plus tard (Bayard,Mari camp., 1844, II, 7, p. 473).
B. − Qqn réserve qqc. (à/pour qqn), qqn réserve qqc. (à/pour qqc.)
1. Qqn réserve qqc. (à/pour qqn).Retenir quelque chose à l'avance pour quelqu'un.
a) [Le suj. désigne la pers. qui effectue la réservation] Tenir en réserve; retenir quelque chose pour quelqu'un de telle sorte qu'il puisse en disposer. Labordette descendait d'une calèche où Gaga, Clarisse et Blanche de Sivry lui avaient réservé une place (Zola,Nana, 1880, p. 1379).Élisabeth lui réserva un petit appartement, au-dessus du sien (Cocteau,Enfants, 1929, p. 123).
b) [Le suj. désigne la pers. qui fait faire la réservation] Louer ou faire retenir pour quelqu'un, quelque chose. Réserver une place dans un avion, un train, au restaurant, au théâtre. (Dict. xxes.).
Part. passé en empl. adj. Il y avait (...) les billets de concerts (...) les cartes de toutes couleurs, « estrade, premières, places réservées » (A. Daudet,Nabab, 1877, p. 141).
Loc. Réserver un sort, une surprise à qqn. Lui destiner dans un avenir plus ou moins proche un sort ou une surprise. Il s'en va à Orsenna pour quelques jours. À son retour, je lui réserve une surprise (Gracq,Syrtes, 1951, p. 139).
2. Qqn réserve qqc. (à/pour qqc.)
a) Mettre de côté quelque chose pour plus tard en vue d'une utilisation précise. Réserver de l'argent, ses forces; réserver pour les grandes circonstances, pour les imprévus; réserver un sujet pour. Ma grand'mère Rondeaux, de même, avait réservé pour la fin le meilleur de ce qu'elle avait à dire, les suprêmes instructions et recommandations qu'elle souhaitait faire à ses enfants (Gide,Journal, 1927, p. 854):
Comme le besoin était pressant, je pris l'avis de ma femme, et, de son consentement, je m'empressai d'envoyer à M. de La Rivière une somme de deux cents francs que j'avais disponible et que je réservais pour m'acheter une montre... Hugo,Corresp., 1825, p. 425.
[P. méton.] Si (...) je réservais Mérimée pour plus tard, il faudrait liquider les notes courtes et les flanquer elles aussi de grandes études nouvelles (Du Bos,Journal, 1923, p. 261).
b) [Sans compl. second, mais souvent avec compl. indiquant le motif de la réserve]
Vx. Mettre à part, conserver. (Ds Rob.).
Locutions
Réserver l'avenir. Faire en sorte de garder toute latitude, toutes ses chances dans l'avenir. Ce même désir de trouver un mode nouveau d'expression m'incline à réserver l'avenir pour ce qui touche au cinéma (Mauriac,Journal 3, 1940, p. 258).
Réserver son avis, son jugement, son opinion. S'abstenir de donner son avis. Je vous trouve extrêmement optimiste, Courtel. Pour moi, je réserve mon opinion jusqu'à plus ample informé (Arnoux,Crimes innoc., 1952, p. 274).
C. − Qqn réserve qqn à/pour qqc., qqc. réserve qqc. à qqn
1. Qqn réserve qqn à/pour qqc.
a) Destiner quelqu'un à une fonction, un rôle. Réserver qqn à de hautes fonctions, pour une mission.
Empl. passif. J'étais réservé à autre chose (Nodier,Fée Miettes, 1831, p. 85).
b) Avoir quelqu'un à sa disposition pour. Elle voulait avoir, à une heure du matin, une explication avec lui, et elle voulait me réserver pour, après cette explication, une conversation sur des choses que nous avons traitées cent fois (Constant,Journaux, 1804, p. 103).
2. Qqc. réserve qqc. (à qqn).Être destiné à faire survenir. Qui sait ce que réservait l'avenir? (Verne,Île myst., 1874, p. 549).Ce sont les chiens sanitaires. Oh la prochaine guerre nous réserve des surprises! Les chiens qui vont soigner des hommes... Voilà qui est beau, qui mérite d'être médité (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 491).
Empl. passif. Je suis réservé à l'isolement et à une vie fragmentée de toutes manières (Barb. d'Aurev.,Mémor. 1, 1837, p. 182).
3. Empl. impers. Il était réservé à qqn/qqc. de + inf.Il appartient à (quelqu'un, quelque chose) de. Il était réservé à notre époque d'acquérir de cette vérité une démonstration aussi merveilleuse qu'inattendue (Lacord.,Conf. N.-D., 1848, p. 148).Il était réservé à un Bonaparte d'aller étouffer une république naissante par une intervention dont la France libre ne se fût jamais rendue coupable (Zola,Fortune Rougon, 1871, p. 89).
D. − Qqn réserve qqc., qqn se réserve. Garder intact.
1. Préserver quelque chose. Réserver son intimité; réserver l'avenir. Tu peux réserver tes ambitions pour ton fils aîné, qui sera trois fois plus riche que tu ne l'es (Balzac,Béatrix, 1839, p. 117).Pas de susceptibilité ni d'ironie, Frie. Réserve-les pour une autre heure (Arnoux,Roi, 1956, p. 66).
2. En partic. Garder intact (son appétit) pour. Mangez de cette hure froide de sanglier, mais réservez votre appétit, on vous a fait un petit chapelet de grives qui sont ici, pourrait-on dire, notre gibier national (Giono,Angelo, 1958, p. 213).
3. Empl. pronom. réfl. dir.
a) S'abstenir de; rester sur la réserve.
Absol. Quoique à l'âge où l'on se livre aisément, Vauvenargues ne disait pas tout sur lui-même; il se réservait (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t. 14, 1857, p. 18).Barrès, malgré l'apparence absolument contraire, se livre beaucoup plus que ne faisait Coppée. Celui-ci, comme tout poète, se réservait, donnait beaucoup le change (Jammes,Mém., 1922, p. 219).
b) Conserver des possibilités, des arguments pour les utiliser au moment propice. Je travaille beaucoup, mais je ne prendrai pas votre question cette année. On me dit que la Chambre n'aime pas qu'on parle souvent en commençant; je me réserve pour cinq ou six grandes occasions, auxquelles je suis préparé (Lamart.,Corresp., 1834, p. 13).
4. Au passif, loc. verb., vieilli. Être réservé à + inf. Montrer de la réticence à faire quelque chose; faire preuve de circonspection. On ne saurait être trop réservé à parler de soi, à critiquer les autres (Ac.).
5. ARTS GRAPH., BEAUX-ARTS. Laisser un blanc; épargner le fond d'une peinture ou d'une gravure. Avant lui, le peintre en émail n'avait pas de blanc susceptible de se mêler aux autres couleurs (...) il était donc contraint d'épargner le blanc du fond, de le réserver, comme on dit (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin, 1876, p. 589).
Prononc. et Orth.: [ʀezε ʀve], (il) réserve [-zε ʀv]. Ac. 1694-1740: reserver; dep. 1762: ré-. Étymol. et Hist. 1. a) Fin xiies. « destiner, attribuer à quelqu'un » (Sermons St Bernard, éd. W. Foerster, p. 120, l. 14); 1533 [date éd. Tesoro] spéc. réserver à soi (Brunet Latin, Trésor, éd. P. Chabaille, p. 72, additif selon divers mss et éd. 1533); 1553 se réserver « garder pour soi » (Bible Gérard, Rom XIa4 [et non 2a4 d'apr. FEW t. 10, p. 295a]); b) 1651 part. passé adj. réservé (Corneille, Nicomède, I, 2); c) 1738 être réservé (à qqn) « être le lot, le sort, le destin de, ce que quelqu'un fera » (Rollin, Hist. anc., t. 5, p. 816); d) 1788 réserver (à qqn) « préparer (pour l'avenir de quelqu'un), mettre dans la destinée (de quelqu'un) » (Loaisel de Treogate, Passions, t. 1, p. 198); 2. a) 1337 « soumettre à un régime spécial ou à une restriction, restreindre (p. ex. un droit ou un pouvoir) en attribuant spécialement à quelqu'un ou à soi-même » (Doc. ds Livre Roisin, éd. Brun Lavainne, p. 352); b) 1349 réservé que « excepté que » (ibid., p. 167); c) fin xives. réservé se hauteur et sen honneur « sa grandeur et son honneur étant saufs » (Froissart, Chron., éd. S. Luce et G. Raynaud, t. 9, p. 223); 1409 réservé « à l'exception de » (Trésor des Chartes de Rethel, II, 621, 30 ds Runk., p. 158); d) fin xives. reserver l'iretage (Froissart, op. cit., t. 10, p. 173); ca 1485 biens [...] réservez « biens dont un testataire ne pourrait disposer à sa guise » (Mistère Viel Testament, 1855, éd. J. de Rothschild, t. 3, p. 45); e) 1612 cas réservés « péchés dont l'absolution ne peut être donnée que par certaines autorités ecclésiastiques ou un prêtre ayant reçu un pouvoir spécial » (Regnier, Satyre XIII, 25, Œuvres compl., éd. G. Raibaud, p. 172); 1718 id. « chose dont on fait mystère » (Leroux, p. 451); f) 1833 « retenir à l'avance, faire que quelqu'un ou soi-même disposera de, faire garder, faire attribuer » (Balzac, Corresp., p. 359); 1839 places réservées (Sand, Lélia, p. 448); 3. fin xives. « garder à part, ne pas laisser voir ou connaître » (Froissart, op. cit., t. 6, p. 83); 4. ca 1485 « mettre à part pour préserver, sauver » (Mistère Viel Testament, 46824 et 46834, éd. J. de Rothschild, t. 6, p. 113); 5. a) 1558 se réserver à « se garder pour plus tard la possibilité de, attendre pour (faire quelque chose) » (Bonaventure des Périers, Nouvelles récréations et joyeux devis, éd. Krystyna Kasprzyk, p. 17); b) av. 1660 se réserver de « id. » (Patru, 3ePlaidoyer, p. 32); 6. 1559 se réserver à « se garder, se préserver en vue de » (Amyot, Hommes illustres, Fabius Maximus, éd. L. Clément, p. 92); 1671 (Pomey: Je me suis réservé pour d'autres temps); 7. a) 1559 réservé « qui se contient, discret » (Id., ibid., Péricles, p. 13); b) 1665 empl. subst. faire le réservé (La Fontaine, Contes, I, II, 96, Œuvres, Gds écrivains de la France, t. 4, p. 71); 8. 1579 « garder (quelqu'un ou quelque chose) en vue d'un état, d'une fonction ou d'un usage déterminé » (Garnier, La Troade, 2657, Tragédies, éd. W. Foerster, t. 2, p. 168 ds IGLF). Empr. au lat.reservare « mettre de côté, garder en vue de quelque chose, conserver, sauver ». Fréq. abs. littér.: 1 758. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 236, b) 1 944; xxes.: a) 2 416, b) 3 067.
DÉR.
Réservement, subst. masc.,hapax. On ne nourrissait pas les sources et les grâces comme un réservement pour les sept vaches maigres (Péguy,Ève, 1913, p. 772). [ʀezε ʀvəmɑ ̃]. 1resattest. ca 1155 (Wace, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, p. 116), attest. isolée, 1913 (Péguy, loc. cit.); de réserver, suff. -(e)ment2*.