| RÉPUDIER, verbe trans. A. − [Le compl. d'obj. désigne qqn] Dans certaines législations, notamment antiques, renvoyer sa femme par une décision unilatérale selon des formes légales ou coutumières (par opposition au divorce qui suppose une décision de justice). Répudier sa femme. C'étaient les troupes du roi des Arabes, dont il avait répudié la fille pour prendre Hérodias (Flaub.,Hérodias, 1877, p. 141).Les sceaux des reines ont eu un sort différent: le besoin de les briser était moins impérieux et (...) ils étaient parfois enterrés avec elles (...): on a retrouvé à Saint-Denis celui de Constance de Castille, qu'épousa Louis VII Le Jeune après qu'il eut répudié Aliénor d'Aquitaine (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 402).Empl. subst. Oh! laissez-moi parler! je parlerai plus bas. Je suis encor la reine, et ne l'oublierai pas. Mais demain que serai-je? une herbe balayée Sous les pieds des passants, une répudiée (Quinet,Napoléon, 1836, p. 252). − Plus rarement. Répudier son mari. La loi locale qui permet à la femme de répudier son mari et de lui arracher ses enfans, est manifestement contraire à la loi générale, qui a dit à la femme comme aux enfans: honore le père de la société; car le mari est père, c'est-à-dire, pouvoir, ou chef même à l'égard de la femme (Bonald,Législ. primit., t. 2, 1802, p. 32). − P. ext. Répudier sa maîtresse. Se séparer de sa maîtresse. Si je veux conserver Germaine, il me faut prendre une maîtresse obscure et subalterne (...) et je serai dans dix ans ou isolé, si j'ai répudié cet être inférieur et exigeant, ou, si je l'ai conservé auprès de moi, dominé, trompé, malheureux (Constant,Journaux, 1803, p. 28). B. − DR. [Le compl. d'obj. désigne une succession, un legs] Renoncer à un droit acquis ou à une qualité que l'on possède. Le donataire sera obligé d'accepter ou de répudier cette donation pour le tout (Code civil, 1804, art. 1085, p. 197). C. − P. anal. ou au fig. 1. [Le compl. d'obj. désigne qqn] Synon. récuser, renier, repousser.De nos jours même (...) Jésus n'a pas de plus authentiques continuateurs que ceux qui semblent le répudier (Renan,Vie Jésus, 1863, p. 300). − Empl. pronom. Et comme je me renie et me répudie absolument (Amiel,Journal, 1866, p. 423). 2. [Le compl. d'obj. désigne qqc. de concr.] Rare. Synon. abandonner, rejeter.J'ai trouvé une de ces choses rejetées par la mer (...). Es-tu le jeu de la nature, ô privée de nom, et arrivée à moi, de par les dieux, au milieu des immondices que la mer a répudiées cette nuit? (Valéry,Eupalinos, 1923, p. 100). 3. [Le compl. d'obj. désigne qqc. d'abstr.] Rejeter ce qu'on avait accepté ou admis. Synon. condamner, renier, repousser.Répudier une opinion, une doctrine, un engagement. Ah! combien de fois ce qu'il y a au fond de nous et qui demeure intact répudie ainsi ce que disent nos lèvres, nos yeux et nos gestes! (Green,Journal, 1941, p. 65).Écoutez plutôt ce que je vous propose: si vous répudiez votre crime, je vous installe tous deux sur le trône d'Argos (Sartre,Mouches, 1943, III, 2, p. 96). Prononc. et Orth.: [ʀepydje], (il) répudie [-di]. Ac. 1694, 1718: repudier; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. xiiies. « renvoyer sa femme en vertu d'une disposition légale ou coutumière » (Chron. de Rains, I ds Littré); 2. fin xives. « rejeter ce qu'on avait jusque là admis » (Froissart, Le Tiers volume de l'Hist. et Chroniques, rev. et corrigée par Denis Sauvage, Lyon 1561, chap. XIV, p. 56); 3. 1557 repudier la succession (Proc. verb. des cout. de Rheims, Cout. gén., I, 581, éd. 1604 ds Gdf. Compl.). Empr. au lat. class.repudiare « repousser, rejeter » d'où en partic. en parlant des fiancés ou des maris « repousser », à l'époque impériale; a éliminé un plus anc. repuiier « refuser, repousser quelqu'un » 1174-76 (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 1046). Fréq. abs. littér.: 249. Fréq. rel. littér.: xixes.: 358, b) 308; xxes.: a) 354, b) 350. Bbg. Vaganay (H.). Pour l'hist. du fr. mod. Rom. Forsch. 1913, t. 32, p. 151. |