| RÉPONSE, subst. fém. I. − [Corresp. à question1I] A. − Paroles, écrits, gestes symboliques ou mimiques adressés en retour à ce qui est écrit, dit ou demandé. Ajourner, attendre, donner, faire, recevoir, rédiger une réponse; réponse adroite, affirmative, ambiguë, attendue, brève, catégorique, cavalière, claire, déconcertante, dilatoire, directe, écrite, énergique, embarrassée, évasive, facile, favorable, ferme, glacée, impertinente, incertaine, injurieuse, laconique, négative, orale, positive, précise, prompte, rassurante, satisfaisante, saugrenue, sèche, télégraphique, tranchante; lettre sans réponse; télégramme réponse payée. Je n'ai pas un mot à vous dire, et, si vous voulez même me dicter ma réponse, je la ferai telle que vous le souhaiterez (Musset, Confess. enf. s., 1836, p. 295): 1. Impossible d'obtenir une réponse à ma question: « Pourquoi n'a-t-on pas récolté le manioc en temps voulu? » En général, le « pourquoi » n'est pas compris des indigènes; et même je doute si quelque mot équivalent existe dans la plupart de leurs idiomes.
Gide, Voy. Congo, 1927, p. 752. − En partic. Coupon* réponse. − Expressions ♦ Avoir réponse à tout. Il avait réponse à tout. Quand le juge lui faisait une question embarrassante, son visage restait calme et sa parole assurée, mais ses deux mains, réunies sur sa poitrine, se crispaient d'angoisse (A. France, Dieux ont soif, 1912, p. 151). ♦ Faire réponse (vieilli). « (...) Il ne vous fait même pas réponse quand on lui cause », ajoutait Françoise qui disait « faire réponse », comme Mmede Sévigné (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 23). ♦ Faire les demandes et les réponses. Prêter à son interlocuteur une réponse qu'il n'a pas faite. Il y a dix-huit mois (...) je me choisissais (...) une compagne imaginaire. L'illusion était encore assez forte pour que je pusse faire les demandes et les réponses, sans m'apercevoir que je n'étais pas seul (Delécluze, Journal, 1827, p. 475).Dorothée eut devant elle le cuisinier qui fit les demandes et les réponses, se commandant à lui-même les deux repas de la journée (Jouve, Scène capit., 1935, p. 134). ♦ Réponse du berger à la bergère. V. berger I B 2.La réponse du berger à la bergère ne tarda pas (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 157).Faire, trouver... la réponse du berger à la bergère. Manière de rendre à quelqu'un la pareille. Synon. pop. renvoyer l'ascenseur.Un mauvais sourire point sur son visage, se développe comme une glaciale aurore de décembre, l'éclaire tout à fait... Attention! MmeRezeau vient de trouver la réponse du berger à la bergère. Que va-t-il se passer? (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 259). ♦ Réponse de Normand*. ♦ Pour toute réponse. Vers midi, Pencroff ayant demandé à Cyrus Smith si l'on pouvait le transporter, Cyrus Smith, pour toute réponse, et par un effort qui attestait la volonté la plus énergique, se leva (Verne, Île myst., 1874, p. 70). ♦ En réponse. Monsieur le Président,... etc. Voici la lettre écrite à notre avocat, en réponse au mémoire du ministre (Goncourt, Journal, 1861, p. 905). ♦ Pas de réponse. J'ai écrit depuis 15 jours, au sieur Duquesnel deux fois. Pas de réponse! Je ne sais rien de ce qui se passe à l'Odéon! Ça me chiffonne! (Flaub., Corresp., 1871, p. 298). − P. méton. Lettre écrite pour répondre à une lettre reçue. Gillonne: Une lettre de Sa Majesté la reine de Navarre. Henri: (...) Y a-t-il réponse?... S'il y a réponse, je porterai cette réponse moi-même (Dumas père, Reine Margot, 1847, ii, tabl. 4, 2, p. 53). − Spécialement ♦ BOURSE. Réponse des primes. Dans toute opération à primes, option prise par l'acheteur à terme à la date fixée par le règlement de la Bourse et par laquelle il consolide ou abandonne le marché. Il redoutait surtout la journée du 14, où devait avoir lieu la réponse des primes (Zola, Argent, 1891, p. 340). ♦ MUS. Reprise du sujet dans une fugue. La seconde et la quatrième entrée [du sujet, dans une fugue] prennent le nom de Réponse. Dans certains cas (ce sont les plus nombreux) la réponse diffère légèrement du sujet (...). Si l'on avait toujours ce qu'on nomme la Réponse réelle, elle reproduirait exactement le sujet (Koechlin, Écrit. fugue, 1933, p. 6). B. − Réaction à toutes espèces de sollicitations ou d'attitudes. 1. [La réponse vient d'une pers. ou d'un animal] a) Réaction à une attitude, à un appel. Synon. répartie, réplique, riposte.Réponse prompte. La première réponse de l'enfant à l'amour, à l'hostilité, à la culpabilité, à l'insécurité établira un type de comportement (Choisy, Psychanal., 1950, p. 56). ♦ P. anal. Je déclarai (...) Qu'on ne fait pas au meurtre une bonne réponse En mitraillant des tas de femmes et d'enfants (Hugo, Année terr., 1872, p. 292). − JEUX (bridge). Annonce consécutive à la demande du partenaire, lors de l'ouverture ou du déroulement des enchères, et aux interventions éventuelles de l'adversaire, annonce qui doit être significative dans le code choisi. Votre partenaire a ouvert de 1 à la couleur (...) vous aurez à choisir entre trois sortes de réponses: 1. Le changement de couleur (...). 2. le soutien (...). 3. Une enchère sans atout (Jaïs, Lebel, La Majeure cinquième, 1976, p. 39). − Expressions ♦ Pour toute réponse. Grand-mère nous donnait du chocolat purgatif. MmeRezeau serra les dents et, pour toute réponse, pinça rudement le nez de son fils, qui dut ouvrir la bouche pour respirer (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 53). ♦ En réponse. Les grandes inventions viennent à leur heure; elles demandent pour éclore d'être aidées par un climat favorable, par un appel. L'histoire nous montre qu'elles ne surgissent qu'en réponse à une attente (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 13). b) Réaction d'un système organique excitable, provoquée par un agent étranger à ce système. Réponse allergique, glandulaire, immunitaire, musculaire, nerveuse, réflexe; réponse explicite, implicite. Se heurtant de toutes parts aux hommes et aux choses, l'enfant s'exerce à supporter les excitations sans y apporter une réponse motrice ou émotionnelle immédiate, il apprend à retarder la satisfaction de ses désirs: inhibition et contrôle de soi (Mounier, Traité caract., 1946, p. 147). 2. Au fig. Il est possible que je m'égare un peu, à propos de Degas, vers la Danse, et vers le Dessin. Il ne s'agit point de biographie dans les règles (...). Après tout, la vie de quelqu'un n'est qu'une suite de hasards, et de réponses plus ou moins exactes à ces événements quelconques (Valéry, Degas, 1936, p. 10). 3. [La réponse est donnée par une chose] Réaction à une sollicitation, conséquence d'un phénomène naturel, à une commande, notamment par un mécanisme. Réponse mécanique. Le vent ne se levait pas encore, mais un remous se révélait parmi les verdures les plus légères, comme le plumage des mimosas, et le signal faible lancé par une seule branche de pin recevait la réponse d'une autre branche de pin, qui hochait seule (Colette, Naiss. jour, 1928, p. 30). ♦ Temps de réponse. ,,Temps mis par un dispositif pour « répondre » à une demande ou une incitation (...) [et qui] inclut le temps de transmission des messages aller et retour, le temps écoulé dans une file d'attente de messages, le temps de déroulement de la séquence du programme qui élabore la réponse`` (Ging.-Lauret 1982, s.v. temps). ♦ Unité de réponse vocale. ,,Appareil de sortie des informations, qui communique par haut-parleur ou microphone des données, par sélection d'enregistrements sonores sur un support magnétique ou reconstitution harmonique de la voix`` (Ging.-Lauret 1982, s.v. vocal). II. − [Corresp. à mettre en question (v. question1II B)] Justification, réfutation qu'on oppose aux attaques, aux critiques de quelqu'un, aux défis venant de quelqu'un ou de quelque chose. Trouver réponse à; être à court de réponse. « Ma mère hait madame de Chasteller, » se dit-il. Ce mot était une réponse à tout (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 406).Réponse à l'objection tirée de l'absence de mémoire (P. Leroux, Humanité, 1840, p. 272).Je ne recherchais pas le succès, mais seulement de réaliser les conditions d'une expérience, qui devait apporter des réponses aux questions posées par notre concert à l'École normale de musique (Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, p. 108). ♦ Droit de réponse. Droit pour quelqu'un ayant été mis en cause dans un journal, d'exiger la publication de sa réponse à titre gracieux dans le même journal et au même emplacement. Nous avons reçu, en vertu du droit de réponse, le texte suivant de MeBruno Ryterband, membre du Comité des amis de Pierre-André Albertini (Le Figaro Magazine, 30 mai 1987, p. 110): 2. ... « Monsieur, me dit M. de Sacy, votre réponse paraîtra, si vous l'exigez: vous en avez le droit. Mais je vous préviens franchement que jamais le Journal des Débats ne parlera plus de vous. » Ça serait un trop mauvais marché et je reprends ma lettre. Voilà le droit de réponse dans le journal le plus honorable du temps...
Goncourt, Journal, 1860, p. 699. − DR. ,,Déclaration faite au greffe par le juge ou par l'expert récusé, dans laquelle il s'explique sur les faits allégués par le demandeur en récusation`` (Cap. 1936). − Expressions ♦ En réponse (à). Le gouvernement de Vichy organise, dans les territoires d'Afrique (...) un réseau de postes émetteurs puissants destinés particulièrement à brouiller les émissions d'Afrique française libre. En réponse, nous avons l'intention d'augmenter la puissance de Radio-Brazzaville (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 323). ♦ Avoir réponse à. Il s'emballe avec conviction, jure que l'affaire est magnifique, l'achèvement prochain. Il raisonnait fort bien, ma parole, il avait réponse à toutes les objections (Vogüé, Morts, 1899, p. 288). − P. métaph. Les crimes s'envoyant des fléaux pour réponses (Hugo, Dieu, 1885, p. 94). III. − [Corresp. à question1II A] Solution apportée à une question par la déduction, le raisonnement, la réflexion, le dogme ou la science. Apporter, contenir, demander une réponse; donner la bonne réponse; réponse exacte, fausse, possible; seule réponse. Les objections ont disparu devant la véritable science; mais ceux-là furent grandement sages qui les méprisèrent avant tout examen, ou qui ne les examinèrent que pour trouver la réponse, mais sans douter jamais qu'il y en eût une (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 282).Alors, par le froid et la misère d'une nuit d'hiver, il n'y aura plus qu'à boucler ses guêtres pour chercher dans la mort la réponse définitive, le joint désespérément refusé par la vie, et à disparaître dans un dernier pourquoi (Durry, Nerval, 1956, p. 185). Prononc. et Orth.: [ʀepɔ
̃:s]. Ac. 1694, 1718: response; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 faire response (Benoît de Ste-Maure, Troie, 26339 ds T.-L.); ca 1265 aporter les letres de sa response (Brunet Latin, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, III, 76, 30, p. 396); 1316 rendre response (Geffroi de Paris, Chron. métr., 6256 ds T.-L.); 2. 1563 « réfutation » (Ronsard, Responce aux injures et calomnies de je ne sçay quels prédicans et ministres de Genève d'apr. Cioranescu 16e19.385); 3. 1753 mus. (Rousseau, Dict. mus. ds
Œuvres, éd. Mussay-Pathay, Paris, 1826, t. 15, p. 133); 4. 1867 terme de bourse (D'eichthal, Enq. sur la banque, p. 170 ds Littré, s.v. prime6). Forme fém. tirée de répons*. Fréq. abs. littér.: 7 759. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 11 177, b) 9 859; xxes.: a) 10 594, b) 11 805. |