| RÉGIR, verbe trans. A. − Vieilli 1. Gouverner, diriger. Régir le monde, l'univers. Ceux que le père commun des chrétiens a préposés pour régir l'Église de France (Lamennaisds L'Avenir, 1830-31, p. 194).Quand on songe aux qualités pratiques d'homme d'affaires et au sang-froid de vieux diplomate que doit posséder, pour régir sa communauté, une mère abbesse (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 311). 2. P. anal. Gérer, administrer des biens. Régir des propriétés. Sa fortune, qu'il régissait à merveille (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 294).Androclès aux palais d'Athènes régissait les biens de Criton (Maurras, Chemin Paradis, 1894, p. 181). B. − Usuel. [Le suj. désigne une loi physique, un phénomène naturel] Diriger souverainement, commander, gouverner, régler, déterminer un mouvement, une action. Régir la matière, la nature. Les mêmes lois qui régissent les astres gouvernent ce grain de poussière (A. France, Révolte anges, 1914, p. 104).Une loi aussi fixe, aussi implacable que celle qui régit la chute d'un corps (Bernanos, Mouchette, 1937, p. 1320). − P. anal. Le code rural a régi les ventes et les échanges d'animaux domestiques par la loi du 2 août 1884 (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 243). − [Dans un cont. métaph.] J'en jure par les lois du ciel et de la terre, et par celles qui régissent le cœur humain! l'hypocrite sera déçu dans sa fourberie, l'injuste dans sa rapacité (Volney, Ruines, 1791, p. 23). C. − GRAMM. [Le suj. désigne un terme gramm. ou une unité lexicale] 1. Entraîner la fonction dépendante, subordonnée d'un mot, d'une proposition. Le mot que régit un verbe, une préposition (Ac. 1835, 1878). V. régissant ex. de Bonald. 2. Déterminer, entraîner la forme grammaticale d'un autre mot (mode verbal, cas d'un nom). Synon. gouverner (v. ce mot I B 3).La préposition latine De régit l'ablatif (Ac.1835-1935). REM. Régi, -ie, part. passé en empl. adj. et subst. masc.,gramm. (Mot) dont la forme ou la fonction est régie, gouvernée par le mot régissant. On dit qu'un mot régit ou gouverne (...) un cas ou un mot quand la forme casuelle du mot régi (...), quelle que soit d'ailleurs sa valeur primitive et fondamentale, apparaît dans l'usage comme déterminée par la nature du mot régissant (Mar.Lex.1951, p. 198, s.v. régir). Prononc. et Orth.: [ʀeʒi:ʀ], (il) régit [-ʒi]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. a) 1234 « conduire, gouverner, administrer » (Charte, ap. Aug. Thierry, Mon. du Tiers Etat, IV, 710 ds Gdf. Compl.); b) 1477 réfl. « se conduire » (Puy de l'Ecole de rhétor., 2econgrég., ms. Tournai, f o34, v o, ibid.); ca 1485 « id. » (Mistère Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 33072); 2. a) 1538 gramm. (Marot, Epigrammes, éd. C. A. Mayer, LXXVI, p. 155); b) av. 1780 régissant subst. (Condillac, Art d'écrire, I, 2 ds Littré: le régissant est celui qui détermine le genre, le nombre, la place ou la préposition qui doit précéder un mot subordonné); 3. a) 1580 « déterminer, influencer » (Montaigne, Essais, II, XII, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 451); b) 1655 « servir de règle à » (Bossuet, Oraisons funèbres (Yolande de Monterby), éd. J. Truchet, p. 15, var. note h, p. 415). Empr. au lat.regere « diriger, conduire, mener » avec changement de conjug. (parallèlement à la forme de m. fr. reger ds Gdf.). Fréq. abs. littér.: 756. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 374, b) 920; xxes.: a) 889, b) 1 012. |