| RÉGIMENT, subst. masc. A. − 1. Unité militaire de l'armée de terre, faisant partie d'une division, composée de plusieurs bataillons, escadrons ou groupes, commandée de nos jours par un colonel, et dont tous les hommes appartiennent à la même arme. On donnait des régiments à de jeunes seigneurs incapables de les conduire, parce qu'un gentilhomme ne pouvant faire que le métier des armes, il fallait bien que l'État se chargeât de son existence (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 223).Comme Henriette aidait doucement un soldat tout jeune, l'épaule traversée d'une balle, à retirer sa capote (...), elle remarqua le numéro de son régiment. − Mais vous êtes du 106e! Est-ce que vous appartenez à la compagnie Beaudoin? (Zola, Débâcle, 1892, p. 268). SYNT. État-major, officiers, instructeurs d'un régiment; chant, drapeau d'un régiment; mascotte, musique d'un régiment; détachement d'un régiment; le gros du régiment; commander, passer l'inspection d'un régiment; le régiment se forme, se met en marche, défile, présente les armes, monte au front, en ligne; citation à l'ordre du régiment; [sous l'Ancien Régime] acheter, lever, solliciter un régiment. − [Avec déterm. précisant l'arme, le corps auquel appartient le régiment] Régiment d'infanterie (abrév. R.I.), de cavalerie, d'artillerie, du génie; régiment de canonniers, de chasseurs, de cuirassiers, de dragons, de fusiliers marins, de grenadiers, de hussards, de zouaves; régiment blindé. Tout un régiment du train liquidait ses équipages, chevaux, voitures, harnais, farines (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 424).Nous désirons le transport dans la Métropole, dans le plus bref délai possible, du 4eRégiment de Zouaves (...) et du 1erRégiment de Spahis marocains (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 468). − [Avec détermin. précisant la mission] Régiment de reconnaissance. Une division mécanique comprenant, pour commencer, un régiment de découverte armé d'automitrailleuses et d'auto canons (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 442). − [Sous l'Ancien Régime et au déb. de la Révolution, suivi d'un nom de province, de nationalité ou du nom de son colonel] Régiment du roi, de la reine, du dauphin; régiment de Navarre, de Normandie, du Périgord; régiment suisse; régiment Royal-Cravate (v. cravate étymol.).Nicolas Bastien, brigadier au 3eescadron du régiment de Royal-Allemand en garnison à Paris (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 114).Fortuné de Chassagne, ci-devant noble et officier dans le régiment de Bouillé (A. France, Dieux ont soif, 1912, p. 222).P. plaisant. Un flacon qu'à son goulot surmonté d'un casque argenté on reconnut pour faire partie du régiment de Royal-Champenois (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 150). 2. P. méton., pop., fam. Le service militaire (le régiment étant le corps d'incorporation). Partir au régiment; rentrer du régiment; le temps du régiment; camarade, copain de régiment. Inlassablement, les camarades, coude à coude, se racontaient de ces histoires rebattues de régiment, toutes pareilles, qu'on croirait arrivées dans la même caserne (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 31).V. gaillardise B ex. de Goncourt. B. − P. anal. 1. Groupe de personnes ayant des points communs. Ainsi, l'homme estimable, malheureux dans son intérieur, ou l'homme qui a une femme inconséquente, sont tout bonnement des gens appartenant au régiment de Molière, et ce grand homme, hélas!... y fût capitaine d'état-major (Balzac, Physiol. mariage, 1826, p. 98).Son pantalon, rayé d'une large bande, qui semblait le galon de son grade dans le régiment du dandysme, l'étranglait au genou (MmeV. Hugo, Hugo, 1863, p. 197). 2. [Dans des expr. fam. pour marquer la force, l'importance, l'excès de qqc.] Il y a de quoi nourrir, de quoi tuer un régiment; il fatiguerait un régiment. La baronne, alarmée: Pourquoi ces cris?... Qu'y a-t-il? Saint-Germain: Rien, madame... j'éternue. La baronne: Mais c'est à réveiller un régiment (Labiche, Fille bien gardée, 1850, 15, p. 312).Ces longues galeries, ces escaliers où un régiment passerait à l'aise, ces croisées monumentales ont quelque chose qui me rassure (Green, Journal, 1947, p. 96). 3. Grand nombre. Un régiment de domestiques. Une table servie magnifiquement (...). Des pâtés défilent, un marcassin entier, des pièces de venaison telles qu'on n'en avait jamais vu. Et tout un régiment de bouteilles (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 41).L'immense table supportait un chaos d'assiettes et de bouteilles sales, attaquées par le régiment grondant des mouches noires (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 228). Prononc. et Orth.: [ʀeʒimɑ
̃]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. I. 1. Fin xiiies. (livre donnant des) « règles de vie, de conduite » (Le Département des livres, 45 ds Méon, Nouv. rec. de fabliaux, t. 1, p. 405); 2. 1314 « traitement médical, soins » (Henri de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, 1202) − 1590, Brantôme ds Littré; 3. 1488 [éd.] « direction, gouvernement » ([Simon de Courcy et non J. Gerson, v.
Œuvres de Gerson, éd. Glorieux, t. 7, p. XX], L'Aiguillon d'amour, f o45 v ods Gdf., s.v. regement) − fin xvies., v. Hug. et Gdf. loc. cit. II. 1. 1553 « unité militaire placée sous le commandement d'un colonel » (B. de Fénelon, Mém. ds Petitot, Coll. mém. hist. de Fr., t. 32, p. 276 ds Barb. Misc. 5 n o21: Deux regiments qui venoient de Francfort et de Ratisbonne); 2. 1623 p. ext. « grand nombre » (Ch. Sorel, Francion, p. 154 ds IGLF). I empr. au lat. tardif regimentum « direction, gouvernement », dér. de regimen (v. regime1). II empr. à l'all. Regiment (att. dep. 1546), lui-même empr. au lat. (Kluge). Fréq. abs. littér.: 2 329. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 254, b) 3 350; xxes.: a) 4 155, b) 2 833. DÉR. Régimentaire, adj.Qui appartient, a rapport au régiment. Conseil de discipline, infirmerie, prison régimentaire; camion, voiture régimentaire. Les écoles régimentaires n'ont donné jusqu'ici que de très-médiocres résultats (...). Les moniteurs régimentaires ne voient le plus souvent dans les écoles qu'un moyen de se mettre en relief ou d'échapper aux exigences du service actif (Davout, Réorg. milit., 1871, p. 19).P. ext. Militaire. La sécurité de son regard, le port de sa tête, tout aurait trahi ces habitudes régimentaires qu'il est impossible au soldat de jamais dépouiller (Balzac, Méd. camp., 1833, p. 3).− [ʀeʒimɑ
̃tε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1835. − 1reattest. 1791 (Le Moniteur, réimpr. 1847-63, t. 10, p. 708a ds Fonds Barbier: hôpitaux et infirmeries régimentaires); de régiment, suff. -aire*. − Fréq. abs. littér.: 21. BBG. − Quem. DDL t. 13. |