| RÉCONFORTER, verbe trans. A. − Donner ou redonner du courage, de la force morale, de l'espoir à quelqu'un se trouvant dans une situation pénible, douloureuse. Synon. conforter (vieilli), consoler, encourager, soutenir, stimuler. ♦ [Le suj. désigne une pers.] Un petit vieillard tranquille et souriant (...) réconforte André par des paroles de confiance (Martin du G., Devenir, 1909, p. 196).Devant la tempête menaçante, il dut (...) s'employer à réconforter l'équipage et lui rappeler les règles de la navigation (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p. 107).[P. méton. du compl. d'obj.] Ô Dieu! Ne sois pas sourd, Réconforte mon âme obscure, ta servante (Ch. Guérin, Cœur solit., 1904, p. 171).Que valait une chair esclave de femme amoureuse? Omer rit de sa sottise. Il réconforta sa mélancolie (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 501). ♦ [Le suj. désigne une chose abstr.] Il l'examina, l'ausculta (...). Il écrivit une ordonnance (...). Cette visite réconforta Des Esseintes (Huysmans, À rebours, 1884, p. 277).Vous sentirez le besoin d'une présence qui vous réconforte aux heures de découragement (Montherl., Démon bien, 1937, p. 1236): « Un an, ce n'est pas la mer à boire » disait Pradelle avec agacement. Cette sagesse, loin de réconforter Zaza mettait sa confiance à rude épreuve; pour accepter sans trop d'angoisse une longue séparation, elle aurait eu besoin de posséder cette certitude que souvent elle avait invoquée dans ses lettres mais qui en vérité lui faisait cruellement défaut.
Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 355. − Empl. abs. Cette « moralité de la loi » selon son expression, qui menace et déprime, et à laquelle il oppose (...) la moralité de l'amour et de la grâce qui encourage et réconforte (Traité sociol., 1968, p. 151). − Empl. pronom. réfl. Moi qui ai perdu mon pauvre ami, je me réconforte auprès d'eux [de mes enfants] (Sand, Corresp., t. 5, 1866, p. 124).Ainsi avons-nous jugé bon de nous rassembler aujourd'hui (...) pour nous réconforter nous-mêmes par le spectacle de notre union et nous affermir sur le dur chemin de la lutte pour la patrie (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 628).V. désespérer A 2 ex. de Flaubert. B. − (Re)donner des forces, de la vigueur à une personne affaiblie, fatiguée. Synon. revigorer, remonter, stimuler, ravigoter (fam.), requinquer (pop.), retaper (pop.).Ce qui nous reste à faire est (...) de pousser devant nous jusqu'à ce que nous trouvions des arbouses et des mûres pour notre nourriture (...) et ainsi réconfortés, de nous étendre sur un lit de feuilles (A. France, Barbe-bleue, Mir. Gd St Nic., 1909, p. 67).Les moines composèrent des vulnéraires à base de plantes, destinés à réconforter et à soigner leurs hôtes de passage malades ou blessés (Brunerie, Industr. alim., 1949, p. 83). − Empl. pronom. réfl. Goethe buvait du vin de Rhin; Byron, du rhum (...) il appartenait au seul Bonaparte de se réconforter avec des haricots à l'huile (Mussetds Le Temps, 1831, p. 17).Le cabaretier avait une autorisation de tenir son restaurant ouvert toute la nuit, sous le prétexte d'offrir un endroit pour se réconforter aux voyageurs (Champfl., Avent. MlleMariette, 1853, p. 88). REM. 1. Réconfortabilité, subst. masc.,hapax. Après cette reconfortabilité de toilette, il entra au bal (Champfl., Avent. MlleMariette, 1853, p. 18). 2. Réconfortement, subst. fém.,hapax. Reconnaissant qu'avec lui, il n'y a pas à administrer les paroles de réconfortement qu'on adresse aux imbéciles, nous le quittons navrés (Goncourt, Journal, 1889, p. 975). 3. Réconfortation, subst. fém.,hapax. Il serait d'un haut intérêt, pour l'histoire littéraire et la réconfortation des victimes de la critique des siècles futurs, de donner sur chacun de nos livres les extraits les plus violents (Goncourt, Journal, 1886, p. 620). 4. Réconforteur, subst. masc.Celui qui donne, le protecteur, le réconforteur, le créateur! (Flaub., Tentation, 1849, p. 448). Prononc. et Orth.: [ʀekɔfɔ
ʀte], (il) réconforte [-fɔ
ʀt]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740:; ré-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 trans. « redonner du courage, consoler » (St Alexis, éd. Chr. Storey, 390); ca 1170 réfl. (Marie de France, Lais, éd. J. Rychner, Milun, 154); déb. xves. en soy reconfortant « en cherchant un réconfort » (Quinze joies de mariage, éd. J. Rychner, Prol., 98, p. 3), hapax de sens; 1893 id. « qui constitue un réconfort moral » lecture réconfortante (DG); 2. ca 1170 trans. « redonner des forces physiques » (Marie de France, op. cit.; Deux amanz, 115); 1845 réfl. (Besch.); 1875 adj. breuvage réconfortant; subst. prendre des réconfortants (Lar. 19e). Dér. de conforter*; préf. re-*; cf. lat. médiév. reconfortare (xies. Fulbert de Chartres ds Blaise Latin. med. Aev.). Fréq. abs. littér.: 285. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 93, b) 333; xxes.: a) 586, b) 599. |