| RÉCIT, subst. masc. A. − 1. Présentation (orale ou écrite) d'événements (réels ou imaginaires). a) Action de rapporter des événements. Le récit d'une action; donner, exposer, faire un récit; être attendri au récit d'un malheur. J'épargnerai au lecteur le récit de toutes les phases de mon désespoir à l'église paroissiale de Saint-Hugues (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 52): Un jour vint aussi où ma grand'mère se rendit; mais nous n'y sommes point encore, et j'ai à raconter bien des douleurs avant d'en venir à cette époque de mon récit.
Sand, Hist. vie, t. 1, 1855, p. 410. b) Propos rapportant des événements. J'ai imaginé, reprenait Copeau, que tout pourrait se passer dans un même lieu, grâce à un récitant qui n'apporterait des faits eux-mêmes que le récit, que le reflet (Gide, Ainsi soit-il, 1951, p. 1167). SYNT. Récit détaillé, fidèle, horrible, infidèle, mensonger, monotone, succinct, véridique. 2. Spécialement a) LITT.
Œuvre littéraire narrant des faits vrais ou imaginaires. Lorsque le Dauphin entra dans Paris, un bourgeois, selon le récit de Christine de Pisan, s'approcha et lui adressa des menaces (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 100).Il me semble pourtant qu'en meilleur état de santé j'aurais su (...) l'incorporer mieux dans la trame du récit (Gide, Journal, 1924, p. 796). ♦ [Suivi d'un adj. ou d'un compl. déterminatif, précisant le type, le genre, le sujet de la narration] Récit champêtre, historique, fantastique, merveilleux, poétique. C'était pendant des heures des récits homériques de batailles (Zola, Débâcle, 1892, p. 58).Les récits chevaleresques ont agi très vivement sur quelques-uns des mystiques espagnols (Barrès, Cahiers, t. 12, 1919, p. 73). − [Dans la tragédie class.] Narration détaillée que fait un personnage d'événements passés qui ne sont pas représentés sur scène mais qui sont importants pour le déroulement du drame. Le récit des Horace, de Théramène. Le poète est obligé de placer un long récit dans la bouche d'un de ses personnages, uniquement pour informer le spectateur d'un fait antérieur, et dont la connaissance lui est nécessaire (Stendhal, Racine et Shakspeare, t. 1, 1823, p. 18).Tout le drame, se passe dans la coulisse (...). Au lieu de scènes, nous avons des récits (Hugo, Préf. Cromwell, 1827, p. 21). b) LING. [P. oppos. à discours] Texte où dominent la troisième personne et les temps du passé. Les analyses du récit actuelles, qui s'inspirent de l'examen auquel ont soumis, Propp, les contes populaires, et Lévi-Strauss, les mythes, s'accordent pour identifier, dans tout récit minimal, deux attributs d'un agent au moins, apparentés mais différents (Ducrot-Tod.1972, p. 378). B. − MUSIQUE 1. [Dans la mus. anc. (aux xvieet xviies.)] Récitatif. On peut citer comme exemples de finales ornées (...) dans le genre vocal, l'admirable récit du reniement de Saint Pierre (D'Indy, Compos. mus., t. 1, 1897-1900, p. 68).Solo vocal ou instrumental. Récit de soprano (Mus.1976).Le récit pour voix de basse fut enfin trouvé (Prod'homme, Symph. Beethoven, 1921, p. 398).Un récit très court mais saisissant du violoncelle-solo (Marliave, Quat. Beethoven, 1925, p. 71). 2. Clavier de l'orgue placé au-dessus du positif et destiné à mettre en relief une partie de solo. On peut se servir à la rigueur d'une Bombarde de Récit, sans ouvrir complètement la boîte expressive (Dupré, Improvis. orgue, 1925, p. 12). Prononc. et Orth.: [ʀesi]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. 1498 « relation d'un événement » (G. Cretin,
Œuvres Poétiques, éd. Chesney, LXXV, 37 ds Fonds Barbier); 2. 1660 « dans l'art dramatique, exposé détaillé fait par un personnage, d'un événement important » (Corneille, Discours du poëme dramatique, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 1, p. 46); 3. a) 1671 mus. « ce qui est chanté par une voix seule » (Pomey); b) 1705 « ce qui est joué par un instrument seul » (Brossard); c) 1768 « partie qui, dans une symphonie, exécute le sujet principal » (Rousseau); d) 1904 « l'un des claviers de l'orgue » (Nouv. Lar. ill.). Déverbal de réciter*. Fréq. abs. littér.: 4 849. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7 918, b) 6 065; xxes.: a) 6 050, b) 6 977. Bbg. Hamon (Ph.). Analyse du récit. Fr. mod. 1974, t. 42, n o2, pp. 150-151. |