| QUIÉTUDE, subst. fém. A. − 1. Littér. Tranquillité profonde (de l'âme, de l'esprit, du cœur). Anton. inquiétude, trouble.Aimable, douce, grande quiétude; quiétude parfaite, profonde; molle quiétude; quiétude béate. Personne n'a répandu dans ma vie plus de quiétude; chose dont j'ai grand besoin. Les moments les moins troublés de mon existence sont ceux que j'ai passés à Noisiel, chez cette femme dont les paroles et les sentiments n'entraient dans votre âme que pour y ramener la sérénité (Chateaubr.,Mém., t. 2, 1848, p. 585).Ataraxie, pensait-il, indifférence, quiétude, ô sérénité voluptueuse! Qui des hommes vous appréciera? On s'agite, on lutte, on espère, quand une seule chose est précieuse: savoir tirer de l'instant qui passe toutes les joies qu'il peut donner (Louÿs,Aphrodite, 1896, p. 239): 1. Quel calme en lui-même! Quelle quiétude! Ses gestes étaient plus amples, ses pas plus lents. Il allait sur la passerelle comme s'il ne devait jamais la quitter. Quarante ans de mer! Tous ceux qui l'avaient accompagné dans sa course! Maintenant il était seul...
Peisson,Parti Liverpool, 1932, p. 233. − Loc. En toute quiétude, dans la quiétude. En toute tranquillité, dans la tranquillité; sans s'inquiéter, sans être dérangé. Le 16, on continuera de vivre sur l'inspiration et dans la quiétude (Foch,Princ. guerre, 1911, p. 227).[Une découverte] permettra à l'Allemagne de préparer, en toute quiétude, deux guerres contre la France (P. Rousseau,Hist. techn. et invent., 1967, p. 325). 2. État de quelque chose qui offre une impression de calme, de tranquillité; absence d'agitation, de mouvement, de trouble. Il convient d'apprécier ses progrès [du désarmement économique] par référence aux cataclysmes vécus par la génération précédente, bien plus que par rapport à la quiétude de la période libre-échangiste (Univers écon. et soc., 1960, p. 38-13).Rappelons-nous l'état des routes européennes au XVIeet au XVIIesiècle, qui disloquait les voitures, crevait les chevaux et tuait les voyageurs (...). Et imaginons, par contraste, la douceur, le silence, la quiétude, la sécurité de la voie d'eau (P. Rousseau,Hist. transp., 1961, p. 195): 2. ... peut-être se lassait-on de ce vertige à la longue, et les soirs où l'on ne désirait rien que le repos et la tranquillité, où retrouver la quiétude des champs et des bois, la caresse de la première brise fraîche, venant du nord-ouest après le coucher du soleil, et la paix infinie de la campagne s'endormant tout entière dans le silence?
Hémon,M. Chapdelaine, 1916, p. 248. B. − [Dans la lang. mystique] Paix de l'âme qui renonce à son activité propre pour s'anéantir en Dieu. Tristesse des dérangements de l'après-midi d'hier. Oh! que le repos de Dieu est meilleur! (...) Le silence, le repos même de la pensée: requiescere. La quiétude, voilà le grand besoin de mon âme (Dupanloup,Journal, 1851, p. 136).Le quiétisme de Fénelon se rapproche de la quiétude, dont il sort; parce que la méditation droite du bouddhisme conduit l'intelligence à la quiétude voisine du nirvana (Vigny,Journal poète, 1859, p. 1347). ♦ Oraison de quiétude. Comment s'étonner (...) de ne pas comprendre l'action surnaturelle qui produit l'oraison de quiétude, si l'on admet, comme il le faut bien, que les racines de la prière la plus commune plongent, pour ainsi parler, dans le mystère? (Bremond,Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 504). Prononc. et Orth.: [kjetyd]. V. quiet. Ac. 1694-1740: quietude; dep. 1762: quié-. Étymol. et Hist. 3equart xves. (Georges Chastellain, Advertissement au duc Charles ds Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 7, p. 296). Empr. au b. lat.quietudo, -inis « repos » att. ds le Glossarium Cyrillianum, dér. de quies, quietis « id. »; cf. l'a. fr. quieté « tranquillité » 1155 (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 3359) − 1421 ds Gdf., quietacion « id. » fin xives. chez Eustache Deschamps (éd. Queux de Saint-Hilaire, t. 3, p. 129 et G. Raynaud, t. 9, p. 205) et quitement « id. » (Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 2794). Fréq. abs. littér.: 246. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 124, b) 341; xxes.: a) 544, b) 429. |