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QUESTIONNER, verbe trans.
A. − Poser une/des questions à quelqu'un. Synon. interroger.Questionner un inculpé, un prévenu, un tiers; questionner habilement, minutieusement, sans cesse; questionner sur qqn, sur qqc. Elle la questionna d'une voix tendre, elle la supplia d'être franche, de lui avouer les causes de cet ennui qui la pliait (Zola, Th. Raquin, 1867, p. 122).Un mort, il est vrai, ça s'expliquerait déjà plus aisément que cinq morts. Mais il vaut mieux éviter toutes les questions. Car, quand on est questionné, on s'embrouille facilement. La contradiction et les méfaits apparaissent de tous côtés (Michaux, Plume, 1930, p. 154):
1. On a beaucoup exagéré la publicité donnée aux questions extérieures dans le parlement britannique. D'abord, les orateurs qui y questionnent le gouvernement y sont presque toujours en accord tacite ou formel avec lui; de plus, les réponses publiques du cabinet responsable n'ont souvent qu'une relation éloignée avec la vérité des faits et des tendances... Maurras, Kiel et Tanger, 1914, p. 194.
Empl. intrans. Exprimer une interrogation. Questionner des yeux. Mais, puisque nous en sommes à rappeler le passé, à mon tour de questionner (Dumas père, Lorenzino, 1842, i, 13, p. 215).C'est-il gratis? questionna Angélina (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 216).
Empl. pronom. Se poser des questions. Se questionner l'un l'autre. Je te remercie de ton silence. L'observant, tu fis aux dieux et à ma pensée le sacrifice le plus dur. Tu as consumé ta curiosité, et immolé ton impatience à mon âme. Parle maintenant librement, et si quelque désir te reste de m'interroger, je suis prêt à répondre, ayant achevé de me questionner et de me répondre à moi-même (Valéry, Eupalinos, 1923, p. 50).
P. anal. Poser une question à quelque chose. Son attention à évaluer le boudoir s'expliquait: il était parti de l'éléphant doré qui soutenait la pendule pour questionner ce luxe (Balzac, Interd., 1836, p. 163):
2. La campagne se prête à toutes les divagations du rêve. On questionne bien tranquillement le ruisseau, l'arbre, les grandes luzernes: ils ne répondent pas et ce qui dégoûte des hommes, c'est qu'ils veulent toujours répondre aux questions qu'on leur pose. Chacun nous offre une certitude, une solution: c'est désolant. Renard, Journal, 1889, p. 33.
B. − Vx. Soumettre à la question (v. question2). Synon. torturer.Oh! oh! motus, dit-il [le geôlier] après avoir regardé au dehors; voilà M. Nonclair et son greffier. À ton poste, mon enfant; la chambre à questionner tient au greffe (Balzac, Œuvres div., t. 1, 1830, p. 292):
3. Nous avons la question, Monseigneur. Albe. J'y compte bien!... Par exemple, ce Comte de Rysoor l'âme du complot... Allez dire à Maître Charles, que celui-là, dût-il expirer sur le chevalet,... j'entends qu'il soit questionné de main de maître!... et, si les vieux moyens sont impuissants,... qu'il en invente! Sardou, Patrie!1869, IV, 6etabl., 1, p. 133.
REM.
Questionnement, subst. masc.,,Fait de poser un ensemble de questions sur un problème; ensemble de ces problèmes`` (Rob. 1985). On peut dire qu'une question est un obstacle, une difficulté, une exigence de choix, donc un appel à une décision. On décide d'une question en y répondant. Cela implique qu'il n'y a pas de question sans réponse (...). Question, donc processus de questionnement, c'est-à-dire dynamique d'un passage résolutoire (M. Meyer, Log., lang. et argumentation, Paris, Hachette, 1982, p. 125).
Prononc. et Orth.: [kεstjɔne], (il) questionne [-jɔn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1190 « poser des questions (à quelqu'un) » (Renart, éd. M. Roques, branche XI, 12099: Et je si le questionai, De gramaire li demandai); 2. 1321 « soumettre à la torture de la question » (Extraits du Secundus Liber Jornalis Camere, 6 août ds Notices et extraits des mss de la B. N., t. 40, 1916, p. 254). 1 dér. de question1*; 2 dér. de question2*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 1 278. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 224, b) 1 936; xxes.: a) 2 508, b) 1 841. Bbg. Schmidt-Radefeldt (J.). La Struct. sém. des verbes interr. In: Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 13.1971. Québec, 1976, t. 1, p. 823.